
La méditation active a des effets bénéfiques sur le cerveau, même à court terme.
Une étude américaine publiée récemment montre qu'une demi-heure de méditation chinoise active par jour peut améliorer la connectivité cérébrale.
Yi-Yuan Tang et Michael Posner, des chercheurs américains spécialistes des maladies mentales, rapportent que 11 heures de pratique par mois (ou environ une demie heure par jour) de cette technique de méditation active montrent des résultats positifs sur le cerveau, même pour les débutants.
"
Les changements physiques importants que nous avons notés mettent en évidence que la méditation peut, sur le court terme, améliorer le contrôle de soi, l'humeur et la réponse au stress", selon Michael Posner de l'Université de l'Oregon.
Yi-Yuan Tang, co-auteur de l'étude, a développé la technique appelée "gymnastique intégrée du corps et de l'esprit" (IBMT "integrative body-mind training") dans les années 90 à partir de la médecine chinoise. Contrairement à d'autres types de méditation qui requièrent un entraînement sur le long
cours, sa technique intègre des postures et des exercices de respiration que l'on peut maîtriser en cinq jours, selon Tang.
Cette étude a été publiée dans la revue
Proceedings of the National Academy of Sciences.
Pour la réaliser, les chercheurs ont choisi de façon aléatoire 68 étudiants de la Dalian University of Technology (Chine), tous débutants en méditation. On a montré des exercices de méditation active à un groupe et de méditation pure au second. Ils les ont mis en pratique pendant environ une demi-heure par jour, pendant un mois.
Les chercheurs ont noté des changements dans le groupe de méditation active, dans la région du cerveau reliée à l'autorégulation, le cortex cingulaire antérieur. Ces changements étaient visibles après quelques semaines de pratique, ce qui n'était pas le cas pour le groupe plus orienté vers la relaxation.
Une autre étude, publiée l'année dernière, a démontré que participer à un programme de huit semaines de méditation active (mindfulness) pouvait entraîner des changements cérébraux dans les régions associées à la mémoire, l'empathie et au stress.
Voici un article un peu plus détaillé sur cette même étude :
"Les scientifiques l’appellent Intégration corps-esprit ou « integrative body–mind training » (IBMT). Il s’agit d’une forme de méditation adaptée de la médecine traditionnelle chinoise pratiquée, là-bas, par des milliers de personnes, et basée sur la détente du corps, le contrôle de la respiration, l'imagerie mentale, la concentration, le tout sur une musique de fond. Cette forme de méditation aurait des conséquences physiologiques et cérébrales, très bénéfiques, selon ces auteurs de l’Université de l’Orégon qui publient dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences américaine.
Des changements physiologiques : Modification de structure de la substance blanche du cerveau, entraînant des changements positifs de comportement, densité axonale accrue ce qui signifie un plus grand nombre de connexions, et expansion de la myéline, la gaine protectrice des axones, dans la région du cerveau nommée cortex cingulaire antérieur. Ce sont les différents changements cérébraux objectifs, constatés par ces chercheurs, au bout de seulement un mois de pratique de cette forme de méditation.
Une humeur améliorée : Les scientifiques Yi-Yuan Tang et Michael Posner rapportent une humeur améliorée chez les 45 participants à leur étude de neuroimagerie, débutée dès 2010, alors sur 68 étudiants chinois et réanalysée pour obtenir ces nouveaux résultats. Dès 2 semaines de pratique, la densité des axones du cerveau est améliorée, après un mois, soit environ 11 heures de méditation, les auteurs constatent la formation de substance blanche impliquant le cortex cingulaire antérieur, une région du cerveau liée à l'autorégulation et qui peut être une cible pour prévenir ou prendre en charge les troubles mentaux.
Un "re-développement du cerveau": Les changements constatés, expliquent les auteurs, seraient très proches de ceux constatés au cours du développement du cerveau dans la petite enfance. Ainsi, dès 2007 et déjà publiés dans les PNAS, les auteurs avaient montré que cette forme de méditation permettait, après seulement 5 jours de pratique, de réduire les niveaux de cortisol, l'hormone du stress, et de l'anxiété, la dépression, la colère et la fatigue. En 2009, toujours dans la revue PNAS, les chercheurs suggéraient que la méditation permettait d’augmenter le débit sanguin dans le cortex cingulaire antérieur droit, de réduire le rythme cardiaque, d’augmenter la conductance de la peau, l'amplitude respiratoire ventrale en réduisant l’amplitude thoracique.
Ils montrent aujourd’hui des effets bénéfiques qui montent jusqu’au cerveau.
Source: PNAS June 11, 2012, doi: 10.1073/pnas.1207817109 « Mechanisms of white matter changes induced by meditation”
[Lien]