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L'opposition manifeste à Deraa, le 12 mai : vous avez dit "boucliers humains enfantins", Madame Coomaraswamy ?
Les Nations-Unies, en tous cas une de leurs nombreuses subdivisions, ont produit mardi un nouveau rapport dirigé contre le régime syrien, accusé - ce n'est d'ailleurs pas une nouveauté - d'avoir fait torturer voire exécuter par ses sbires des centaines d'enfants, en utilisant d'autres comme bouclier humains dans les opérations de l'armée. La représentante spéciale de l'ONU pour les enfants impliqués dans les conflits armés, Rhadikaa Coomaraswamy, a même assuré que rarement au cours de sa carrière elle avait vu un pays commettre autant de brutalités. Et cette « performance » vaut au pays de figurer en « pool position » sur la liste établie par cette branche de l'ONU, liste dite « de la honte ». Décidément, on peut dire que la Syrie aura eu droit à toutes les attentions médiatiques et diplomatiques depuis 16 mois !

Ca sent le témoignage « militant »...

Coomaraswamy cite à l'appui de ses dires un exemple survenu à la mi-mars, dans le village d'Ayn l'Arouz, dans le gouvernorat d'Ibleb : pour attaquer les rebelles qui y était retranchés, militaires et membre des services de sécurité, sans oublier les incontournables chabihas, auraient poussé devant eux, devant leurs autocars pour être précis, des « dizaines » de garçons âgés de huit à treize ans, et au moins trois d'entre eux auraient péri dans les échanges de tirs consécutifs.

Nous n'étions pas, Madame Coomaraswany non plus d'ailleurs, sur place. Tout est possible dans une guerre impliquant guérilla et contre-guérilla. Tout est possible, mais de là à dire que c'est probable, ou mieux avéré, c'est aller trop vite en besogne. D'abord on serait curieux - sinon forcément surpris - de connaître les sources du rapport Coomaraswany. N'émaneraient-elles pas, par hasard, de témoignages labellisés opposition ? L'AFP, Reuters et bien sûr les représentants des Nations-Unies ont été gâtés, depuis le début des troubles, en histoires horrifiques sur la brutalité du régime et de ses troupes. Souvent, c'est la corde très sensible des enfants tué et maltraités qu'ont fait vibrer l'OSDH, les Comités locaux de coordination (CLC) sans oublier les cyber-propagandistes genre Syrian Revolution 2011. Il y a dans ce systématisme et dans cette surenchère constante sur la barbarie supposée du régime quelque chose de suspect. Surtout en ce qui concerne les cas de torture d'enfants emprisonnés, subissant brûlures de cigarettes et décharges électriques sur les parties génitales, histoire d'ajouter l'horreur à la cruauté. En 1914, les soldats allemands ont pu être accusés de couper les mains d'enfants, en1989, la Securitate de Ceaucescu de carnage de nouveaux nés à Timisoara, en 1990, les soldats irakiens de débrancher les couveuses de bébés koweitiens. La Syrie mise au banc de la planète (enfin de la partie occidentale de celle-ci) ne pouvait donc pas échapper à ce classique propagandiste disqualifiant.

Encore une fois, nous ne savons pas pour Ayn l'Arouz, mais ce que nous savons en revanche des mensonges et bidonnages de l'opposition, et de la perméabilité des média et d'institutions internationales comme l'ONU à ces fausses nouvelles nous conduit, tout bacharisme ou anti-américanisme mis à part, au scepticisme.

Une dernière chose : nombre de photos ou de vidéos diffusées par l'opposition syrienne attestent que celle-ci n'hésite pas à enrégimenter en grand nombre les enfants dans ses manifestations du vendredi. Pour étoffer les rangs bien sûr. Mais peut-être aussi pour dissuader les forces de l'ordre de les disperser trop rudement. Dans ce cas, ces enfants-là ne sont-ils pas aussi des « boucliers humains » ? Mais peut-être Rhadikaa Coomaraswany préfère dans ce cas parler de « boucliers citoyens » ?