Traduction : MR pour ISM

Dans une cruelle ironie du sort, le président israélien Shimon Peres a été honoré ce soir de la "Médaille présidentielle de la Liberté" lors d'une fête somptueuse à la Maison Blanche pendant que Mahmoud Sarsak, étoile montante du football palestinien, est en train de mourir d'inanition. Sarsak est à son 86ème jour de grève de la faim pour exiger les libertés humaines fondamentales que lui nie le gouvernement de Peres. Pour ajouter l'insulte à l'ironie, Shimon Peres profitera de l'occasion pour présenter à Obama une pétition demandant la libération d'un espion israélien, Jonathan Pollard, qui s'est fait prendre en train de divulguer des secrets du Pentagone.
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Peres est un homme au passé militaire et même subversif considérable, qui a adopté des positions religieuses plus extrémistes que le reste de sa communauté. Il a raconté qu'alors qu'il était enfant en Pologne, il a cassé la radio de ses parents parce qu'ils l'écoutaient pendant le sabbat. Très jeune, il a rejoint la Haganah, une milice juive armée responsable de massacres, de déplacements de masse et autres violations des droits de l'homme.

Après la création de l'Etat d'Israël, Peres a été chargé du commerce d'armes du gouvernement. Il fut un ardent défenseur de la colonisation, en particulier au début de sa carrière. Il a été ministre d'État, de la défense, de la communication, des transports, de l'intégration des immigrants, premier ministre et maintenant président. Au cours de sa carrière politique, il a supervisé des massacres, des guerres, l'occupation, la discrimination, les violations des droits de l'homme, la rupture de traités politiques et il a été le fer de lance de la prolifération nucléaire d'Israël.

Son gouvernement séquestre actuellement Mahmoud Sarsak et plus de 500 autres prisonniers politiques palestiniens, sans inculpation ni procès, en violation du droit international.

Selon sa famille, Mahmoud Sarsak ne s'est jamais occupé de politique et a consacré le plus clair de son temps à réfléchir à et à mener sa carrière de joueur de football. Les Sarsak sont réfugiés de la ville de ʾIsdūd (إسدود) [renommée Ashdod par l'occupant, ndt] à 35 kilomètres au sud de Tel Aviv, mais Mahmoud a grandi dans un camp de réfugiés au sud de Gaza. Très jeune, il était déjà un excellent joueur de football et à 11 ans, il représentait la Palestine aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Téhéran. Il a joué dans plusieurs équipes, dont le Club sportif de la jeunesse à Gaza et le Club sportif de Rafah. Étant donné les possibilités de carrière limitées dans le sud de la Bande de Gaza, Sarsak a déménagé au nord pour devenir professionnel et très vite, il a été sélectionné pour rejoindre un des principaux clubs de football de Cisjordanie .

En 2009, il a obtenu les permis exigés par Israël pour aller d'un territoire palestinien à l'autre et est parti pour la Cisjordanie pour réaliser son rêve. Sans aucun avertissement ni explication, Sarsak a été arrêté au checkpoint d'Erez par l'armée israélienne. De son arrestation en 2009 à aujourd'hui, ses meilleures années d'athlète ont été gâchées dans les geôles israéliennes. Sa détention selon la vague loi des "combattants illégaux" a été continuellement renouvelée, sans inculpation, sans procès, sans même la moindre allégation. Actuellement, il vient de passer près de 3 mois en grève de la faim pour protester contre les injustices qu'il subit. Même s'il survit à sa grève de la faim, il devra surmonter de nombreux problèmes de santé qui l'empêcheront d'être un athlète professionnel, et peut-être même amateur.

Petits fours et distinctions honorifiques pour l'agitateur [criminel de guerre, ndt], inanition et mort pour l'athlète pacifique. Quel genre de message essayons-nous, en Amérique, d'envoyer au monde en donnant des médailles au violent, et en privant le non-violent de sa liberté ?