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Sihem Souid invitée de RMC
Ex-adjointe de la sécurité et auteure d'un livre très critique sur la police, Sihem Souid a dénoncé mardi une affaire de viol dans un commissariat parisien. Alors qu'elle attend toujours la décision du ministre de l'Intérieur Claude Guéant concernant son avenir professionnel, elle a tenu à évoquer le sexisme et ses dérives au sein de la police.
Sihem Souid n'a pas la langue dans sa poche. C'est pour cette raison que Les Grandes Gueules, sur RMC, l'ont invité mardi 21 juin. Ex-adjointe de la sécurité à la Police aux frontières (PAF), elle est connue pour avoir dénoncé les manquements et les dérapages de la police française. Bavures, homophobie, racisme ou encore sexisme sont autant de choses qu'elle raconte dans son livre Omerta dans la police, paru en octobre 2010.

Cette semaine, elle remet le couvert en déclarant sur les ondes de RMC qu'il y a eu "des viols entre collègues" dans un commissariat de Paris, sans préciser lequel. Elle ajoute que l'affaire "a été étouffée" et que "les victimes ont été mutées".

Suite à ces affirmations, le préfet de police Michel Gaudin a déclaré jeudi avoir saisi l'inspection générale des services, "la police des polices", pour mener une enquête. De son côté, Nicolas Comte, secrétaire général d'Unité police SGP-FO (syndicat), compare cette affaire au cas Luc Ferry, qui a récemment évoqué l'implication d'un ancien ministre français dans une affaire de pédophilie. "Soit elle a des preuves, il faut le dire et le produire, soit elle n'en a pas et elle se tait", déclare-t-il.


C'est peu dire que Sihem Souid dérange. La publication de son best-seller lui a déjà valu en décembre une suspension de ses fonctions pendant quatre mois pour "manquement à son devoir de réserve". Le 24 mai 2011, le conseil de discipline de police s'est à nouveau réuni et a recommandé une exclusion temporaire de fonction de 18 mois. Maintenant, seul Claude Guéant peut confirmer ou non cette proposition.

Son exclusion, un enjeu politique

La validation de ce genre de sanction se fait normalement sous un délai de 15 jours. Mais cette affaire s'avère délicate en raison du nombre croissant de défenseurs de la jeune femme. "J'ai beaucoup de soutiens. Claude Guéant n'a pas encore pris sa décision car il y a une grande pression politique, tous partis confondus".

Dans un communiqué publié lundi, le porte parole du Parti socialiste Benoît Hamon a demandé à Claude Guéant "de cesser de s'acharner sur Sihem Souid, en renonçant à lui interdire d'exercer son métier et de s'employer enfin à combattre les discriminations partout dans la société française, y compris dans la police". Aussi, la Ligue des droits de l'homme (LDH) lui rend "hommage pour son courage, sa ténacité et sa volonté de faire respecter les principes."

Et d'ajouter que le ministère de l'Intérieur ferait mieux de "consacrer du temps à parfaire la formation des fonctionnaires pour renforcer chez eux la légalité républicaine, plutôt que de le perdre dans une insupportable protection de faits délictueux".

Pour l'instant, les auditions pour l'enquête commencent vendredi et Sihem Soui risque à tout instant l'exclusion de ses fonctions. "Je ne suis pas très confiante", nous explique-t-elle. "Mais j'espère que cette affaire pourra faire changer les choses et ainsi éviter que l'on étouffe à nouveau ce genre d'affaires", conclut-elle.