Le groupe du moteur de recherche Google met en application, jeudi 1er mars, les nouvelles règles de confidentialité pour l'ensemble de ses services en ligne. La firme de Mountain View a suscité l'inquiétude des autorités de protection de la vie privée en Europe et du Congrès américain, après l'annonce de cette refonte, fin janvier.

Que changent ces nouvelles règles ?

La refonte entraîne la fusion de soixante règles d'utilisation en une seule, destinée à régir la quasi-totalité des produits Google, comme la messagerie électronique Gmail ou le réseau social Google+. "Pour résumer, nous vous traiterons comme un utilisateur unique à travers tous nos produits", déclare Alma Whitten, une responsable de Google chargée des questions de confidentialité.

Google souligne que les internautes devront accepter cette nouvelle charte pour continuer à utiliser leurs comptes ; s'ils ne souhaitent pas les accepter, ils ne pourront plus utiliser les services Google, mais pourront récupérer leurs données. Selon ces nouvelles règles, Google pourra regrouper les informations provenant de plusieurs services, autrefois séparés, et disposer ainsi d'une vision globale des utilisateurs.

Selon Google, les internautes profiteront de "meilleurs résultats" dans leurs recherches sur Internet, Google se chargeant d'analyser leurs requêtes en piochant dans tel ou tel service. "Peut-être pourrons-nous vous dire que vous serez en retard pour un rendez-vous en prenant en compte votre localisation, votre agenda ou encore les conditions de circulation", explique aussi l'entreprise. "Nous pourrons fournir des publicités plus pertinentes également. Par exemple si vous n'êtes pas porté sur la gym, les publicités pour des cours de fitness ne vous seront pas très utiles", poursuit Google. Le groupe du moteur de recherche assure toutefois que les informations personnelles des utilisateurs ne seront pas vendues à des tiers.

Que représente Google ?

La grande majorité des revenus de l'entreprise provient de la publicité. Selon la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), Google représente "plus de 80 % du marché européen des moteurs de recherche, environ 30 % du marché européen des smartphones, 40 % du marché mondial de la vidéo en ligne et plus de 40 % du marché mondial de la publicité en ligne."

Quelle a été réaction des autorités de contrôle ?

En France, la CNIL a adressé, lundi 27 février, une lettre au groupe du moteur de recherche Google afin qu'il reporte ses nouvelles règles de confidentialité.

L'autorité de contrôle juge ces régles contraires à la législation européenne. La CNIL déplore par exemple l'exploitation des données entre les différents services du groupe du moteur de recherche. "Les nouvelles règles autoriseraient Google à afficher sur Youtube des publicités liées à l'activité de l'utilisateur sur son téléphone Android et à sa localisation", note aussi la CNIL.

Début février, le groupe de l'article 29 (G29), qui rassemble l'ensemble des régulateurs de la vie privée européens, avait déjà demandé à Google de repousser la mise en place de sa nouvelle politique de confidentialité, expliquant avoir besoin de temps pour examiner les implications de ce changement.

Les modifications annoncées par Google interviennent également alors que l'Union européenne vient de réviser le cadre de sa politique sur les données privées. Cette réforme oblige notamment les entreprises à obtenir en des termes "clairs" le consentement des utilisateurs pour recueillir les données, et leur expliquer comment elles seront stockées, combien de temps et à quelles fins. Aux Etats-Unis, deux élus américains ont demandé, fin janvier, au patron de Google, Larry Page, d'expliquer au Congrès la nouvelle charte de confidentialité présentée par le groupe du moteur de recherche.

Comment l'internaute peut-il protéger ses données personnelles ?

Il existe plusieurs manières de se protéger de cette collecte des données. La grande force de Google est l'interopérabilité de ses services, qui lui permet de proposer à l'internaute des contenus jugés pertinents en fonction de son utilisation du Web. La première consiste à effacer puis désactiver l'historique de ses requêtes sur le moteur de recherche. Des associations, comme l'Electronic Frontier Foundation (EFF), décrivent la procédure. Google propose de son côté un "Panneau de contrôle", permettant de visualiser l'ensemble des services liés au compte de l'utilisateur et les données collectées par ce biais.

Une autre méthode est de ne simplement pas créer de compte Google ou de se déconnecter de son profil avant d'effectuer une recherche, en cliquant sur son nom. Il est également possible d'exploiter des services alternatifs à Google, tels que les moteurs de recherche respectueux de la vie privée DuckDuckGo et Ixquick.

Les navigateurs permettent aussi de surfer de manière "anonyme". Chacun possède une méthode pour empêcher l'enregistrement de vos données de navigation. Nommée "InPrivate" sur Internet Explorer, "Navigation privée" sur Firefox et "Incognito" sur Chrome, la fonction désactive l'identification sur les sites et ne retient aucune donnée envoyée dans ce mode.