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© AFPMardi, la ville congolaise de Goma, au bord du lac Kivu et à la frontière du Rwanda, est tombée aux mains des rebelles du M23.
« Les femmes sont devenues des butins de guerre. Elles sont un champ de bataille. On les massacre et viole à satiété», s'est indignée mercredi Yamina Benguigui, la ministre chargée de la Francophonie, dénonçant les exactions commises dans le Kivu, région de l'est de la République démocratique du Congo (RDC). «Il faut avoir en tête cette catastrophe humanitaire au féminin », s'est-elle exclamé.

Les rebelles continuent d'avancer

Mardi, les rebelles du M23, ces opposants au président congolais Joseph Kabila, sont parvenus à prendre Goma, capitale régionale du Nord-Kivu, une région riche en minerais qu'ils convoitaient depuis le Printemps. L'ONU les a accusés d'avoir «blessé des civils, poursuivi les enlèvements d'enfants et de femmes, détruit des propriétés et intimidé les journalistes et ceux qui ont tenté de résister», évoquant des «exécutions sommaires». Parmi les victimes, «des responsables gouvernementaux et des chefs traditionnels qui s'opposent ou échouent à coopérer» avec le M23.

Le chef de la Mission de l'ONU pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) s'est dit inquiet d'un possible élargissement des manifestations qui se développent depuis mardi contre le gouvernement ou les forces de l'ONU sur place, accusées de n'être pas intervenues pour défendre Goma. Les forces gouvernementales se sont réfugiées dans une petite ville de Sake, à 267 kilomètres au nord de Goma. Mais mercredi soir, celle-ci est aussi tombée aux mains des rebelles. «Nous n'allons pas nous arrêter, nous continuons vers Bukavu», a prévenu Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23.



La responsabilité du Rwanda


Dans un communiqué commun, les présidents ougandais, rwandais et de République démocratique du Congo (RDC) ont exigé que les rebelles du M23 se retirent de Goma Mais selon la RDC et l'ONU, le Rwanda et l'Ouganda de soutiendrait en fait militairement le M23, ce que ces deux pays démentent.

Ces violences rappellent les événements de Bukavu en 2004. En dépit de la présence des Casques bleus, cette capitale du Sud-Kivu était tombée aux mains de rebelles soutenus par le Rwanda. Cette occupation, brève, avait tourné au désastre, avec son cortège de viols et de pillages. Ses instigateurs avaient finalement été écartés ou emprisonnés.


Les causes des violences


Les origines. Le Mouvement du 23 mars (M32), qui compte environ 1 200 hommes, a été créé début mai dans le Nord-Kivu (est) par des militaires congolais qui avaient pour la plupart combattu au sein de la rébellion pro-rwandaise à majorité tutsi du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda. Intégrés dans l'armée le 23 mars 2009 après un accord avec le gouvernement, ils se sont mutinés en avril 2012, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements.
Les revendications. Au début de la mutinerie, le M23 réclamait de garder les grades de ses officiers issus de la rébellion et de ne pas être divisés dans de nouvelles unités redéployées à travers le pays. Aujourd'hui, ils réclament la chute du Président Joseph Kabila.
Le refus de quitter le Kivu. Ces rebelles, qui appartiennent majoritairement à la communauté tutsi congolaise, ont toujours refusé de quitter leur région, au motif de la nécessaire défense de leur communauté, menacée par les violences des Hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).