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La plongée a viré au cauchemar au large de Marseille. Deux monitrices d'un centre de plongée de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône, ont découvert les corps de trois dauphins bleus lestés de béton et coulés volontairement dans la calanque de Morgiou, à 58 mètres de fond. La méthode est digne de la pègre marseillaise, et une enquête a été ouverte. Un porte-parole de la préfecture maritime rappelle que ces mammifères sont protégés, et les tuer constitue un délit pénal. Les coupables risquent ainsi une peine d'emprisonnement.

Fabienne Henry, responsable du centre narval Plongée à Cassis, et Jacqueline Dozin, une monitrice du club, ont d'abord relaté leur macabre découverte au quotidien La Provence. Elles exploraient le futur parc national des Calanques : « Nous nous trouvions à 55 mètres de profondeur quand nous avons été intriguées par des masses de couleur claire, aux formes inhabituelles, un peu en dessous de nous. En nous approchant davantage, nous avons distingué trois dauphins morts, un adulte et deux petits, qui gisaient sur le sable ». Les deux plongeuses, choquées, ont alors pris des photos en constatant qu'une grosse corde était attachée à la queue de chacun des dauphins et les reliait à un pneu rempli de béton. La gendarmerie maritime, qui a été saisie, est d'accord avec les deux femmes sur ce point : Les dauphins, qui commençaient à être « abimés » ont du être « balancés de la surface depuis un certain temps ».

Le Grec (Groupe de recherche sur les cétacés) et le Gecem (Groupe d'études des cétacés en Méditerranée) ont été alertés, et le parquet de Marseille a ouvert une enquête. Huit plongeurs ont, depuis, remonté les cadavres des dauphins, et un vétérinaire, le docteur Micout, se penche actuellement sur les corps sans vie : Une autopsie est en cours pour essayer de déterminer avec le plus de précision possible la cause et la date des décès. Certains gendarmes, qui n'ont « jamais vu une chose pareille », se demandent si un geste à l'aspect aussi cruel a pu être l'œuvre d'un pêcheur.

La brigade de surveillance du littoral de la gendarmerie maritime, qui est chargée des investigations, penche néanmoins pour l'hypothèse d'un accident que l'on aurait tenté de dissimuler. Les mammifères pourraient avoir été capturés par erreur dans les filets de pêche, puis morts asphyxiés. Pour éviter des conséquences, les pêcheurs pourraient avoir choisi de s'en débarrasser de la sorte. L'affaire, en plus d'avoir suscité une émotion qui a largement dépassé les eaux phocéennes, est remontée dans les hautes sphères de l'Etat : Le lieu du drame se situe au cœur du futur parc national des Calanques dont la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet a fait l'un de ses chantiers prioritaires. 30 millions d'amis souligne de son côté qu' « en France, le dauphin est une espèce protégée et il est à ce titre interdit de le capturer ou de le détruire (art. L 411-1 du code de l'environnement). Ce délit, même accidentel, est passible de 6 mois de prison ferme et 9 000 euros d'amende ».