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Récemment lors de son séjour au Canada, le Président de la République du Bénin en sa qualité de Président en exercice de l'Union Africaine aurait demandé l'intervention de l'OTAN contre les djihadistes du Nord Mali.

Demande à laquelle il a été répondu que l'OTAN n'a pas été officiellement sollicitée et que pour l'instant une telle intervention n'est pas prévue dans le calendrier d'activité de l'organisation.

En effet, c'est bien méconnaître le modus operandi de cette organisation héritée de la guerre froide mais dont l'influence est devenue hégémonique depuis la chute du rideau de fer. Pour paraphraser le célèbre roman de Margaret Mitchell Autant en emporte le vent, dans le vent de la politique internationale contemporaine c'est plutôt « OTAN en emporte les intérêts ». Les interventions de l'OTAN souvent justifiées de nos jours par le devoir d'ingérence humanitaire, démocratique ou encore sécuritaire sont, à y voir de près, guidées par les intérêts de l'alliance et il ne faut pas espérer d'intervention philanthrope de cette organisation au Mali. Il est vrai que la France, membre singulier de l'OTAN a lancé l'opération « Serval » plutôt salvateur malgré toutes les polémiques qu'elle peut susciter.

En ce qui concerne l'OTAN, la question est claire. La Mali n'est pas une préoccupation prioritaire comme la Libye l'a été. Il n'est pas question de se sentir coupable même si c'est l'intervention Libyenne, comme on s'en doutait, qui a provoqué la déstabilisation de la sous-région et par ricochet le drame malien. Le peuple libyen valait la peine d'être sauvé sous le prétexte d'une zone d'exclusion aérienne en raison de son pétrole mais aussi de la nécessité d'avoir un régime docile et moins versatile que celui de Kadhafi. Ce régime aura, qui plus est, l'avantage d'être moins pan-africaniste et de ne pas menacer les intérêts occidentaux même si par ailleurs, elle peine à sécuriser le pays et assiste impuissante à l'attaque de l'Ambassade des Etats-Unis. Tant que les marchés de pétrole et de reconstruction sont bien répartis, il est difficile de se préoccuper du sort et de la sécurité des citoyens Libyens. Le plus important est de les avoir libérés.

L'Afghanistan a été également libéré du joug des Talibans surtout après l'agression du 11 septembre, cela était nécessaire. De plus, stratégiquement le pays est parfaitement bien situé pour les alliés et leur pays leader. Il est à deux pas de l'Iran, à l'arrière cours de la Russie et à trois pas de la Chine. Il n'y a rien de plus rêvé pour construire des bases et influencer la géopolitique de la sous-région tout en ayant un œil sur les adversaires dans la course hégémonique. Par ailleurs, l'Afghanistan étant une plaque tournante de la culture du Pavot, il est intéressant d'y être positionné afin d'orienter les flux d'héroïne plutôt vers l'adversaire et empêcher que cela n'aboutisse sur les sols alliés. Si les trafiquants sont des chefs de guerre qui contrôlent une bonne partie du territoire, ce doit être la préoccupation du gouvernement local qui contrôle à peine la capitale. D'ailleurs, les alliés l'ont bien aidé et doivent se retirer. Peu importe si le régime est réputé corrompu et que pas grand-chose n'a changé pour les populations. Bien sûr, ils sont libérés des Talibans.

Loin du Proche-Orient et sur le continent Eurasien, l'OTAN s'était déjà illustré- on l'oublie un peu- par une intervention unilatéral au Kosovo. Les alliés avaient alors, en bafouant noblement les textes internationaux, privé la Serbie d'une de ses provinces qui est par la suite devenue indépendante. Le but affiché était de libérer une minorité « persécutée » par un gouvernement pro-russe. Le résultat a été d'affaiblir ce pays des Balkans dans tous les domaines par des bombardements intensifs en montrant aux gouvernements pro-russes la force de frappe de l'alliance et d'instaurer dans ce pays un régime plus souple dans le jeu cartes de la région. L'effet domino a suivi en Ukraine, puis en Géorgie avec des fortunes diverses plus tard contrées par la crise de l'Abkhazie et de l'Océtie. L'intérêt du Kosovo était géostratégique sur le continent Eurasien : lutte de puissance et d'hégémonie.

Alors, que diantre irait faire l'OTAN au Mali ? S'il y a un peuple à libérer, quel est son intérêt économique ou stratégique ? Par contre, pour la France, le Mali est une porte d'entrée en raison de l'immigration, une portée d'entrée dans la zone de l'Afrique de l'Ouest Francophone aussi (je n'ai pas dit AOF). Au cas où tout l'Etat malien tombait, cela pouvait représenter une menace pour l'approvisionnement de l'uranium au Niger et pour je ne sais quoi d'autre dont recèle le sol malien au Nord pour susciter tant de convoitises.

Bien que la passion nègre pousse à encenser le Coq gaulois venant au secours de l'Aigle malien (CAN oblige), la raison hellène empruntée au colon permet de douter de la candeur et de la philanthropie du Serval dont il a emprunté le nom. Si « Autant en emporte de le vent » dans le Sud des Etats-Unis pendant la guerre de sécession, dans le monde contemporain post-guerre froide, sur toutes les raisons évoquées par l'OTAN et ses membres ce sont les intérêts qui l'emportent.