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MONTRÉAL, le 25 août 2011 - Le cerveau des personnes âgées n'est pas plus lent, mais plus avisé que celui des jeunes, ce qui lui permet d'atteindre un niveau de performance équivalent selon une étude menée à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal par le Dr Oury Monchi et son étudiant, Dr Ruben Martins, affiliés à l'Université de Montréal.
« Le cerveau âgé a acquis de l'expérience et sait qu'il ne sert à rien de se mettre en action trop tôt. On savait déjà que le vieillissement n'est pas nécessairement associé à une perte significative des fonctions cognitives. Le cerveau des plus âgés peut, pour certaines tâches, réaliser les mêmes performances à peu près aussi bien que celui des plus jeunes, » a déclaré Dr Monchi. « Maintenant, nous avons des indications neurobiologiques qui expliquent qu'en vieillissant vient également la raison, et que le cerveau apprend à mieux répartir ses ressources. Bref, notre étude montre que Lafontaine avec son lièvre et sa tortue avait drôlement raison et que l'adage voulant qu'il ne sert de courir, mais qu'il vaut mieux partir à point, caractérise fort bien le vieillissement. »
Le but initial de l'étude était d'explorer les chemins par lesquels est traitée l'information dans le cerveau lors de la planification et la réalisation de tâches d'appariement de règles lexicales, notamment lorsque ces règles étaient changées en cours d'exercice. Lors de ce genre de tests, on demande aux participants de deviner le classement de mots par leur ressemblance, celle-ci pouvant concerner la catégorie sémantique (animal, objet, etc.), la rime ou le début du mot (attaque), tout en changeant les règles d'appariement plusieurs fois au cours de l'exercice, et ce, sans le dire aux participants. Par exemple, si la personne comprenait que les mots s'apparentaient par catégorie sémantique, la règle était changée pour que l'appariement se fasse par la rime.
« Fait cocasse, le cerveau jeune est plus réactif que le cerveau âgé au renforcement négatif. Lorsqu'un des jeunes participants se trompait et qu'il devait planifier et exécuter une nouvelle stratégie pour obtenir la bonne réponse, diverses régions de son cerveau étaient sollicitées avant même que le prochain essai démarre. Tandis que lorsqu'un participant plus âgé apprenait qu'il se trompait, ces régions n'étaient sollicitées qu'au début de l'essai suivant indiquant qu'avec l'âge, on décide de réajuster le tir seulement lorsque cela est absolument nécessaire. Comme si le cerveau âgé était plus imperméable à la critique et plus confiant que le cerveau jeune », a souligné Dr Monchi.
Résumé de la recherche

24 personnes âgées entre 18 et 35 ans et dix âgées entre 55 et 75 ans, et encore actives professionnellement, ont été soumises à différentes tâches d'appariement lexical. Leur vitesse d'exécution ainsi que la pertinence de leur réponse ont été évaluées. L'activité de leur cerveau, notamment celle de leur boucle fronto-striatale durant la planification et l'exécution d'une réponse, a elle aussi été validée par la neuroimagerie fonctionnelle. Ces résultats sont parus aujourd'hui dans la revue anglaise Cerebral Cortex, et ont reçu le soutien financier de la Fondation de l'IUGM ainsi que du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

À propos des auteurs

Dr Oury Monchi, Ph. D. en modélisation neuronale, est responsable de l'axe Neuroscience et vieillissement au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) affilié à l'Université de Montréal.
Dr Ruben Martins, résident en psychiatrie, est aussi étudiant au laboratoire du Dr Monchi au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) affilié à l'Université de Montréal.
L'IUGM en bref

L'IUGM dispose de 452 lits de courte et de longue durée et d'un centre ambulatoire, comprenant notamment l'une des cinq cliniques de gestion de la douleur chronique existantes à travers le monde. Il est le chef de file au Québec dans les pratiques cliniques, les soins spécialisés, la promotion de la santé et le développement des connaissances sur le vieillissement et la santé des personnes âgées. L'IUGM, c'est quelque 1 300 employés, médecins, chercheurs et bénévoles, tous spécialisés dans les soins et les services aux personnes âgées. Notre Centre de recherche est reconnu comme le plus grand de la francophonie. Membre du grand réseau d'excellence en santé de l'Université de Montréal, l'IUGM accueille chaque année des centaines d'étudiants, stagiaires et chercheurs du domaine du vieillissement et de la santé des personnes âgées.