Dahou Ould Kablia
© InconnuDahou Ould Kablia, ministre algérien de l'Intérieur et des Collectivités locales, en mai 2012.

Le ministre algérien de l'Intérieur estime que l'argument selon lequel le nord du Mali pourrait se transformer en base arrière d'al-Qaïda ne tient pas debout.


Dans une interview au journal francophone Le Soir, jeudi 8 novembre 2012, Dahou Ould Kablia considère que la situation sécuritaire dans le nord du Mali ne doit pas justifier une intervention militaire envisagée par la Cédéao et les Nations unies. Une prise de position qui a le mérite d'éclaircir le positionnement d'Alger sur cette question.

Si la position algérienne apparaissait ambigüe voire indéchiffrable, cette fois il semble bien que le camp des anti-interventionnistes l'a emporté. Le ministre algérien de l'Intérieur conteste avec virulence ceux qui pensent que le Sahel peut devenir un nouvel Afghanistan : leurs arguments « ne tiennent pas debout ».

Alger défend bec et ongles l'option du dialogue pour régler la crise malienne. « Si les gens s'imaginent qu'il faut réinstaurer l'autorité centrale sur le nord du Mali par la voie de la guerre, cela aura des conséquences très graves », affirme encore le ministre.

L'arrière-cour sahélienne

L'Algérie ne souhaite pas que des puissances étrangères viennent mettre leur nez dans une zone qu'elle considère comme son arrière-cour. Ce sont les Algériens qui depuis vingt ans ont parrainé les divers accords de paix entre Bamako et les rébellions touarègues. Si vous regardez de près tous ces accords, constate un fin connaisseur de l'histoire malienne, ils ont abouti à l'effacement de l'Etat dans le Nord, et au fil du temps l'évacuation des garnisons militaires a permis l'installation d'Aqmi Iet le développement de toutes sortes de trafics.

A tort ou à raison le gouvernement algérien dédramatise la situation. Le nombre de terroristes et de narco-trafiquants au Sahel « ne dépasse pas 2 000 à 3 000 » note encore le ministre algérien. Mercredi 7 novembre à New York le ministre allemand des Affaires étrangères jugeait lui que l'établissement d'un refuge pour terroristes dans le nord du Mali menacerait la sécurité mondiale.