La Banque du Canada a publié le 29 novembre les résultats d'une vaste consultation sur le sujet.
Dans son enquête de consultation publique auprès de 89.423 participants, 85 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles n'utiliseraient pas de dollar canadien numérique. Douze pour cent ont déclaré qu'ils l'utiliseraient « éventuellement », tandis que 3 % ont déclaré ne pas savoir.
À la question « Y a-t-il des circonstances dans lesquelles vous préféreriez utiliser un dollar canadien numérique plutôt que vos méthodes de paiement actuelles ? », les répondants ont répondu « Non » à 92 %.
Ces résultats ont été inscrits vers le bas du rapport de consultation publique de la Banque du Canada. Juste en dessous, la Banque indique les conseils reçus de la part des répondants.
Elle indique que 79 % des personnes interrogées pensent qu'une réglementation devrait être mise en place pour obliger les commerçants à accepter l'argent liquide comme mode de paiement.
Une majorité (60 %) a également déclaré ne pas faire confiance à la Banque du Canada pour prendre en compte les commentaires des citoyens concernant la monnaie numérique de banque centrale, et 82 % ont déclaré que la Banque ne devrait même pas faire de recherches sur la monnaie numérique.
« Notre responsabilité est de veiller à ce que le système de paiement canadien soit prêt pour l'économie de demain », a déclaré la première sous-gouverneure Carolyn Rogers dans un communiqué de presse accompagnant la publication des résultats de la consultation.
« La façon dont les gens paient et utilisent l'argent est en train de changer. Si les Canadiens décident qu'un dollar numérique est nécessaire, nous avons l'obligation d'être prêts. »
La consultation en ligne a été organisée en collaboration avec Forum Research et s'est déroulée du 8 mai au 19 juin. Elle était ouverte aux résidents canadiens âgés de 18 ans et plus.
Un dollar numérique, ou MNBC, est une monnaie virtuelle émise par les banques centrales. Les critiques ont fait état de problèmes de sécurité et de protection de la vie privée concernant la capacité des gouvernements à suivre chaque transaction effectuée avec une monnaie numérique.
Dans son communiqué de presse, la Banque du Canada indique que les commentaires reçus lors des consultations montrent que les Canadiens veulent continuer à détenir de l'argent liquide et qu'ils craignent que la monnaie numérique ne porte atteinte à leur vie privée et à leur sécurité.
Elle précise également que les commentaires mentionnent que la monnaie numérique « devrait être facilement accessible » et « ne devrait pas accroître les risques pour la stabilité financière ».
Outre les consultations publiques, la Banque du Canada a également organisé des groupes de discussion et des consultations avec des membres du secteur financier et des groupes de la société civile.
« La plupart des participants n'étaient pas convaincus qu'un dollar canadien numérique offrirait des avantages importants », a écrit la Banque au sujet de son engagement avec les institutions financières.En ce qui concerne l'engagement avec les groupes de la société civile, la Banque indique que plusieurs participants ont mentionné que les Canadiens « marginalisés » n'ont pas une grande confiance dans le gouvernement ou les institutions financières.
« Ces participants ont également déclaré que la conception d'un dollar numérique devrait trouver un équilibre délicat entre la protection de la vie privée et la sécurité », selon le compte-rendu de la Banque.Lors d'une conférence donnée le 22 novembre, on a demandé à Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada, quand les Canadiens pourraient voir un dollar canadien numérique.
« Les billets de banque et l'argent liquide ne disparaîtront pas. Les Canadiens aiment utiliser l'argent liquide et ils pourront continuer à le faire », a déclaré M. Macklem à la Chambre de commerce de Saint John. Il a ajouté que la décision de mettre en œuvre la monnaie numérique est entre les mains du Parlement, mais que la Banque du Canada se prépare à l'éventualité de son adoption.
Ici, il s'agit de centraliser toutes les transactions pour pister chaque personne. Et de pouvoir contraindre certains usages, un peu à l'image du chèque resto, qui représente de l'argent, mais que l'on ne peut pas utiliser pour n'importe quoi.