Les dégâts et les victimes sont nombreux, accentués par une météo peu clémente dans les zones de Mirandola, San Felice et Finale Emilia.

Des dizaines de nouvelles secousses, d'une magnitude allant jusqu'à 3,7, ont frappé lundi la région de Ferrare, dans le nord-est de l'Italie, accentuant l'angoisse des 5 000 personnes déplacées après le fort séisme de dimanche. La plupart des répliques se sont produites dans les zones de Mirandola, San Felice et Finale Emilia, les plus touchées par le séisme de 4 h 4 locales dimanche, qui a fait six morts et une cinquantaine de blessés mais aussi causé d'importants dégâts au riche patrimoine de cette région. Au total, 5 000 personnes, entre les zones de Modène et Ferrare, ont été installées dans diverses structures, a indiqué le préfet de Ferrare, Luigi Mauriello.

Nombreux sont ceux qui ont passé la nuit dans leurs voitures, garées sur des parkings de supermarchés ou des places publiques, le plus loin possible de tout immeuble, de crainte que des murs ne s'écroulent. D'autres ont été hébergés dans des centres d'accueil improvisés. Plus d'une centaine de personnes ont ainsi passé la nuit dans le gymnase de Sant'Agostino, près de Ferrare, où la protection civile avait disposé dans la soirée lits, chaises et tables ainsi qu'un groupe électrogène. À Finale Emilia, lieu de l'épicentre à 36 km au nord de Bologne, quatre campements ont été mis sur pied. "On a travaillé toute la nuit", raconte Sebastiano Lucchi, un responsable de la protection civile italienne, qui met la dernière main au quatrième campement dans le stade de la ville.

Rafales de vent et pluies

"Ici, on pourra accueillir 500 personnes. Beaucoup de gens ont encore peur même si leurs maisons n'ont pas été détruites", explique-t-il. C'est le cas de Maria, une retraitée blonde aux yeux bleus : "Il y a encore des secousses donc nous avons encore peur, mais ici, on se sent en sécurité, même si on est inquiets parce qu'on va peut-être devoir rester ici pour longtemps." "Nous redoutons un autre tremblement de terre", lâche son fils, Massimiliano, un grand gaillard qui s'effondre en larmes. Durant la nuit, des dizaines de nouvelles répliques ont été ressenties, dont quatre de magnitude supérieure à 3. "Comment peut-on dormir alors que la terre tremble encore?" s'interroge un rescapé.

Après de fortes rafales de vent et de pluie dans la nuit, puis une brève accalmie, des trombes d'eau déferlaient lundi sur la zone, mettant à rude épreuve les bâtiments dont les toits ont été endommagés par le séisme, notamment les églises, particulièrement frappées. La photo de la tour de l'horloge de Finale Emilia, brisée en deux sur toute la longueur, barre la une de tous les quotidiens italiens lundi matin sous les titres "Peur et douleur" ou "Nuit de cauchemar". Fortement endommagée, la tour s'est complètement écroulée après une nouvelle secousse dimanche après-midi : "Mille années d'histoire qui disparaissent", s'est désespéré le maire de la ville, Fernando Ferioli. "Les dommages causés au patrimoine culturel, selon les premières constations, s'avèrent importants", a confirmé le ministère de la Culture, qui a aussitôt dépêché des experts aux côtés des pompiers pour inspecter les monuments.

Lundi, les écoles de la zone devaient rester fermées pour permettre des contrôles techniques sur la sécurité des bâtiments. Le séisme de dimanche matin, de magnitude 6, a été enregistré par l'Institut national de géophysique dimanche à 4 h 4 (2 h 4 GMT). Quatre des victimes étaient des ouvriers qui travaillaient dans des usines : Gerardo Cesaro, Nicola Cavicchi, Leonardo Ansaloni et Tarik Naouch n'étaient pas en week-end comme la plupart des Italiens mais en train de travailler dans cette dynamique région industrielle où, malgré la crise, beaucoup d'usines tournent à plein régime, y compris la nuit. Les autres victimes sont deux femmes: l'une, une centenaire, qui a été retrouvée sous les décombres de sa maison isolée, et l'autre, une Allemande de 37 ans, prise d'un malaise provoqué par le stress au moment du séisme.