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Une cassette vidéo du meurtre de Julie et Mélissa existerait bel et bien. En 2004, un autre député, Albert Mahieu, écrit au président de la Cour d'Assises d'Arlon, où est jugé le dossier Dutroux bis. Il lui parle d'une cassette vidéo du meurtre des deux petites qui aurait été visionnée par une connaissance. Or, cette personne veut s'en servir pour briser la carrière du cardinal Danneels, candidat pour succéder à Jean Paul II. Cela choque Mahieu au plus haut point, si bien qu'il va de ce pas prévenir l'écclésiastique du plan élaboré contre lui... Quelle ne fut pas sa stupéfaction quand Danneels se montre surtout préoccupé par la question de savoir s'il est visible sur ladite cassette!

Mahieu détaille les faits, qui remontent à 2004: une connaissance de longue date qu'il appelle X est préoccupé par le fait que le cardinal Belge Danneels, qui proclame lutter contre la pédophilie dans l'Eglise, ne fait en réalité que les protéger. Et comme Danneels est l'un des candidats possibles à la succession de Jean-Paul II, certains membre de la Franc Maçonnerie, dans une loge de Gand, cherchent à s'opposer à une telle promotion. Ils veulent donc ruiner sa réputation.

Le 15 janvier 2004, une réunion de travail a lieu entre Mahieu, X et son avocat Y, qui est un ancien avocat de Dutroux décédé aujourd'hui. X révèle alors qu'il a regardé une K7 vidéo fournie par quelqu'un de proche des "renseignement généraux" belges et dont il a fait une copie. Mahieu écrit:
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Au sujet de ce groupe, quelques noms circulent mais moins de la moitié des protagonistes auraient été identifiés. Ceux qui l'ont été sont des politiciens, et probablement Danneels puisque X et son groupe voulaient faire pression contre lui grâce à cette vidéo.
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Mahieu décrit ensuite la scène immonde de la torture des deux petites racontée par X. Les petites finissent empalées, ce qui correspondrait avec la première autopsie des deux corps, autopsie introuvable aujourd'hui. En outre, ledit X, en regardant les photos des autopsies des deux fillettes, aurait repéré les traces des maltraitances qu'il a vues sur la cassette. Ce que des spécialistes étrangers auraient confirmé. D'après X, les enfants n'ont pas pu survivre à un tel traitement.

X a évoqué cela devant un journaliste du quotidien national belge Le Soir, qui s'est empressé de ne rien faire. X dit ensuite qu'il a aussi envoyé la K7 en question au Vatican, où elle aurait été regardée.

Mahieu, fervent catholique, est choqué par toutes cas manigances contre Danneels et décide de prévenir l'intéressé de ce qui se trame contre lui. Il le rencontre donc le 5 février 2004 à l'archevêché de Malines-Bruxelles.

L'entretien dure 40 minutes et Danneels se montre d'emblée très froid. Mahieu se présente longuement, puis demande à Danneels s'il connaît X. Le primat de Belgique répond que non. Pourtant, X prétend correspondre avec lui.

Mahieu explique donc ce qu'il s'est produit lors de la réunion du 15 janvier et de ce qu'il y a appris. Le député précise bien qu'il n'a pas vu la cassette et ne fait que relater les propos de X.
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Le député est mal à l'aise car l'homme d'Eglise face à lui "reste de marbre et ne réagit absolument pas au récite des atrocités énoncées, comme s'il s'agissait d'une banalité", y compris lorsque Mahieu cite le nom du fameux politicien PS.

Interloqué, Mahieu fait une courte pause, et c'est là que Danneels lui aurait seulement demandé "Sta ik d'r ook op?", soit "suis-je également dessus?". Ce à quoi, Mahieu lui répond que non, "évidemment", car "cela est impossible". Ces paroles ressemblent, pour le politicien, à un "aveu implicite", puisqu'il n'a jamais rien dit au cours de cet entretien qui aurait pu laisser penser à Danneels qu'il aurait pu être visible sur ladite K7. De plus, Danneels se serait montré assez insistant à ce sujet, à tel point que Mahieu doit lui confirmer plusieurs fois qu'il "ignore le contenu exact de la cassette et qu'il est venu dans le but de lui apporter son aide", et il aurait également refusé de porter plainte contre X, celui qui a vu ladite K7.

Le député écrit ensuite :
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Choqué, Mahieu veut faire sortir l'affaire, mais X ne le suit pas. En mars 2004, il rencontre des responsables du Vatican (dont Ratzinger, futur Benoît 16) à plusieurs reprises en mars 2004 pour leur expliquer toute l'histoire. Mais, il semble qu'ils avaient déjà la copie de la fameuse cassette ainsi que le dossier d'instruction de l'affaire Dutroux. Ce qui n'a semble-t-il rien changé puisque Danneels n'a pas été écarté pour autant de la course à l'investiture papale. Quant à Mahieu, il est mort en janvier 2011 d'un cancer qui s'était déclaré trois ans plus tôt à 68 ans.

