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Un manifestant brandit une pancarte pour demander la suspension de l'extradition de Julian Assange. | Reuters/OLIVIA HARRIS
Le cas Julian Assange tourne au véritable affrontement diplomatique entre l'Equateur et la Grande-Bretagne. Le cofondateur de WikiLeaks, réfugié depuis le 19 juin à l'ambassade équatorienne à Londres, a obtenu de Quito l'asile politique, ce à quoi le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague, a opposé une fin de non-recevoir.

"La Grande-Bretagne ne reconnaît pas le principe d'asile politique, a rappelé M. Hague lors d'une conférence de presse. Et pour les pays qui reconnaissent l'asile politique, il ne devrait pas être utilisé pour échapper à la justice." "Nous n'accorderons pas de sauf-conduit à M. Assange. Il n'y a aucune justification légale à cela", a ajouté M. Hague

Dans la matinée, les autorités britanniques avaient encerclé l'ambassade d'Equateur. Dans la foulée, le ministre des affaires étrangères équatorien, Ricardo Patiño, avait annoncé qu'il accordait l'asile politique à Julian Assange, ajoutant dans un tweet : "Nous attendons que le Royaume-Uni délivre un sauf-conduit."

LA SUÈDE DÉMENT TOUTE INTENTION D'EXTRADER ASSANGE

Après cette décision, la Suède a décidé de convoquer l'ambassadeur équatorien à Stockholm pour qu'il s'explique sur les accusations de partialité de son gouvernement contre la justice suédoise. Afin de justifier sa décision, M. Patiño a en effet déclaré que si M. Assange "était placé en détention préventive en Suède, se produirait une chaîne d'événements qui ne pourrait éviter son extradition" dans un pays tiers comme les Etats-Unis.

"Ces accusations sont graves et il est inacceptable que l'Equateur veuille arrêter le processus judiciaire suédois et la coopération judiciaire européenne", a réagi le ministère des affaires étrangères suédois, qui dément avoir l'intention de livrer l'Australien aux autorités américaines.

"Il n'y aucune demande d'extradition de la part des Etats-Unis", a assuré Anders Jörle, porte-parole du ministère. Et même si c'était le cas, la Suède et la Grande-Bretagne ne peuvent pas, en raison des lois locales et européennes, extrader un individu "vers un pays où le prévenu risque la peine de mort". Jeudi, les Etats-Unis ont démenti toute pression sur Londres pour appréhender Assange.

LONDRES ÉCARTE UN ASSAUT DE L'AMBASSADE

"Il est important de garder en tête que cela ne concerne pas les activités de M. Assange avec WikiLeaks, ou l'attitude des Etats-Unis. M. Assange est recherché par la justice suédoise", a souligné William Hague.

Julian Assange est suspecté par la justice suédoise de viol et d'agression sexuelle. Il n'a pas été mis en examen, et est pour l'instant recherché comme témoin. Il redoute d'être transféré dans un second temps aux Etats-Unis pour y répondre d'espionnage après la divulgation par son site de deux cent cinquante mille télégrammes diplomatiques américains.

Claes Borgström, l'avocat des deux Suédoises qui ont porté plainte contre Julian Assange, affirme avoir "beaucoup de mal à comprendre" les raisons qui ont poussé l'Equateur à prendre une telle décision, dénonçant les motivations "politiques" de Quito et reprochant à Julian Assange d'avoir "réussi à ce qu'on ne parle que de WikiLeaks et des Etats-Unis".

Autour de l'ambassade équatorienne à Londres, la situation était toujours tendue. L'Equateur a d'ores et déjà prévenu qu'"une entrée non autorisée dans l'ambassade d'Equateur serait une violation flagrante de la convention de Vienne" sur les missions diplomatiques.

William Hague a assuré qu'il n'y avait aucun risque que l'ambassade équatorienne soit prise d'assaut par le Royaume-Uni, mais a prédit que la situation pourrait encore durer très longtemps. Quant à Julian Assange, il considère la décision de Quito comme "une victoire importante", mais pense que "les choses vont probablement devenir plus stressantes maintenant".