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C'est entendu, Nicolas Sarközy est le sauveur de la France, de l'Europe, voire de la Planète, s'il faut en croire son interview du 26 octobre 2011, lorsque Calvi et Pernaud lui ont servi la soupe présidentielle.

Et pourtant, à lire la presse allemande, il jouit d'un autre qualificatif, bien moins flatteur celui-là : « monsieur Blabla ». Au dire du journal « Taz », s'il faut en croire Von Rudolf Balmer, c'est Angéla Merkel qui l'a affublé de ce patronyme peu glorieux, faisant apparaitre que la côte du président français ne serait pas au plus haut, outre-Rhin. Malgré les sourires de façade, depuis 2007, le torchon brûle entre les deux dirigeants : de la libération des infirmières Bulgares, pour laquelle le rôle de l'Allemagne a été volontairement occulté, (lien) aux menaces françaises qui demande à l'Allemagne de ne pas abandonner le nucléaire, en passant par les critiques justifiées de la chancelière qui reproche à son partenaire français de manquer souvent d'exactitude, les sujets d'affrontement ne manquent pas. lien

Mais revenons à « l'accord » du 26 octobre 2011.

L'Allemagne a bien compris que si la France faisait pression sur elle pour obtenir des faveurs supplémentaires, c'est justement parce que les banques françaises ont investi 56 milliards en Grèce, et que si la Grèce coule, elle entrainera la France dans sa chute. lien

Même si Sarközy essaye de faire croire qu'Angela et lui fonctionnent comme un couple, c'est maintenant l'allemande qui « porte la culotte », la parole de la France n'étant plus crédible, et Merkel ayant repoussé la demande française de renforcement de ses fonds propres. lien

La presse allemande s'en fait l'écho et le Frankfurter Allgemeine titrant « moi Tarzan, toi spectateur » conclu : « il apparait très clairement que l'Allemagne peut diriger sans la France (...) le couple Merkel-Sarközi (...) se trouve devant la séparation après un dernier « pas de deux » ». lien

Déjà, il y a quelques mois, le magazine Bild s'était autorisé une publicité insolente, représentant notre autocrate en champion de patinage artistique. lien

La chancelière allemande a toujours trouvé assez pesante l'arrogance de notre coq présidentiel : récemment elle s'est déclarée blessée par une anecdote que celui-ci est allé raconter à d'autres chefs de gouvernement en se moquant d'elle. lien

Il aurait répété qu'Angela prétend être au régime...et se ressert du fromage. lien

Il faut reconnaitre que Sarközy a quelques lacunes en matière de diplomatie.

D'ailleurs les autres responsables européens jugent que l'entente entre les deux est factice : « ils se parlent mais ne se comprennent pas. Ils chuchotent. Mais les chuchotements entre deux sourds n'ont jamais donné de résultats ». lien

Le bilan du conseil européen serait donc bien moins brillant que les communicants de l'Elysée ont bien voulu nous faire croire.

Entre Copé qui salue « le courage du président de la république qui s'est impliqué sans compter pour obtenir cet accord essentiel », et Dati qui affirme que « les français peuvent être fiers d'être dirigé par un président qui s'engage au quotidien pour les protéger », on s'auto-congratule manifestement en vain à tour de bras. lien

La réalité est plus grise et le locataire de l'Elysée a bien compris le danger qui le guettait, car même s'il a montré un visage de vainqueur lors de son intervention récente, comme l'écrit « le Canard Enchaîné » dans son dernier numéro, Sarközy aurait dit « si nous perdons la notation AAA, je suis fini », car au fond, ce qui semble l'inquiéter, c'est plus son propre sort, que celui de la France.

L'économiste Nicolas Baverez s'est fendu dans les colonnes du journal « Le Point » d'un éditorial plutôt saignant : « pour avoir écarté la rigueur et négligé le risque de dégradation financière, la France va cumuler l'austérité et la perte de sa notation AAA » ajoutant « pour avoir basculé sous influence allemande, l'Union reste sans tête ni projet ». (Le Point, n°2041, p49)

« Arrêt sur Image » enfonce le clou titrant « Sarközy : « empereur de l'excès », va-t-il couler la France ? Sarkozy à un jet à 300 millions de livres (avec son four pour cuire des baguettes)...La corruption est rampante ». lien

La popularité de notre représentant bat aussi de l'aile en Suisse, et un journal helvète « Sontag Zeitung » a réalisé une publicité pour le moins caustique sur le couple présidentiel. photo

Plus grave, après avoir offensé Berlusconi, (lien) notre énervé président a réussi à se fâcher avec le premier ministre anglais en lui déclarant « tu as perdu une bonne occasion de te taire ». lien

L'impopularité de notre autocrate présidentiel n'est pas une nouveauté, et avant même qu'il soit élu, les médias étrangers suggéraient qu'il pouvait être une menace pour la démocratie.

