Les Britanniques sont descendus en nombre dans les rues pour manifester leur refus de la politique d'austérité du gouvernement, déterminé, malgré son impopularité, à poursuivre la cure de rigueur.

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© afp.com/Carl CourtLONDRES - Des dizaines de milliers de manifestants sont descendues dans la rue pour dire non à la politique d'austérité du gouvernement.
Pompiers, infirmières, enseignants, jeunes sans-emploi, militants ou représentants de l'opposition: des dizaines de milliers de manifestants de toute origine ont défilé côte à côte pendant plusieurs heures samedi à Londres, mais aussi à Glasgow (Ecosse) et à Belfast (Irlande du Nord), autour d'un même mot d'ordre: "non aux coupes budgétaires".

A Londres, une grande banderole bleue ouvrait le cortège avec l'inscription: "l'austérité est un échec", une critique récurrente de l'opposition qui accuse la politique de rigueur d'entraver la reprise. "Le fait qu'il y ait des centaines et des centaines de personnes qui défilent aujourd'hui (...) est un bon indicateur: il y a un important pourcentage de gens dans ce pays qui sont fondamentalement contre les coupes, toutes les coupes", s'est réjoui Ben, 21 ans, dans le cortège.

Le secrétaire général de la confédération syndicale TUC Brendan Barber s'est félicité de cette mobilisation qui envoie "un message très fort". Ni les syndicats ni la police n'ont toutefois fourni d'indications précises sur l'importance du défilé. Les organisateurs ont simplement déclaré que la police leur avait communiqué le chiffre d'au moins 100 000 manifestants.

Une moindre ampleur qu'en mars 2011

La mobilisation n'a cependant pas atteint l'ampleur du grand rassemblement contre l'austérité de mars 2011 qui avait réuni entre 250 000 et 500 000 personnes, selon les diverses estimations, dans un pays peu coutumier des très grandes manifestations sociales. Prenant la parole à Hyde Park, un grand parc du centre de Londres, le dirigeant travailliste Ed Miliband a accusé le Premier ministre conservateur David Cameron de "faire des coupes trop importantes et trop rapides".

"Il s'accroche à une politique économique qui ne marche pas", a-t-il lancé, tout en admettant que les travaillistes auraient "aussi des arbitrages difficiles à faire" quand ils reviendraient au pouvoir. Cette partie de son discours a été huée par certains manifestants, qui ont en revanche applaudi quand un dirigeant syndical a appelé à l'organisation d'une grève générale de 24 heures.

Le gouvernement "nous avait dit que si nous faisions des sacrifices, la reprise économique serait au rendez-vous", a expliqué Brendan Barber. "Au lieu de quoi nous nous sommes enfoncés dans la récession". "La barque est pleine", a renchéri Dave Prentis, dirigeant d'Unison, plus grand syndicat de salariés du secteur public.

Trois budgets d'austérité consécutifs

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement a présenté trois budgets d'austérité consécutifs, faisant de la lutte contre les déficits publics sa priorité. Bien que l'économie britannique ait replongé dans le rouge, ce qui fait grincer des dents jusque dans son propre parti, le Premier ministre a annoncé début octobre un nouveau tour de vis, avec des coupes de 10 milliards de livres (12 milliards d'euros) dans les dépenses sociales.

"Aujourd'hui, Ed Miliband a pris la tête d'une manifestation demandant de revenir sur la moindre des coupes budgétaires dont nous avons besoin pour venir à bout des déficits", a-t-il contre-attaqué sur Twitter. David Cameron paye toutefois au prix fort sa détermination à apurer les comptes publics: les travaillistes sont largement en tête dans les sondages, malgré le manque de popularité de leur leader.

Avec AFP