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10% des personnes qui travaillent à Wall Street sont des psychopathes, démontrant un manque total d'empathie pour les autres, et prêts à mentir, affabuler et manipuler si cela peut les rapprocher de leur objectif. Une autre étude avait conclu que les riches étaient plus enclins à mentir, à tricher et à enfreindre la loi que les autres. Mais il n'y a rien de surprenant à tout cela, affirme William Deresiewicz dans le New York Times, parce que le capitalisme est basé sur ces mauvais comportements, et Wall Street en est la quintessence même, estime-t-il. L'écrivain néerlandais Bernard Mandeville l'avait déjà illustré dans son poème de la Fable des Abeilles, écrit il y a presque 3 siècles de cela.

Mandeville y expose que la société commerciale créée de la prospérité en exploitant nos impulsions naturelles : la fraude, l'indulgence sensuelle et la vanité. Ces impulsions sont à l'origine de la demande. La fraude affecte l'offre.

Enron, Goldman Sachs, Philip Morris, News Corp... La liste des firmes qui se sont illustrées dans la fraude est très longue. Elles ont heurté les clients, triché avec leurs employés, détruit les terrains, obligeant le contribuable à mettre la main à la poche. Ce ne sont pas des cas d'espèces, affirme Deresiewicz ; c'est comme cela que ce système fonctionne.

Il y a bien des entreprises éthiques, et des hommes d'affaires éthiques, mais l'éthique dans les affaires est un choix facultatif, et s'attendre à trouver systématiquement de la moralité sur le marché est une grosse erreur. Les valeurs capitalistes, qui prônent la recherche exclusive du profit et le chacun pour soi, s'opposent aux valeurs chrétiennes, et aux valeurs démocratiques.

On dit parfois des entrepreneurs qu'ils sont des créateurs d'emplois, et l'on devrait en ressentir de la reconnaissance, et admettre qu'ils méritent tout ce qu'ils ont, et que ceux qui les condamnent sont envieux. Mais si les chefs d'entreprise sont des créateurs d'emplois, les travailleurs sont des créateurs des richesses dont les chefs d'entreprise s'accaparent. En outre, les chefs d'entreprises et les riches ne sont pas forcément les mêmes. Les riches proviennent parfois de corporations bien établies, comme les médecins ou les avocats, ou ils peuvent avoir hérité de leur argent. Les riches et les chefs d'entreprise ne sont pas ceux qui ont le plus d'esprit, comme les scientifiques ou les universitaires, qui eux, visent des récompenses de nature différente. En outre, une personne qui prend un crédit ou qui conçoit un enfant prend tout autant de risque qu'un chef d'entreprise.

Ces distinctions sont importantes pour savoir quelles politiques économiques peuvent être adoptées. Adam Smith croyait en une main invisble qui permettait au marché d'atteindre son équilibre seul. Mais pour Mandeville, cette main devait être guidée par un politicien compétent et habile. Deresiewicz partage son point de vue, et il prône l'interventionnisme de l'Etat pour contrôler les abus du marché. Autrement dit, cette main recouvre ce que, de nos jours, on appelle législation, régulation et imposition.