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Photo: Rebelles syriens à Alep. REUTERS/Goran Tomasevic
Une bonne partie des armes envoyées par les Etats-Unis aux rebelles syriens pour les soutenir dans leur tentative de renversement du régime de Bachar el-Assad finit entre les mains de djihadistes islamistes, selon un rapport confidentiel auquel le New York Times a eu accès. Le quotidien américain écrit:
«Cette conclusion, connue du président Obama et d'autres responsables de haut rang grâce à des évaluations confidentielles du conflit syrien qui a désormais fait plus de 25.000 victimes, pose la question de savoir si la stratégie d'intervention minimale et indirecte de la Maison Blanche dans le conflit syrien atteint son objectif, qui est d'aider l'opposition qui se réclame de la démocratie à renverser un gouvernement oppressif, ou si elle sème les graines de futures insurrections hostiles aux Etats-Unis.»
La situation rappellera à beaucoup celle de l'Afghanistan pendant la Guerre froide, où l'envoi de nombreux militants et armes étrangères aux moudjahidines a donné lieu à un retour de bâton et même servi de tremplin à des extrémistes ambitieux comme Oussama ben Laden.

Si les Etats-Unis n'envoient pas directement des armes aux rebelles syriens, le pays fournit des renseignements et du soutien pour des cargaisons de fusils et de grenades organisées principalement par l'Arabie saoudite et le Qatar.

Les responsables américains essayent de comprendre pourquoi les islamistes extrémistes reçoivent une telle proportion des armes envoyées à l'opposition syrienne. «Les groupes de l'opposition qui reçoivent la majorité de l'aide létale sont précisément ceux que nous ne voulons pas voir mettre la main dessus», a déclaré un officiel américain anonyme.

Une partie du problème réside dans le manque d'organisation et de transparence des transferts d'armes secrets, selon le rapport. Il n'y a pas de bureau central pour les cargaisons, et aucun moyen efficace de contrôler les groupes qui les reçoivent.

Le rapport souligne les inquiétudes des Américains, qui craignent non seulement que les armes puissent renforcer des groupes d'insurgés américains, mais aussi que des groupes extrémistes dominent le futur gouvernement syrien si Bachar el-Assad venait à être renversé. «Plus cela dure, et plus il y a de chances que des groupes se renforcent», analyse un diplomate du Moyen-Orient dans les colonnes du New York Times.