Recep Tayyip Erdogan a une nouvelle fois témoigné de la solidarité de la Turquie vis-à-vis de la cause palestinienne.

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© ADEM ALTAN / AFP Le premier Ministre turc a qualifié Israël d'« État terroriste ».
Israël est un "État terroriste" et mène un "nettoyage ethnique" contre les Palestiniens. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, n'y est pas allé de main morte pour conspuer l'opération israélienne dans la bande dans la bande de Gaza. Les vociférations d'Erdogan ont résonné mardi au Parlement lors de son traditionnel discours hebdomadaire à l'adresse des députés de son Parti de la justice et du développement (AKP), une formation issue de la mouvance islamiste au pouvoir en Turquie depuis dix ans.

"Israël ignore dans cette région la paix, piétine le droit international et mène un nettoyage ethnique contre un peuple. Ce pays occupe petit à petit les territoires palestiniens", a martelé Recep Tayyip Erdogan, longuement ovationné par un parterre acquis complètement à la cause palestinienne. La veille il avait qualifié Israël d'"État terroriste" en raison de son offensive sur la bande de Gaza depuis sept jours en réponse à des tirs de roquettes depuis ce territoire.

75 millions de Turcs aux côtés des Gazaouis

Mardi, alors qu'il attaquait de plein fouet l'État hébreu au Parlement, l'avion de son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, atterrissait en Égypte, d'où le ministre devait passer à Gaza, afin de témoigner de la "solidarité" de la Turquie. "L'important est de faire en sorte, de faire comprendre et de faire sentir aux habitants de Gaza qu'ils ne sont absolument pas seuls", a dit Ahmet Davutoglu à la presse à l'aéroport d'Ankara avant d'embarquer. "75 millions de Turcs sont à leurs côtés", a-t-il ajouté.

Le sentiment anti-israélien est fort chez les islamistes en Turquie, et chaque attaque israélienne contre les Palestiniens provoque des manifestations. Prolongeant un temps la politique de ses prédécesseurs, qui avaient scellé en 1996 une alliance militaire régionale avec Israël, Erdogan s'est progressivement distancié de cette vision. L'opération "Plomb durci" des forces israéliennes contre Gaza pendant l'hiver 2008-2009 avait donné à Erdogan et à son parti la parfaite excuse. Le gouvernement turc s'est ainsi rapproché du mouvement palestinien islamiste Hamas, qui contrôle Gaza, en dépit des protestations d'Israël et des États-Unis, qui le classent parmi les organisations terroristes.

Israël devra « rendre des comptes » (Erdogan)

Ses dirigeants ont été reçus en grande pompe en Turquie, certaines puissances mondiales se demandant à cette occasion si la Turquie, musulmane mais laïque et traditionnellement tournée vers l'Occident, changeait d'axe. "Non", avait alors répondu Erdogan, évoquant le souhait de son gouvernement de diversifier ses relations. Les liens entre la Turquie et Israël se sont considérablement distendus à partir de 2010, après l'assaut meurtrier par l'armée israélienne d'un navire turc qui transportait de l'aide humanitaire à Gaza, une opération internationalement condamnée qui avait coûté la vie à neuf Turcs.

Ankara réclame depuis des excuses et des compensations, ce que les Israéliens refusent. Et Recep Tayyip Erdogan a bien souligné mardi qu'il n'entendait pas renouer avec Israël. "Personne ne peut dire qu'Israël utilise son droit à l'autodéfense, Israël fait souffler actuellement un vent de terreur au Proche-Orient" et "devra tôt ou tard rendre des comptes", a-t-il martelé, fustigeant ce qu'il considère comme l'inertie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies sur la question. "Je ne crois plus à la justice de l'ONU", et "tant que la question palestinienne ne sera pas réglée, les souffrances et le sang resteront partie intégrante du Proche-Orient", a-t-il lancé, avant de conclure, la voix étranglée par l'émotion : "Si l'on doit mourir, mourons alors comme des hommes."