On peut aussi redire que le dossier bis, jugé à la cour d'Assises d'Arlon où la lettre de Mahieu a été envoyée, s'est conclu par des non lieux pour tout le monde. Au lieu d'analyser tous les témoignages et toutes les preuves disponibles, on s'est contenté d'analyser quelques cheveux, ce qui n'a bien sûr rien donné.

Six ans plus tard

Lors de l'explosion du scandale de la pédophilie dans l'Eglise belge, et surtout du silence assourdissant des autorités, il y a eu des perquisitions chez Danneels et à l'archevêché, comme chez plein d'autres membres de l'Eglise. Mais, on a retrouvé dans son disque dur les photos des autopsies des deux petites (ainsi que d'autres documents sur l'affaire Dutroux), et Danneels a déclaré que c'était Mahieu qui les lui avait remises. Réponse de la justice, selon le quotidien la Dernière Heure: "Par la suite, Mahieu le justicier demandera audience au pape à Rome. Toujours est-il que ces documents n'avaient pas à sortir du dossier Dutroux : le parquet annonce l'ouverture d'une information à charge de X pour violation du secret professionnel. Pas question par contre à ce stade, d'un dossier (contre Mgr Danneels) pour recel".

Quand on a retrouvé ces documents et ces photos à l'achevêché (ou chez Danneels), on a d'abord dit qu'elles appartenaient à Danneels et que Mahieu les lui avait données, avant de déclarer que finalement non, c'est "un tiers" qui les a envoyés à un des collègues de Danneels, Mgr Léonard. Enfin, il y a eu la piste du "magazine anglais"...

En 1996 ou 1997, on avait déjà évoqué l'existence de nombreuses K7 pédophiles retrouvées chez Dutroux. Sur certaines, lui et/ou des personnalités politiques sont visibles alors qu'ils violent des enfants et des ados probablement sous l'emprise de médicaments (on en a d'ailleurs retrouvé des quantités considérables lors des perquisitions chez Dutroux). C'est la future présidente du Sénat belge, Anne Marie Lizin, qui en parle aux journalistes en ces termes: " Nous étions en discussion, Jean-Denis Lejeune [le père de Julie Lejeune, qui a contribué à la mise en place de Child Focus avec Lizin] et moi avec Elisabeth Yorre et John Raunburn de 'Missing Children' quand un coup de fil est arrivé. Comme c'était un gendarme belge, un certain Patrick du BCR (Bureau central des Recherches), et qu'il parlait de l'affaire Dutroux, les Américains ont branché le haut parleur... C'est ainsi que nous l'avons entendu dire que des cassettes pédophiles avaient été saisies et qu'il y avait des personnalités politiques dessus. Les films montraient un acte de viol et des violences. Dans un article sous encadré paru dans le quotidien Le Soir, daté du 16 mars 2004, le journaliste Marc Metdepenningen précisait même que 'la caméra était tenue par Michelle Martin, l'épouse de Dutroux, et qu'elle s'attardait sur le violeur et sur des personnes qui y assistaient et qui étaient au nombre de 15 à 20". Anne Marie Lizin a ensuite ajouté: "En restant schématique, on peut dire que les spécialistes américains du Centre s'étonnent qu'aucun progrès n'ait encore été fait, en exploitant le matériel saisi, dans l'identification des clients... Ils craignent, étant donné le contenu explosif de ces enregistrements, que ces cassettes soient détruites ou endommagées afin de les rendre inexploitables".

Et bingo! Les cassettes de Dutroux (sauf les plus anodines) ont disparu dans les couloirs des palais de Justice belges, qui ont décidément beaucoup de fuites.

Une autre histoire a circulé au sujet de Danneels à la fin des années 90: "Celui-ci aurait 'égaré' dans de curieuses circonstances sa bague d'évâque, sensée être portée en permanence (...) Plusieurs semaines après ladite perte, un jeune adolescent maghrébin de 11 ans tenta de revendre la bague du cardinal dans une bijouterie de Malines. Le bijoutier étonné fera appel à la police et le jeune homme sera interpellé. Un article du 'Belang Van Limburg' passé très discrètement dans la presse laisse entendre que l'adolescent aurait 'trouvé' l'anneau dans les appartements privés du cardinal, à l'archevêché de Malines... La police a contacté l'archevêché qui déclara qu'il n'y avait jamais eu de cambriolage. L'affaire fut très rapidement enterrée et classée sans suite. Le jeune homme quant à lui ne fut jamais inquiété".

Bref, les questions sans réponse restent nombreuses dans ce dossier. Et il faudrait commencer par expliquer quelles investigations ont été menées au sujet de cette fameuse cassette, ce qu'il en est advenu, et pourquoi personne n'a été inquiété à ce propos.

Pièce jointe :

La lettre de Mahieu au président de la Cour d'Assises d'Arlon: 29730831_danneels