Afin d'anticiper les résultats que livrera la sonde Rosetta qui doit atterrir en 2015 sur la comète Tchourioumov-Guerassimenko, des chercheurs ont fabriqué artificiellement une comète dans leur laboratoire. L'étude révèle que les premiers éléments de vie sur Terre auraient bien une origine interstellaire.

Une équipe de chercheurs franco-allemands dirigée par Louis Le Sergeant d'Hendecourt s'est chargée de fabriquer une micro-comète à l'Institut d'astrophysique spatiale (CNRS/Université Paris-Sud). Ils ont pour cela reproduit des conditions extrêmes semblables à celles de l'espace (-200°C et sous vide) et ont utilisé des éléments existant dans le milieu interstellaire (fluorure de magnésium solide, eau, ammoniac et méthanol). Le tout a été irradié d'ultraviolets, comme ceux émis par le soleil.

Grâce à la micro-comète ainsi recréée (une "glace interstellaire/cométaire simulée"), les scientifiques ont pu anticiper les résultats que livrera en 2015 la sonde Rosetta qui atterrira sur la comète Tchourioumov-Guerassimenko pour en étudier la composition. Ainsi, même de nombreuses études complémentaires restent nécessaires pour s'en assurer, les résultats suggèrent "que les premières structures moléculaires de la vie auraient pu se former dans le milieu interstellaire et cométaire, avant d'atterrir sur la Terre primitive lors de la chute de météorites et de comètes", écrit le CNRS dans un communiqué.

En effet, "au bout de dix jours, ils ont obtenu quelques précieux microgrammes de matière organique artificielle", indique encore le communiqué. A l'aide d'une technologie de pointe, l'équipe d'Uwe Meierhenrich et de Cornelia Meinert a "pu identifier 26 acides aminés dans cette comète artificielle [ ... ] ils ont aussi découvert ce que personne n'avait observé avant eux", à savoir six acides "diaminés", dont un composé (la N-(2-Aminoethyl)glycine) qui pourrait être un des ancêtres de l'ADN terrestre, explique le CNRS.

En savoir plus sur l'ancêtre de l'ADN

Primordiaux, ces résultats indiquent que les premières structures moléculaires de la vie auraient pu se former dans le milieu interstellaire et cométaire, avant d'atterrir sur la Terre primitive lors de la chute de météorites et de comètes. L'étape suivante est ainsi de déterminer les conditions de pression, de température, d'acidité, etc. dans lesquelles cet acide diaminé découvert dans la comète artificielle a pu ensuite former de l'APN, acide peptidique nucléique, lui-même transformé en ADN par la suite.

"Pour mener à bien ce nouveau projet, les chercheurs ont déjà commencé à constituer une collaboration avec deux grandes équipes, l'une américaine et l'autre anglaise", a indiqué le CNRS.