
« Nous pouvons et allons gagner la prochaine élection générale »
Et elle a ravi - de justesse - au Labour du Premier ministre Keir Starmer (centre gauche) un siège de député à Runcorn, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Le parti de Nigel Farage a réussi à rassembler les électeurs qui avaient voté le Brexit en 2016, selon Le Figaro. Les classes populaires du nord de l'Angleterre, victimes de la mondialisation et les élites du sud du pays, avec la bourgeoisie patriote qui rejette le centre gauche, ont fait alliance.
La défaite du Labour à Runcorn est « décevante », a admis le Premier ministre Keir Starmer, qui a pris ses fonctions en juillet. Mais le gouvernement est déterminé à aller « plus loin et plus vite » dans ses réformes, a-t-il ajouté.

Elle confirme la montée en puissance du parti, qui avait déjà réalisé une percée aux législatives de juillet en obtenant ses cinq premiers députés.
« C'est le meilleur résultat atteint par un parti populiste de la droite radicale dans le pays », souligne Tim Bale, professeur de politique à l'université Queen Mary de Londres.
« Rendre au Royaume-Uni sa grandeur »
Omniprésent sur les réseaux sociaux, volontiers provocateur, Nigel Farage s'en prend aussi bien aux travaillistes qu'aux conservateurs qui dominent la vie politique depuis des décennies. Et déploie sa rhétorique anti-immigration de masse, y voyant la cause du déclin économique du Royaume-Uni et du piètre état des services publics.
À l'image de son « ami » Donald Trump, Nigel Farage pourfend les impôts, les dépenses publiques et martèle qu'il « veut rendre au Royaume-Uni sa grandeur ».
Et ça marche. Reform attire les déçus des deux grands partis et arrive régulièrement en tête des intentions de vote dans la perspective d'un scrutin national.
Peter Sherliker, retraité de 70 ans vivant à Runcorn, le trouve « inspirant ». Après 30 ans chez les conservateurs, il a voté Reform, « très inquiet » du niveau d'immigration et désireux d'« un changement ».
Le parti, qui revendique plus de 225.000 membres, est celui qui a investi le plus de candidats pour le scrutin local, souligne Paul Whiteley, chercheur en sciences politiques à l'université d'Essex.
Nigel Farage a été omniprésent, surtout dans les zones rurales, les petites villes et les anciens centres industriels.
« Nous en avons marre de la manière dont nous sommes traités. Notre situation se dégrade », se plaint Gillian Brady, soignante de 59 ans également rencontrée à Runcorn, citant la hausse des impôts, l'immigration et les difficultés pour se soigner.
Reform attire aussi en affirmant vouloir défendre une identité britannique qu'il juge menacée, mettant par exemple en avant des affaires retentissantes de réseaux pédocriminels majoritairement organisés par des hommes d'origine pakistanaise.
Prouver « à tout le pays que nous sommes sérieux »
Il ne s'agit plus seulement d'un parti de protestation, estime Russell Foster, professeur de sciences politiques au King's College : beaucoup considèrent qu'il est « leur seule option » face aux problèmes du pays.
Au point de causer la disparition des Conservateurs ? Représentants de la droite traditionnelle depuis 200 ans et longtemps au pouvoir, ils ont connu jeudi une nouvelle débâcle. Ces derniers mois déjà, certains de leurs élus ont quitté le navire pour Reform, comme la nouvelle maire du Lincolnshire, Andrea Jenkyns.
Nigel Farage a jugé que c'était « fini » pour eux et rejette toute future alliance.
Mais « le plus dur commence », reconnaît Martin Murray, nouvel élu dans le Staffordshire et coordinateur local de Reform. Entre deux acclamations, il appelle ses troupes à « montrer leur compétence, car cela prouvera à tout le pays que nous sommes sérieux ».
La percée de Reforme UK dynamite ainsi le système bipartisan en Angleterre, établi pour avantager les partis en place - parti conservateur et parti travailliste, analyse Le Figaro.
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