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Le FBI, qui vient d'annoncer l'arrestation d'un Américain qui projetait de perpétrer des attentats contre le Pentagone et le Congrès, avec la soutien d'agents infiltrés du FBI, est coutumier de ce genre d'opération de manipulation, et de provocation. Tellement coutumier qu'une bonne partie des attentats préparés, ces dernières années, aux USA, l'ont été avec l'aide et l'assistance du FBI...

Une étude universitaire américaine révélait ainsi récemment que 13 des 33 tentatives d'attentats islamistes recensés aux USA depuis 2001 -soit près de 40%- avaient été "initiées ou facilitées par les autorités" au moyen d'un agent infiltré, ou d'un indicateur retourné.

Les journalistes de Mother Jones, associés au programme de journalisme d'investigation de l'university de Berkeley, en Californie, ont de leur côté passé un an à enquêter sur le sujet, afin de savoir à quoi servent les 15 000 personnes payées par le FBI (contre 2800 en 1980, et 6000 et 1986) afin d'infiltrer, en majorité, les communautés musulmanes aux États-Unis. Le dossier complet, et la longue enquête associée, sont effarants :
-49% des personnes arrêtées ont été dénoncées par des informateurs, la majeure partie d'entre-eux étant payés, pour certains jusqu'à 100 000$ par affaire, pour s'infiltrer, et dénoncer.
-sur les 158 personnes arrêtés dans le cadre d'une opération d'infiltration, 49 avaient conspiré à l'initiative d'un agent provocateur du FBI, et, à l'exception de trois, la majeure partie des véritables projets d'attentats initiés aux USA ont été organisés avec l'appui du FBI.
-il est si difficile de se défendre lorsque l'on est accusé de terrorisme que la majeure partie des personnes accusées préfère éviter un procès.

On apprend également que, depuis le 11 septembre 2001, le ministère de la Justice américain (DoJ) a poursuivi plus de 500 personnes pour "terrorisme". En réétudiant 400 de ces affaires, le DoJ a finalement découvert que 60% d'entre-eux ne relevaient pas du terrorisme, mais de violations des lois sur l'immigration ou sur le port d'armes, de "conspiration", faux témoignages, fraudes ou délinquances financières, vols, évasion fiscales... Le magazine Mother Jones, qui en fait sa "une", en est pour sa part arrivé à la conclusion que 53% des affaires recensées ne relevaient pas du terrorisme.

Or, vu le poids des charges, la difficulté, et le prix qu'il faut payer, pour parvenir à se défendre de telles accusations, une bonne partie de ces présumés terroristes préfèrent accepter de plaider coupable plutôt que de risquer d'être condamnés encore plus lourdement...

Le DoJ reconnaît que ces charges, qui ne relèvent pas du terrorisme, sont "une méthode très efficace -et parfois la seule méthode- pour identifier et mettre un terme à des projets, ou des soutiens, terroristes". Certains avaient certes des liens avec des réseaux terroristes, mais nombreux sont aussi ceux qui, SDF, post-ado immatures, ont été suspectés, ou accusés de terrorisme, à tort, à l'image de ces trois Arabes inscrits sur la liste noire des terroristes pour avoir... volé un chargement de corn flakes. Comme le résumait alors leur avocat :
Cette affaire n'a strictement rien à voir avec le terrorisme. A moins que vous ne considériez les corn flakes comme une arme de destruction massive.
Mother Jones évoque également le cas de post-ados immatures à qui un agent infiltré du FBI, qui leur avait promis beaucoup d'argent s'ils faisaient exploser une bombe, a péniblement réussi à arracher, après des mois de travail au corps, une sorte de serment d'allégeance à Al Qaeda : ils refusaient de perpétrer un attentat, cherchant essentiellement à soutirer de l'argent à leur bienfaiteur musulman. Ce dernier est reparti avec les 100 000$ que le FBI lui avait promis, les wanabees paumés inculpés de "terrorisme"...

Comme le résume Mother Jones, "on a là des gens qui ne seraient jamais passés à l'acte sans le FBI. Le FBI crée des crimes pour stopper des crimes !" A ce stade-là, ce n'est plus de la précognition à la Minority Report, c'est du délire de persécution, sinon un détournement du droit. Une paranoïa sécuritaire qui coûte fort cher : la lutte contre le terrorisme a englouti 3,3 milliards de dollars. Celle contre le crime organisé, qui fait pourtant bien plus de victimes, 2,6.

En France, Claude Guéant vient de fixer la liste des officiers et agents de police judiciaire autorisés à enquêter "sous pseudonyme", sur Internet. Mais comme le soulignait Loubna Zrari : A peine de nullité, ces actes ne peuvent constituer une incitation à commettre ces infractions."