BANG Bua Thong (Thaïlande) - Bangkok se résignait jeudi à être inondée, sans savoir vraiment ni où, ni quand. Mais dans la banlieue nord, sacrifiée depuis des jours sur l'autel de la capitale, les pires inondations depuis des décennies ont déjà plongé les résidents dans la détresse.

Bang Bua Thong, dans la province de Nonthaburi, à quelques dizaines de kilomètres au nord du centre-ville de Bangkok, n'était que très partiellement inondée mardi, à proximité du fleuve Chao Phraya, grâce aux digues montées à la hâte par les secours et la population.

Mais la masse d'eau venue du nord, alimentée par des mois de moussons inhabituellement abondantes, a eu raison des dernières protections.

Et jeudi, le district était sous les eaux.

C'était effrayant quand l'eau est venue. Elle est arrivée très vite à travers les égouts, les toilettes, les dalles du sol, explique à l'AFP Ruchuda Balisee, une femme de 40 ans. Les routes près de ma maison sont détruites.

Un photographe de l'AFP a assisté, devant l'hôpital Cholloda du district, à des scènes d'exode.

On voit beaucoup de gens partir avec des sacs, des cartons, des valises. D'autres allaient dans l'autre sens, disant qu'ils allaient chercher des proches.

Les sauveteurs amènent dans l'établissement des enfants et des personnes âgées, pas forcément très malades mais en grande détresse. En face de l'hôpital, les camions de la caserne de pompiers sont immergés jusqu'en haut des roues, probablement inutilisables.

La rue n'est plus qu'une vaste étendue d'eau, sur laquelle toutes sortes d'embarcations circulent dans un grand silence, en lieu et place de l'habituel brouhaha de la circulation des voitures et motos.

La peur est palpable, beaucoup de gens ne savent pas nager et l'eau arrive pour certains jusqu'à la poitrine. Seuls les ponts sont émergés, sur lesquels quelques résidents s'installent en attendant les secours.

Tout le monde sourit, les gens sont solidaires les uns avec les autres, ajoute le photographe, expliquant avoir vu des habitants en bateau proposer d'emmener des gens en difficulté un peu plus loin. Il n'y a pas de panique.

Comme souvent dans ce type de situation extrême, les Thaïlandais font front. Je suis moyennement satisfaite de l'aide du gouvernement, explique Chat Thongthammachat, 62 ans, en attendant un bateau à l'hôpital. Je sais que beaucoup de gens ont besoin d'aide donc je ne les blâme pas.

Dans la capitale, les habitants qui semblent désormais convaincus qu'ils seront gagnés à leur tour par les inondations ont à nouveau fait des stocks de nourriture et de bouteilles d'eau.

Et la police de la ville a demandé aux résidents de cesser de garer leurs véhicules sur l'entrelacs d'autoroutes surélevés qui surplombent la ville.

Ne vous garez pas sur la voie express, c'est à la fois dangereux et pas pratique, a insisté le général Panu Kerdlapphol, précisant que des centaines de véhicules ont déjà été enlevés par les autorités.