Odile Tobner
Surviemar., 10 avr. 2012 10:13 UTC
Après la Libye et la Côte d'Ivoire, passées sous contrôle occidental à la suite de guerres menées notamment par l'armée française, on subodorait que le Mali était le prochain sur la liste.
Cela n'a pas manqué : on assiste depuis janvier 2012 à la réactivation de la rébellion du mouvement national de libération de l'Azawad, mouvement sécessionniste revendiquant la partie saharienne du territoire malien.
Puissamment armé, le MNLA a lancé dans le nord-est du pays une offensive victorieuse contre l'armée malienne. Le 24 janvier, à Aguel Hok, les rebelles ont exécuté, dans des conditions atroces, 80 prisonniers de guerre. On peut voir dans ce massacre l'origine du putsch militaire qui a renversé, le 21 mars, le président Amadou Toumani Touré. Depuis février, en effet, des familles de militaires, mais aussi des jeunes, se rassemblent pour dénoncer l'impuissance du chef de l'État, voire sa complicité avec la rébellion, et ces manifestations, parties du camp militaire de Kati, ont gagné Bamako et Ségou.
Les déclarations faites le 26 février par Juppé à Bamako, où il a été accueilli par des manifestations hostiles, n'ont fait que jeter de l'huile sur le feu. Celui-ci s'est dit convaincu qu'il n'y aurait pas de solution militaire à la crise au Nord-Mali, ajoutant : « Il faut donc prendre la voie du dialogue aussi inclusif que possible avec tous ceux qui doivent s'assoir autour de la table et le président Amadou Toumani Touré a confirmé que c'était son intention ». C'était méconnaître totalement la situation ainsi que l'état d'esprit de l'armée et de la population malienne. En pompier pyromane, le même Juppé n'a pas manqué, une fois Touré destitué par de jeunes officiers, de lancer de vertueux appels au retour de la légalité constitutionnelle, demandant à la junte militaire d'organiser des élections.
Pendant ce temps, les vastes étendues du nord sont livrées à divers mouvements groupusculaires, mais surarmés. Outre le MNLA, on a le MPA (Mouvement populaire de l'Azawad) salafiste devenu le mouvement fondamentaliste Ançar Edine, sans compter l'AQMI, qui, ensemble ou séparément, revendiquent de lutter, qui contre l'État malien, qui pour la Charia, contre l'Occident, etc. Les habitants des localités du nord, en butte à leurs attaques ou craignant les représailles, s'enfuient vers le sud ou les pays limitrophes. Une grande partie des 200 000 personnes qui ont ainsi fui les combats vivent désormais dans des conditions critiques sur le plan humanitaire. Le cortège habituel des calamités de guerre s'abat sur un pays qui a le malheur de se trouver pris entre les manœuvres d'une politique française à la gribouille et la convoitise que suscite, chez les grandes puissances, un territoire quasi vide et recelant d'immenses ressources minières encore inexploitées. Une telle situation est propice à la création d'un État-fantôme assujetti, dont on fera au minimum peser la menace sur le Mali s'il ne consent pas à s'aligner sur les mots d'ordre de « protecteurs » intéressés.
On observe en effet que ni la CEDEAO, communauté des États d'Afrique de l'Ouest, ni la France, ni les États-Unis, ni l'Union européenne, si empressés à exiger des putschistes le retour à la légalité républicaine, n'ont demandé aux mouvements séparatistes qui sèment le chaos au Sahara de cesser leurs violentes attaques contre l'État et les citoyens maliens. Il faut croire qu'un Mali rétif aux injonctions des puissances étrangères gêne plus les appétits impérialistes qu'une guerre civile frappant opportunément une région convoitée.
" [...] Par exemple, 4 mensonges révélés, sans le vouloir, au grand jour, par ce reportage :
- on reproche aux touaregs de "profiter du chaos" qui vient de s’installer au Mali. Ce qui est faux, car le soi-disant chaos, c’est eux-mêmes qui l’ont provoqué car ils ont commencé à se rebeller dés janvier, et le coup d’état de la junte militaire est justement dû au fait que l’armée malienne trouvait le gouvernement malien trop mou, trop peu efficace face à la "menace" touareg (et/ou islamiste).
- on dit que dans les villes conquises, les rebelles veulent imposer la charia. Quand on sait que chez les touaregs, les femmes sont découvertes, et ce sont les hommes qui sont voilés, on a vraiment du mal à y croire.
- on dit que les touaregs sont alliés avec aqmi. C’est faux, car les touaregs et les islamistes sont, et ont toujours été, en profond désaccord.
- on dit qu’il existe un risque important pour que l’invasion du nord du pays s’étende plus au sud. C’est faux, car les touaregs ne revendiquent que le nord du Mali, où ils espèrent enfin vivre libres dans leur rêvé Azawad. [...] "
Les points développés :
1. Réactions internationales et médiatiques
2. Brève synthèse et piqure de rappel
3. L’information instantanée et le prix du mensonge
4. L’orientation du jugement des "spectateurs"
5. Quel avenir pour les touaregs ?
Extrait :
" Le Rapport sur le terrorisme dans le monde publié en avril 2007 par le département d’État américain, produit une carte explicite qui désigne comme « Terrorist Area » pratiquement toute la zone saharo-sahélienne, et en particulier celle où évoluent les Touaregs.
Ce rapport manie sans cesse la dichotomie simpliste et bien connue entre un monde civilisé et régulé par l’autorité étatique dont l’Occident aurait le monopole et l’espace sans foi ni loi des « tribus », aboutissant à des injonctions d’intervention au nom de la sécurité du monde. Le glissement entre supposition et réalité est opéré en 2008 par la presse américaine qui abandonne les « peut-être » du Rapport du Département d’Etat américain. La traque de « Al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM) » par les forces armées américaines au Sahel devient une évidence indiscutable, de la même façon que s’instaure insidieusement l’idée que le groupe islamiste serait aidé par des : « tribus nomades connues sous le nom de Touareg, un groupe ethnique berbère qui est en lutte avec le gouvernement du Mali » et d’autre part que sa trésorerie serait assurée par le trafic de drogue (Daniel Williams,in Bloomberg.com, 23 avril 2008). "
Source :
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Bonne lecture,