Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info

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Les Haïtiens ont subi la pire épidémie de choléra mondiale des suites directe de la pollution de l'eau. Bien documentée, la cause originelle précise même que le réseau sanitaire des troupes de maintien de la paix de l'ONU était si inefficace que l'eau a été largement polluée. Le remède évident est d'arrêter de polluer l'eau potable.

Or, que veulent faire les Nations Unies ? Vacciner ! Jusqu'à ce qu'il soit frappé par un séisme dévastateur qui a perturbé l'accès facile à l'eau potable de la population et le réseau sanitaire de base, Haïti était un pays ou ne sévissait absolument pas le choléra. Seulement, au lieu d'essayer de résoudre le vrai problème, le manque d'eau potable, qui restaurerait la santé des gens ou du moins mettrait fin au choléra, l'ONU veut les pousser à se faire vacciner.

Le Dr Paul Farmer, un envoyé spécial de l'ONU en Haïti, reconnaît que l'épidémie a été soudaine. Il a déclaré : « C'est d'un dingue incroyable ! En 365 jours, vous passez d'aucun cas au plus grand nombre du monde. » Il suggère même que le choléra est susceptible de devenir endémique, qu'il pourra faire partie du quotidien des Haïtiens. La cause, dit-il, c'est la précarité de l'eau, Haïti est le pays à « l'eau la moins sûre » du monde.

Farmer ne semble guère se rappeler pourquoi. Haïti n'est pas un pays sec. Ses niveaux de précipitations varient du minimum de 20 pouces (508mm) par an, dans l'ouest, à entre 77 et 273 pouces (1.956 à 6.934mm) dans les régions intérieures et montagneuses. La capitale, Port-au-Prince, reçoit environ 45 pouces (1.143 mm) d'eau par an. Haïti est richissime en eau, néanmoins Farmer le qualifie de pays à l'« eau la plus précaire » du monde !

Ce qui est arrivé à Haïti, c'est un énorme séisme, à l'issue duquel les besoins impérieux de la population ont été, et sont toujours, en grande partie ignorés. L'Organisation mondiale de la Santé s'est d'abord focalisée sur les vaccinations ! Au lieu d'essayer d'assurer l'eau potable convenant à la population - son manque étant l'une des causes les plus importantes de maladies infectieuses, dont la méningite et la polio - l'OMS a choisi de dépenser d'énormes sommes d'argent dans la vaccination contre les maladies infantiles.

Actuellement, on estime que plus de 12.000 latrines sont nécessaires en Haïti. L'OMS pourrait aider à résoudre cela, mais elle dit que les fournitures sanitaires et l'eau ne sont pas sa préoccupation ! C'est vrai, l'un des besoins les plus fondamentaux pour la santé n'est même pas un sujet pris en compte par l'organisme de santé de l'ONU.

Le propre Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU a déclaré qu'à peine environ un tiers des latrines nécessaires étaient fonctionnelles en août, moins que les 5800 latrines de juillet. Et l'OMS considère que la fourniture de latrines n'est pas de son ressort.

Et maintenant, elle veut aggraver son erreur initiale en ajoutant le choléra au cocktail de vaccins !

Vaccination n'implique pas santé

Cette mesure de vaccination n'est pas une tentative pour créer la santé. C'est une démarche visant à supprimer les effets de l'absence de santé. La santé n'entre pas dans une aiguille et ne tombe pas d'un vaccin dans la bouche, pulvérisé dans le nez, forcé à travers la peau ou piqué. La santé est seulement possible quand la nourriture est adéquate et de bonne qualité, quand l'eau est potable et quand le réseau sanitaire existe. Il n'y a pas de santé sans ces choses essentielles. Il se peut qu'il y ait absence de symptômes [*] de la maladie manifeste, mais ce n'est pas la même chose que de la santé.
[* Ndt : Ce sont les gens les plus sains qui manifeste les symptômes les plus violents quand il leur arrive un tracas dû, par exemple, à un excès de nourriture ou de boisson. Les gens maladifs ne réagissent pratiquement pas. Ils sont vaccinés contre les symptômes.]

Apporter la santé à la population d'Haïti n'intéresse pas l'ONU. Si ça l'était, elle financerait les besoins de base, ne jetterait pas d'énormes sommes d'argent dans la cagnotte de Big Pharma.

Se focaliser sur la vaccination au lieu de la santé perpétue un cycle sans fin. Si peu d'efforts sont investis dans la résolution des causes sous-jacentes de l'épidémie de choléra, alors la santé des Haïtiens continuera à se détériorer, tout en continuant à être vaccinés... sans cesse et toujours.

Si vous êtes une compagnie pharmaceutique, ça ressemble à un marché vachement scrogneugneu. Et pour le peuple d'Haïti ? C'est une nouvelle calamité de plus, ajoutée à celle qui était déjà-là, avec les ressources qui pourraient servir à soulager définitivement la misère, détournées vers la machine à profits de Big Pharma.

Addendum : Farmer reconnaît que l'épidémie de choléra en Haïti pourrait être arrêtée en améliorant l'eau et le réseau sanitaire. Néanmoins, il continue d'insister, « Pour éradiquer le choléra, nous devons vacciner un nombre considérable de gens. Ça va exiger une énorme campagne, comme pour la polio. »

À vrai dire, on doit se demander s'il est directement salarié de Big Pharma, ou si on lui a simplement ordonné de lancer cette absurdité.