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© AFP/Archives, Fabrice CoffriniAppareil de recherches au Cern, à Genève, en octobre 2008
PARIS - Un nouveau test est en cours pour vérifier si les neutrinos, ces particules passe-muraille, peuvent bien dépasser la vitesse de la lumière, comme une première expérience le laissait croire, a déclaré vendredi un responsable d'un institut français de physique des particules.
Des neutrinos sont envoyés des environs de Genève jusqu'à l'Italie, parcourant ainsi 730 km en traversant en ligne droite l'écorce terrestre.
Une nouvelle méthode est testée "jusqu'au 6 novembre seulement", a précisé à l'AFP Stavros Katsanevas, directeur adjoint de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3).

Après ce premier essai, entamé il y a "quelques jours", cette technique devrait ouvrir la voie à un "test très important à partir d'avril", entre les installations du Centre européen de recherches nucléaires (CERN) à Genève et celles du laboratoire souterrain de Gran Sasso (Italie centrale).

Le 22 septembre, l'équipe de l'expérience internationale Opéra avait annoncé que des neutrinos avaient parcouru les 730 km en dépassant légèrement (de 6 km/s), la vitesse de la lumière (près de 300.000 km/s), jusqu'alors considérée comme une "limite infranchissable".

Si elle était confirmée, cette vitesse obligerait à repenser la physique actuelle, y compris la théorie d'Einstein. Incrédules, les auteurs eux-mêmes de cette mesure avaient tenté pendant des mois de vérifier leurs résultats avant de les annoncer en septembre.

La nouvelle méthode doit, selon M. Katsanevas, permettre de répondre aux critiques attribuant à "un effet de statistique" ce résultat totalement inattendu.
"On pourra mesurer les neutrinos un à un" lorsqu'ils arrivent aux détecteurs du laboratoire de Gran Sasso, précise M. Katsanevas.

Le test utilise un nouveau faisceau de protons servant à produire les neutrinos envoyés vers l'Italie. Les "paquets de protons", frappant tour à tour une cible pour créer les gerbes de neutrinos, sont maintenant ultracourts (une à deux nanosecondes ou milliardièmes de seconde) et espacés chacun de 500 nanosecondes, explique-t-il.

D'ici au 6 novembre, une dizaine d'arrivées de neutrinos devraient pouvoir être enregistrées au Gran Sasso et leur vitesse calculée en bénéficiant d'une précision accrue de leur moment d'émission.

Il se peut, ajoute M. Katsanevas, que ce test avec "une dizaine d'événements" soit "concluant", mais "le plus probable, pour l'instant, c'est que ce sera un test de la méthode pour avril", date à laquelle l'expérience pourrait reprendre pendant un mois environ.

Particule élémentaire de la matière, le neutrino reste incroyablement difficile à détecter, car il est dépourvu de charge électrique et traverse la matière sans s'y arrêter.

Son comportement intéresse les scientifiques car il permettrait notamment de comprendre pourquoi le monde est majoritairement constitué de matière et non d'antimatière, alors que les deux devaient être présentes en quantité équivalente après le Big Bang.