Selon une récente étude américaine, la prise de médicaments à base de paracétamol pourrait favoriser l'apparition d'asthme chez l'enfant voire aggraver les symptômes de la maladie.

Maladie du système respiratoire, l'asthme a connu au cours des vingt dernières années une nette augmentation de sa prévalence et touche aujourd'hui plus de 4 millions de personnes en France. Responsable d'environ 600.000 hospitalisations chaque année, elle s'avère particulièrement handicapante dans le quotidien des malades. Bien que l'on ignore encore quelles sont les origines précises de la maladie, les scientifiques multiplient les études pour tenter d'identifier les facteurs la favorisant.

Or, si certaines mutations génétiques ou la pollution ont déjà été évoqués, c'est aujourd'hui un tout autre facteur qu'a mis en évidence le docteur John McBride du Robert T. Stone Respiratory Center de l'Hôpital pédiatrique Akron dans l'Ohio. Selon le rapport récemment publié dans la revue Pediatrics, le paracétamol, également connu sous le nom d'acétaminophène, pourrait favoriser l'apparition d'asthme chez les enfants, voire même en aggraver les symptômes.

Un risque potentiellement doublé voire triplé en cas de prise régulière

Pour arriver à une telle conclusion, le spécialiste cite plusieurs études antérieures dont une qui a impliqué pas moins de 520.000 enfants dans 54 pays. Sur cette population, 200.000 étaient âgés de 6 à 7 ans et 320.000 de 13 à 14 ans. Pour établir ou non le lien, les auteurs de l'étude ont identifié les enfants présentant des symptômes d'asthme et ont relevé chez tous les sujets des données sur la prise de paracétamol. Au final, ils ont ainsi établi que le risque d'asthme augmentait de 60% chez les enfants de 6-7 ans qui avait pris au moins une fois du paracétamol dans l'année. En revanche, le risque triplait pour ceux qui en avait pris au moins une fois par mois, rapporte le Daily mail.

Du côté des adolescents de 13-14 ans, la prise de ce genre de médicament au moins une fois par an semblait augmenter le risque de 40%. Mais de même que pour les plus jeunes, ce risque doublait pour une prise plus importante d'au moins une fois par mois. Ajouté à cela, John McBride a également évoqué une autre étude qui suggère que le paracétamol augmenterait les problèmes respiratoires chez les enfants souffrant déjà d'asthme, tandis que l'ibuprofène n'a pas montré cet effet.

Un lien remis en cause par les spécialistes

"J'ai décidé de faire ce que je pouvais pour être sûr que les pédiatres et les autres médecins réalisent qu'il y a une possibilité qu'éviter simplement l'acétaminophène, au profit d'autres traitements aussi efficaces sur la fièvre ou la douleur, puisse faire une différence importante sur les risques d'asthme chez l'enfant", a commenté le Dr McBride cité par le Daily mail.

Toutefois, les spécialistes de l'asthme ne sont pas tout à fait d'accord. Plusieurs ont ainsi souligné qu'il n'existait aucune preuve que le paracétamol cause de l'asthme ou exacerbe les symptômes, précisant que les études suggéraient simplement que la molécule était associée à un risque accru. Selon eux, ce lien pourrait ainsi provenir de quelque chose d'autre que les personnes prenant du paracétamol aurait en commun.

En réaction à ce nouveau rapport, le Dr Fernando Holguin du Medical Center de l'Université de Pittsburgh a indiqué que ceci avait le mérite de rappeler que le fait qu'un médicament soit largement disponible ne signifie pas qu'il est totalement sûr. Il a également précisé que son fils de quatre ans souffrait justement d'asthme et qu'il évitait aujourd'hui de lui donner du paracétamol auquel il préférait l'ibuprofène.