Des scientifiques, des pédiatres et des gynécologues ont adressé un courrier, jeudi 17 novembre, au ministre de la santé, Xavier Bertrand, lui demandant d'alerter les femmes enceintes sur le risque d'accoucher prématurément si elles consomment de l'aspartame, un édulcorant (E 951) qu'on trouve notamment dans les boissons "light".

"Les chiffres se passent de commentaires", précise Europe 1 qui publie la lettre sur son site Internet. Les scientifiques de Réseau environnement santé (RES) se basent sur une étude danoise, publiée il y a un an, qui "mettait en évidence un taux plus élevé de naissance prématurée tardive (soit entre les 32e e et 36e semaines d'aménorrhée), proportionnel à la consommation de boissons gazeuses avec édulcorants".

L'étude, conduite par le Danois Thorhallur Halldorsson, publiée en 2010 dans l'American Journal of Clinical Nutrition, était consacrée à l'impact des boissons light ou sans sucre - c'est-à-dire contenant un édulcorant - sur près de 60 000 Danoises enceintes. Il est apparu que la consommation d'au moins une boisson gazeuse contenant un édulcorant par jour augmentait le risque d'une naissance avant terme de 27 %, 35 % si l'on en boit deux ou trois, 78 % quand c'est plus de quatre. L'impact est moindre quand les boissons sont non gazeuses, l'augmentation du risque allant de 11 à 29 %.

"LE DOUTE DEVRAIT PROFITER AU CONSOMMATEUR"

Pour les scientifiques, il est temps d'avertir les femmes enceintes de ce risque. "Vous avez déclaré, à propos de l'affaire du Mediator, que le doute devait désormais profiter au malade. Dans le cas présent, il nous semble que le doute devrait profiter au consommateur", concluent-ils leur courrier à l'adresse de M. Bertrand.

L'aspartame, édulcorant le plus utilisé au monde, se retrouve dans plus de 6 000 produits, du chewing-gum aux boissons allégées, dont plus de 500 produits pharmaceutiques. Selon le RES, 200 millions de personnes en consommeraient "régulièrement". Chez les enfants et les femmes en âge de procréer, l'absorption quotidienne est estimée entre 2,5 et 5 mg par kg de poids corporel. La dose journalière admissible établie par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est de 40 mg/kg. L'EFSA a été invitée en mai par la Commission européenne à anticiper la réévaluation complète de la sécurité de l'aspartame en 2012.