Après le chewing-gum, le rock'n roll et les hamburgers, un nouveau phénomène venu d'outre-Atlantique déferle sur Paris : les punaises de lit.

On connaissait déjà les rats et les cafards mais cette petite bête-là, qui a déjà fait des ravages aux Etats-Unis, n'a rien à leur envier.

« Rappelez plus tard, on est débordé », s'agace un employé d'une des deux antennes parisiennes du Service municipal d'actions de salubrité et d'hygiène (Smash).

Un reportage diffusé aux aurores sur France Info a semé la panique. La psychose est en route.

En insistant un peu, on finit par savoir que le problème est en forte augmentation et a nécessité plus de 600 interventions dans la capitale depuis le début de l'année, même si la Mairie de Paris récuse le terme d'invasion et appelle à la raison.

« Le Smash s'occupe des animaux nuisibles mais de plein d'autres choses comme l'environnement et les punaises ne représentent qu'une infime partie de ses interventions », explique ainsi une porte-parole. « Les punaises ne sont pas le coeur de cible de la Mairie de Paris. »

La menace, qui occupe également la cellule nuisibles de la préfecture de police, est cependant bien réelle.

Surtout chez des particuliers mais également dans des hôtels et des établissements collectifs, des désinsectiseurs débarquent ainsi de plus en plus souvent, vêtus de combinaisons blanches et de gants et armés d'un « nébulisateur », un pulvérisateur de micro-gouttes d'insecticide.

Leur cible : cimex lectularius, un monstre plat de quelque cinq millimètres plus communément appelé punaise de lit. L'une des rares punaises à parasiter l'homme, elle se dissimule dans les draps, les matelas et les sommiers, d'où son nom.

SALE BÊTE

Hématophage, elle attaque la nuit et suce le sang des dormeurs, provoquant boutons, plaques rouges et démangeaisons. Bref, l'horreur. Pas la peine de rajouter qu'elles laissent une odeur désagréable, qu'une femelle peut pondre jusqu'à 500 oeufs et qu'il est très difficile de s'en débarrasser.

Cette petite chose peu ragoûtante avait pratiquement disparu dans les années cinquante mais l'interdiction de certains types d'insecticides comme le DDT et l'essor des voyages internationaux ont favorisé sa réapparition.

A New York, où on les appelle des « bedbugs », ces bestioles ont défrayé la chronique à la fin de l'été dernier, envahissant notamment le siège des Nations unies, le bureau de l'ancien président Bill Clinton à Harlem, plusieurs grands magasins et un cinéma.

Une résidante du Michigan, Christine Drabicki, a intenté ce mois-ci une action en justice contre le Waldorf-Astoria, affirmant qu'elle et son mari avaient été contaminés par les punaises en question lors d'un séjour dans ce fameux palace.

Les voilà donc à Paris.

« On va dire que c'est parti depuis 2007 », explique Reynald Boudet, patron de la maison Aurouze, un établissement spécialisé dans la destruction des animaux nuisibles dont la devanture ornée de rats morts pendus à des crochets a été rendue célèbre par le film Ratatouille.

« A l'époque, on avait dix demandes (par an). Maintenant c'est plutôt cent. Dans Paris, elles sont partout, et d'ailleurs pas qu'a Paris. On reçoit des commandes de produit dans toute la France, de plus en plus », ajoute-t-il.

« Ca prolifère dans les immeubles d'habitation, les transports en commun, les hôtels. Il suffit que vous dormiez un soir chez un copain et vous les ramenez chez vous le lendemain. »

Une sale bête de plus ? Pas tout à fait, tranche notre expert : « C'est comme les cafards mais en pire parce que ça suce le sang. »