L'abus de boissons énergisantes n'est pas sans risque pour la santé. Parlez-en aux urgentologues qui voient de plus en plus de jeunes aux prises avec des palpitations ou d'autres symptômes graves.

« Maintenant, lorsqu'un jeune patient se présente à l'urgence avec des palpitations, on lui demande automatiquement s'il a pris des boissons énergisantes », signale le Dr Paul Poirier, cardiologue à l'IUCPQ (hôpital Laval).

Les conséquences peuvent être dramatiques dans certains cas.

Dans la région de Montréal, un jeune a fait un accident vasculaire cérébral (AVC) durant un « rave », à cause de la consommation excessive de boissons énergisantes. Il est en fauteuil roulant aujourd'hui, rapporte le Dr Poirier.

Au cours des deux dernières années, deux jeunes de la région de Québec l'ont échappé belle, après avoir été victimes d'un arrêt cardiaque à la suite, suppose-t-on, de la consommation abusive de boissons énergisantes.

Ces jeunes du secondaire ont heureusement pu être réanimés, mais ils devront passer le reste de leur vie avec un défibrillateur cardiaque implanté dans leur poitrine.

« Dans les deux cas, on n'a rien trouvé parmi les causes habituelles pouvant expliquer ces arrêts cardiaques, sauf de quatre à six cannettes vides de boissons énergisantes », illustre le Dr Poirier.

Désir de performance

« Donneriez-vous un café à un jeune de dix ans? Des enfants de huit ans prennent pourtant des boissons énergisantes. Cela commence à l'aréna chez de jeunes joueurs de hockey pee-wee, qui veulent améliorer leur performance », déplore le cardiologue.

En période d'examens, de nombreux étudiants ont recours à ces « béquilles » pour se tenir éveillés. Certaines boissons énergisantes contiennent jusqu'à 350 mg de caféine et même 505 mg, aux États-Unis. Un café régulier en renferme 100 mg, ce qui correspond au maximum journalier recommandé chez un enfant de 12 ans et moins, précise le Dr Richard Blanchet, de Québec, qui siège à l'Association québécoise des médecins de sport.

Étude en cours

C'est sans oublier d'autres substances comme la taurine ou le ginseng et les 14 cuillerées de sucre par cannette. À l'IUCPQ, le Dr Paul Poirier mène une étude qui vise à démontrer scientifiquement les effets des boissons énergisantes sur le taux d'adrénaline, la pression artérielle et l'arythmie.

L'équipe de recherche est toujours à recruter des participants de 18 à 35 ans. « Je ne suis pas en guerre contre les boissons énergisantes. Le problème, c'est la banalisation de ces produits et leur consommation abusive », déclare le Dr Poirier.