Mener une bonne vie sans plus dépendre de l'argent ? Heidemarie Schwermer nous prouve que c'est possible, même à notre époque. Bonne nouvelle donc pour tous ceux qui ont peur de « la crise » ; un espoir est né en Allemagne.
Tout a commencé il y a 22 ans, lorsqu'elle arrive à Dortmund (Allemagne) avec ses deux enfants et une valise. À l'époque Heidmarie sort d'un mariage difficile ; elle est enseignante et ne s'est jamais plaint de sa situation. Pourtant, l'allemande va être choquée par la crise industrielle de 1979 et va radicalement changer de vie. Le choc pétrolier qui a touché la Ruhr a précipité de nombreuses personnes dans la pauvreté. Heidmarie réalise alors que le problème ne vient pas fondamentalement d'un manque de ressources mais de leur mauvaise répartition. À son échelle, Heidmarie va complètement bouleverser le système. Voyant qu'elle possédait plus que le nécessaire et qu'elle ne s'épanouissait plus dans son travail, elle quitte tout pour devenir plongeuse. Parallèlement, elle ouvre sa boutique de troc.
Dans sa boutique, tout le monde est libre d'échanger toutes sortes d'objets ou de services. Les sans-abris sont les plus intéressés par le système. Cependant, les chômeurs et les retraités sont aussi nombreux à se presser dans la boutique. L'établissement est rapidement devenu un phénomène dans la ville.« Gib und Nimm » (Donner et prendre)
En 1995, l'allemande trouve qu'elle gagne encore « trop » d'argent. Ses enfants ont déménagé et tout ce dont elle a besoin semble se présenter à elle. Ainsi, Heidmarie vend sa maison, ferme son compte bancaire et résilie ses contrats d'assurance. Elle donne tout le reste de ses biens à ses amis ou à des connaissances. Mais pas question de vivre dehors, elle tire parti de son réseau de troqueurs passionnés. Ces derniers lui prêtent amicalement leurs maisons en échange de menus services. Pour manger elle récupère les invendus des supermarchés bios de Dortmund et s'habille avec des vêtements qu'elle a troqués au marché aux puces. Elle refuse aussi d'aller chez le médecin. Toute sa vie tient dans une petite valise, avec 200€ seulement en cas de besoin.
Heidmarie a déjà publié deux livres, aujourd'hui elle travaille sur le troisième. Tous les bénéfices de la publication, ainsi que sa retraite mensuelle de 700€ sont entièrement reversés à des proches dans le besoin et à des œuvres de charité. Elle participe aussi au documentaire « Vivre sans argent » dans lequel elle raconte son histoire et montre ses combines. Elle explique que, pour elle, « l'argent éloigne de l'essentiel, l'abandonner m'a donné un vraie qualité de vie, une richesse intérieure et la Liberté ».« L'argent nous détourne de l'essentiel »
La vieille dame ne bénéficie d'aucune aide sociale, ne pouvant ainsi pas être qualifié de paria du système. Provocatrice ou prophète ? Heidmarie Schwermer semble en tous cas être en avance sur son temps.
Commentaires des Lecteurs
J'aimerais m'entourer de personnes grâce à qui je peux vivre et surtout à qui je peux aider, de quelques forme que soit mon aide.
Avis aux lecteurs. Où qu'ils soient.
... mais je trouve malgré tout qu'elle abuse du système, certes pas méchamment, mais on est quand même pas dans l'utopie qu'elle prétend défendre.
Ce n'est peut-être pas un "parasite" de la société car elle ne réclame pas d'aides sociales, mais malgré tout elle bénéficie de ce que tous les citoyens payent eux (infrastructures publiques, sesrvices municipaux "gratuits"...) et de ce que ses amis qui l'héberge payent. Ses vêtements et autres biens, même si troqués, ont bien été acheté à un moment donné ou ont nécessité le temps (et donc l'argent) de quelqu'un...
Bref, si on va au bout de son idée et que tout le monde vit comme elle, la vie "sans dépenser d'argent" serait surement moins agréable que ce qu'elle expérimente depuis 15 ans...
Cela dit, sans voir aussi loin et sans parler de changer le monde, il est quand même admirable qu'elle ait poussé aussi loin sa démarche de suivi de ses convictions.
Moi je suis pas convaincu, mais c'est personnel