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© Reuters/Charles Platiau
L'Express est allé rechercher le chapitre inédit d'Erreurs avouées (publié ici en intégralité), le livre pour lequel Tristane Banon avait rencontré DSK et dont l'entourage de l'ex-directeur du FMI avait obtenu le retrait. L'ancienne éditrice de Tristane Banon chez Anne Carrière, Véronique de Bure, témoigne pour la première fois sur le making-of de ce chapitre polémique et évoque l'agression dont la jeune femme dit avoir été victime.

"J'ai fait la connaissance de Tristane Banon au stade de son manuscrit d'Erreurs avouées (lire des extraits). Vers la fin du mois d'août 2003, j'ai vu arriver cette jeune femme, mignonne, habillée très tendance, fluette, très peu sûre d'elle et de ma réaction à ce qu'elle avait écrit. Elle pigeait alors à Paris Match et elle avait absolument voulu décrocher cette interview avec DSK qui représentait un nom, un politique important.

Je lis donc le fameux chapitre sur lui, qui n'est en effet pas du tout méchant, dans lequel elle ne raconte aucune agression mais une opération séduction. On le voit répondre à côté de ses questions, avec une obsession: se rapprocher d'elle. Je me dis, au final, qu'on va garder ce chapitre pour son côté un peu piquant. Nous en parlons toutes les deux et à un moment, elle me glisse cette phrase: "Et encore, je n'ai pas tout raconté..." Et en effet, elle me racontera un peu plus tard, avant la parution du livre, cet épisode qu'elle a vécu comme un véritable traumatisme. Tristane Banon ne me l'a alors pas du tout raconté comme elle l'a fait lors de l'émission d'Ardisson, sur un ton plus détaché.

Une fois, alors que nous étions quelques-uns à prendre un verre au bar de la maison d'édition et qu'une personne évoquait l'épisode sur le ton de la rigolade, je l'ai vue se fermer, elle avait l'air très mal, et elle est partie en courant. Je l'ai retrouvée en pleurs dans l'escalier, dans un état épouvantable et il a fallu que je la calme.

Le chapitre a été retiré à la suite d'un coup de fil à la maison d'édition et d'un RV demandé. Le nom de DSK a aussi été retiré de la couverture. Mais à l'inverse de ce qui est écrit dans le livre de Michel Taubmann, citant un conseiller de DSK qui dit qu'il a demandé à l'éditeur d'enlever l'interview de Strauss-Kahn et de changer la couverture du livre où son visage apparaissait, il n'avait jamais été question de mettre la photo des interviewés sur la couverture... Depuis le début, Tristane voulait que l'on y mette celle de sa main.

A la lecture du chapitre du Roman vrai de Dominique Strauss-Kahn sur Tristane Banon, j'ai été sidérée. Ce livre laisse clairement entendre qu'il n'y a pas eu d'agression parce qu'il n'y a rien dans ce chapitre. La raison en est simple: ce n'est pas quelque chose que l'on écrit dans un livre, ce n'était pas le propos, et nous-mêmes, au sein de la maison d'édition, nous n'aurions jamais laissé passer une telle bombe dans un livre aussi léger ! Par ailleurs, le livre est sorti quelques mois après l'épisode qu'elle raconte et elle en était restée très perturbée."

Verbatim
Lire le témoignage exclusif de l'éditrice de Tristane Banon, Véronique de Bure.