Aussitôt son immunité présidentielle levée, l'ex-président français Nicolas Sarkozy se retrouve visé par une plainte.

Deux familles de victimes d'un attentat à Karachi le 8 mai 2002, où 11 Français, salariés de la direction des constructions navales (DCN), ont été tués, reprochent à l'ancien président d'avoir violé le secret de l'enquête sur l'affaire.

Cette plainte vise également son conseiller chargé de la communication, Franck Louvrier, et son ex-ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux.

Le 22 septembre 2011, la présidence française avait publié un communiqué dans lequel il était notamment affirmé que, « s'agissant de l'affaire dite de Karachi, le nom du chef de l'État (Nicolas Sarkozy) n'apparaît dans aucun des éléments du dossier ». « Il n'a jamais été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier », précisait la présidence.

Ce communiqué répliquait à des articles de presse accusant Nicolas Sarkozy d'être lié à cette affaire après l'inculpation de deux proches du chef de l'État, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire.

Dans cette plainte, les deux familles estiment qu'en diffusant ce communiqué, le président a violé l'indépendance de l'autorité judiciaire.

« À partir de l'instant où M. Nicolas Sarkozy explique qu'au vu des pièces de la procédure, il n'est pas concerné par ce dossier, ça signifie qu'il a été en possession des pièces de la procédure. Il y a eu une divulgation auprès de ses services de ces informations et il en a été par définition receleur », a déclaré Me Morice, l'avocat des plaignants.

Les juges instruisant le volet financier de l'affaire Karachi soupçonnent que des rétrocommissions, en marge de contrats de vente de sous-marins au Pakistan, ont servi à financer la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy, ministre du Budget à l'époque, était le directeur de campagne.

Une des hypothèses de l'enquête est que l'arrêt du versement des commissions, décidé en 1995, ait pu déclencher des représailles et être à l'origine de l'attentat.

Nicolas Sarkozy est susceptible d'être inquiété dans plusieurs autres affaires, dont celle visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, qui aurait contribué illégalement au financement de sa campagne électorale de 2007.