L'archevêque de Los Angeles a rendu publics jeudi les dossiers de cas de pédophilie présumée concernant une centaine d'hommes d'Eglise et annoncé qu'il avait retiré à son prédécesseur les attributions liées à son rang d'ecclésiastique. Ces dossiers devaient être publiés en vertu d'une décision de justice remontant à 2007. Sur 124 dossiers mis en ligne sur le site de l'archidiocèse, 82 contenaient des informations sur des cas supposés de pédophilie.

L'archevêque Jose Gomez a déclaré que le cardinal à la retraite Roger Mahony n'aurait "plus de responsabilités administratives ni publiques", alors que son principal ancien conseiller sur les questions liées au harcèlement sexuel, Thomas Curry, avait démissionné, en tant qu'évêque régional. "Ces abus remontent à des dizaines d'années. Mais cela ne les rend pas moins graves", écrit l'archevêque Gomez sur son site. "Je trouve, poursuit-il, que ces documents sont durs et pénibles à la lecture. Le comportement décrit dans ces dossiers est terriblement triste et diabolique. Il n'y a pas d'excuse, pas de justification à ce qui est arrivé à ces enfants". "Les prêtres impliqués avaient le devoir d'être à leur égard leurs pères spirituels et ils ont failli", poursuit Mgr Gomez, qui ajoute "nous devons reconnaître aujourd'hui ces terribles manquements".

Mais pour le Réseau des survivants des personnes abusées par des prêtres (SNAP), le retrait de ses attributions à Roger Mahony n'est qu'"un petit pas tardif dans la bonne direction". "La leçon pour les membres de l'Eglise catholique est ici claire : si vous parvenez à dissimuler vos méfaits, vous pouvez conserver votre poste. Si, cependant, vous y échouez, il n'y a qu'un extraordinairement infime risque que vous ayez à en payer quelques conséquences légères", a estimé David Clohessy, directeur du SNAP, dans un communiqué.

Au début du mois de janvier, la justice avait ordonné à l'Eglise catholique de Los Angeles de divulguer auprès du grand public l'identité des hauts responsables de l'Eglise accusés de pédophilie, une décision saluée par les défenseurs des victimes. L'archevêché de Los Angeles s'était immédiatement engagé à se plier à l'ordonnance du juge Emilie Elias, qui avait cassé une précédente décision de 2011. En 2011, le juge Dickran Tevrizian s'était opposé à la publication des noms des hauts responsables catholiques, craignant que ces informations ne soient utilisées pour attaquer l'Eglise.

L'archevêché de Los Angeles, le plus grand des Etats-Unis, avait assuré que "la plupart des informations en question avaient déjà été rendues publiques" en 2004 dans un "Rapport au peuple de Dieu".
Ces dernières années, l'Eglise catholique a été confrontée dans de nombreux pays au scandale des prêtres pédophiles, notamment aux Etats-Unis, où un Américain sur quatre se dit catholique.