Ou une illustration de la passe d'armes entre Elon Musk et Thierry Breton, commissaire européen qui régit le Digital Service Act.
Le défi a été lancé : place maintenant au duel.
Ruddy kiss myass
© F. Froger / Z9 pour France-SoirFact Checkers contre Zoé Sagan, Breton contre Musk
Vous étiez peut-être déjà au courant, je viens moi de le découvrir. En réponse au #NoTwitterDay, boycott de X (anciennement Twitter) durant toute la journée du vendredi 27 octobre, qui a été demandé par Rudy Reichstadt, Julien Pain et Tristan Mendès France, Zoé Sagan (qui se décrit comme la première intelligence artificielle féminine du XXIe siècle et l'instigatrice d'un nouveau genre littéraire : Not-Fiction) a lancé le #RudyKissMyAss, le hashtag qui veut faire réagir tous ceux qui trouvent cette initiative pour le moins incongrue : des « journalistes » appelant à la censure.

Incongrue et paradoxale dans la mesure où X est la plate-forme sur laquelle ils sévissent quotidiennement concernant leur projet de « solution finale » de la liberté d'expression et de celle d'opinion (voir à ce sujet mon édito précédent).

Ce duel faisait déjà l'objet de très nombreux commentaires sur la toile avant le jour J, et notamment sur X. Constatons sans prendre parti que le #RudyKissMyAss a l'avantage avec à 18 heures le 27 octobre, pas loin de 250 000 tweets pour RudyKissMyAss et moins de 65 000 pour NoTwitterDay.

Comment pourrait-il en être autrement ?

Étant donné qu'au contraire des partisans du #RudyKissMyAss, Rudy Reichstadt, Julien Pain, Tristan Mendès France et Cie ayant eux leurs tribunes à la télévision et dans d'autres médias nationaux (radios et journaux) pareillement subventionnés, le combat reste inéquitable. Tout cela sans que l'on comprenne véritablement les motivations derrière leur initiative. Dans les faits, on ne sait pas comment ces personnes prouveront qu'elles n'ont pas consulté Twitter. D'où mes questions, qui sont restées sans réponse.

Ah ça, on aurait de loin préféré un duel à l'ancienne : à armes égales, au mousquet (1). Ou sa version moderne, un débat, auquel ces personnes se refusent de se prêter.

Mais qu'importe que Rudy Reichstadt et consorts ne respectent pas les règles, et que ce dernier soit parti avec le fonds Marianne (2), d'après elle, sans qu'il l'ait dit à Marlène Schiappa. Si l'on en croit la demande du Sénateur Houpert, il reviendrait à une commission d'enquête de s'assurer du bon usage des deniers publics de la Dilcrah avec 100 millions de dotation ou du CNC (Centre National du Cinema) qui lui a 700 millions. L'opacité étant de mise, il devient souhaitable que le Sénat se saisisse de faire transparence d'une manière aussi professionnelle qu'il a été fait en juin 2023 pour le fonds Marianne.

Le fonds Marlène Schiappa est peut-être l'arbre qui cache la forêt

Atténuée qu'elle est par un parisianisme complètement déconnecté de la réalité du terrain, l'intelligence atténuée de ces censeurs patentés ne peut rien, à terme, contre l'intelligence de Zoé Sagan. Cette dernière prend de plus en plus la forme d'une intelligence augmentée chaque jour davantage par la masse de ceux qui, arguments factuels irréfutables à l'appui, viennent apporter de l'eau à son moulin. Son « Jean Moulin » devrais-je dire, objectivité journalistique oblige, si, impartialité qui doit toujours primer, je ne m'interdisais pas de dire « kicéki » a raison et « kicéki » a tort dans cette affaire.

Pourquoi ? Parce que pendant que Rudy Reichstadt et ses amis, eux, font la moue, Zoé Sagan, elle, est en train de faire sa mue. Elle montre une influence grandissante qui, si elle continue ainsi de croître exponentiellement, aura tôt fait d'imposer, dans la réalité, cette réplique majuscule que Francis Blanche, alias Maître Folace, a léguée à la postérité, dans la plus fabuleuse fiction qui soit en la matière selon mon beau-frère, Les Tontons Flingueurs, tirade éructée là en réponse à ceux qui dans le film dénigrent « Jo le Trembleur » (un personnage très alambiqué) :
« Voilà pourquoi je me permets d'indiquer à certains salisseurs de mémoire qu'ils feraient mieux de fermer leur claque-merde ! »
Voilà

Et oui, ce duel entre #RudyKissMyAss et #NoTwitterDay est bien plus important qu'il ne le paraît de prime abord. Il traduit le bras de fer qui s'exerce entre un Elon Musk qui s'évertue à libérer la parole sur X, en améliorant le débat contradictoire et la vérification de l'information avec les Community Notes (service qui permet aux utilisateurs de décrire si une information est utile, sérieuse ou pas) et un Thierry Breton qui veut contraindre X à se conformer aux règles du Digital Service Act entré en action fin août 2023.

Et puisque nous sommes en démocratie, toujours sans aucun parti pris, cela ne serait-il pas justice ? Après tout, Zoé Sagan s'emploie à montrer que le pouvoir est aux lecteurs. Alors qu'à l'inverse, Rudy Reichstadt et ses comparses veulent le donner... à un Thierry Breton qui désire réduire la liberté d'expression.

Pour Breton, c'est « Power to a few non elected » (« Le pouvoir à un petit groupe non élu »). John Lennon avait rêvé et chanté « Power to the people » Elon Musk l'a fait : Power to the readers. Eh oui, l'information libère !
Note :

(1) Le Duel : une passion française,1789-1914 et le film Duel.
(Article publié le 27 octobre)