Une radio suédoise se demandait s'il ne représentait pas un « risque de dictature », le « Suddeutsche Zeitung » le dépeignait comme « un macho sans scrupule et brutal qui joue avec la peur des gens », dénonçant « son luxe vulgaire », « El Pais » voyait en lui « un héritier populiste des régénérationnistes de la droite espagnole de la fin du 19ème siècle » (lien) et la presse italienne dénonçait « sa proximité avec la droite post-fasciste de la péninsule ». lien

Le NRC-Handeslblad, aux Pays-Bas, racontait « ce qui se déroule vraiment à l'Elysée où l'on semble tourner un remake de Louis de Funès ».

Il faut avouer qu'il met du sien pour s'attirer les critiques : D'Obama, à qui il reprochait un manque d'expérience, à Zapatero, sur qui il a dit « il n'est peut être pas très intelligent... » En passant par Merkel dont il a affirmé « elle n'a pas d'autre choix que de se rallier à ma position », notre omni président, de retour d'un G20 en 2009 n'a cessé de s'en prendre à la plupart de ses partenaires, suscitant régulièrement une levée de bouclier. lien

Ce « clip qui déchire » illustre assez bien cette situation.

Des Etats Unis à la Chine, en passant par la Russie, les états s'agacent de son obnubilation à tout vouloir ramener à lui, tout autant que de ses nombreux dérapages.

Régis Labeaume, maire de Québec lui trouve un « manque de cohérence », (vidéo) les Tchèques et les Polonais lui reprochent d'ouvrir la bouche avant que les diplomates n'aient réfléchi (lien), il énerve les responsables américains qui reprochent « au maître de l'univers » de vouloir toujours gonfler son rôle (lien), Medvedev se moque de lui allant jusqu'à l'imiter (vidéo) et Simon Johnson, un ancien économiste du FMI à déclaré « il dit que les Etats Unis ont accepté tout un lot de négociations sur des régulations. Mais en réalité, il est arrivé les mains vides, et rien de tout cela n'a été abordé ». lien

En Argentine, Terra Magazine, titre « Sarközy ou la politique de l'érection permanente ».

Jacques Verges, dans son dernier livre (Sarközy sous BHL) fait un bilan assez cruel des méfaits de la présidence française en Afrique, dénonçant « la nouvelle république bananière française », le retour accéléré du colonialisme, et le choix discutable du président français qui préfère traiter avec des affairistes douteux qu'avec des diplomates.

Il affirme : « on a l'impression que tout est fait pour embraser le Proche-Orient ».

Il a une phrase définitive au sujet du « sauveur de l'humanité » : « Mr Sarközy est irresponsable, il est capable désormais de toutes les folies, à moins que le peuple français ne lui passe une camisole de force auparavant ». lien

Jean François Khan avait été l'un des premiers à évoquer la question de la folie (vidéo) mais d'autres avant lui, dénonçait son comportement lorsqu'il se permettait de « claquer » la fesse d'une Hillary Clinton un peu surprise. vidéo

N'est-il pas surprenant de l'entendre déclarer que la pédophilie et le suicide des adolescents seraient d'origine génétique, ou lorsqu'il veut repérer chez des enfants de 2 ans les prémices de la délinquance. lien

On pourrait aussi évoquer sa fureur enragée, aux dires de l'intéressé, (lien) lorsqu'il avait menacé en 2005 de casser la gueule d'Azouz Begag, lui hurlant « qu'il n'était qu'un connard, un salaud, et qu'il ne voulait plus jamais le voir sur son chemin », tout ça parce que ce dernier lui avait assuré qu'il ne s'appelait pas « Azouz Sarközy ». lien

Horace prétendait que la colère était une courte folie, et Cecilia a affirmé : « il a un problème de comportement ». lien

Il aurait aussi un coté puéril et immature et Lobaczewski, dans son ouvrage (ponérologie politique) évoque les « troubles de la personnalité antisociale » : « lorsque les dirigeants sont des psychopathes, leur façon de penser et de raisonner, leur « moralité » devient la culture des populations qu'ils gouvernent, ces dirigeants ayant tendance à croire que le mal provient des autres : ils n'ont pas besoin de l'adhésion de large population, mais seulement d'une minorité puissante qui puisse à la fois orienter la population pour mieux la contrôler et dans ce cas, le mécontentement populaire ne compte pas ». lien

Comme dit mon vieil ami africain : « quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt ».

Merci à Corinne Py pour sa collaboration efficace.