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Ziad Takieddine répond aux journalistes, le 14 septembre à Paris. THOMAS SAMSON / AFP
Ziad Takieddine, mis en examen dans une affaire de corruption présumée lors de la présidentielle de 1995, poursuit son déballage médiatique dans une interview pulbiée samedi 1er octobre par Libération. Il y évoque à nouveau ses liens avec Nicolas Sarkozy et Claude Guéant auxquels il demande de reconnaître son rôle.

L'intermédiaire franco-libanais dit avoir été mandaté notamment par l'Elysée, au moment où Claude Guéant était secrétaire général, auprès du régime Kadhafi en Libye et auprès de Bachar Al-Assad en Syrie. "J'ai envie de dire, 'M. Guéant, vous me connaissez plus que d'autres'. Chacune de mes interventions correspondait à une mission officielle", dit-il. Claude Guéant a récemment pris ses distances avec lui dans la presse. "Je suis allé voir Kadhafi en Libye ou Assad en Syrie uniquement sur autorisation et demande express de la part du président de de la République", ajoute Ziad Takieddine.

TAKIEDDINE NIE AVOIR SERVI D'INTERMÉDIAIRE

Dans une demi-douzaine d'autres interviews en fin de semaine, il avait déjà appelé Nicolas Sarkozy à lever le secret-défense sur deux contrats d'armement des années 1990 au cœur de l'affaire de corruption où plusieurs proches de Nicolas Sarkozy sont poursuivis. Sur BFM TV, il avait même demandé à Nicolas Sarkozy de le recevoir, ajoutant : "Il y a intérêt et la France y a intérêt." L'Elysée a fait savoir vendredi qu'il n'y aurait aucun commentaire sur ces déclarations.

Dans Libération, Ziad Takieddine explique avoir rencontré deux fois Nicolas Sarkozy quand il était ministre de l'intérieur. Le Franco-Libanais nie toutefois avoir servi d'intermédiaire pour le détournement de commissions de marchés d'armement, comme le soupçonne la justice.

Le juge Renaud Van Ruymbeke est sur la piste d'une possible dérivation de gigantesques commissions légales convenues en marge d'une vente de sous-marins au Pakistan (contrats Agosta) et de frégates en Arabie saoudite (contrats Sawari II). Le juge croit possible que Ziad Takieddine ait organisé le retour en France d'une partie de cet argent via des comptes off-shore au Luxembourg et, in fine, des retraits d'espèces en Suisse. Le magistrat a démontré qu'à l'arrivée, dans les comptes de campagne d'Edouard Balladur en 1995, avaient été versés au moins trois millions d'euros en espèces.

VILLEPIN VISÉ

Ziad Takieddine met en cause Dominique de Villepin, devenu en 1995 secrétaire général de l'Elysée après la victoire de Jacques Chirac sur Edouard Balladur, au moment où le versement des commissions pakistanaises a été interrompu.

"Où sont allés les 55 millions de francs qui sont passés par la société Heine au Luxembourg et qui n'ont pas été distribués ? L'argent avait déjà été déboursé, je veux savoir où il est allé, je veux que Villepin réponde à cette question devant la justice", dit-il.

L'instruction du juge Van Ruymbeke va se poursuivre ces prochains jours, avec de nouvelles auditions des mis en examen Nicolas Bazire - ex-directeur de campagne d'Edouard Balladur et témoin du troisième mariage de Nicolas Sarkozy, avec Carla Bruni - et de Ziad Takieddine.