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Les communicants élyséens choisissent ce qu'ils veulent montrer, mais Internet est taquin, et on a pu découvrir récemment une situation assez désobligeante pour François Hollande lors de son récent passage au Parlement Européen.

C'était le 5 février 2013 et Nigel Farage, en 2 petites minutes à dit ses 4 vérités à François Hollande, lequel a encaissé sans mot dire, tête baissée, et pourtant Farage n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. lien

Nigel Farage mérite le détour : Il est le co-président du groupe « Europe libertés démocratie », et un eurosceptique déterminé au sein de son parti, l'UKIP, s'opposant à l'adoption d'une constitution européenne, déplorant l'absence de référendums pour la plus grande partie des pays européens.

Avec Nigel Farage, tout le monde passe à la moulinette : de Catherine Ashton, à Herman van Rompuy en passant par Mariano Rajoy et d'autres.

Il est bon orateur, percutant, et il dit tout cru ce qu'il pense, démontrant, arguments à l'appui, et ça peut faire mal.

Du haut de la tribune européenne, il harangue avec une conviction communicative, s'en prenant à la corruption, dénonçant les crises orchestrées par les banksters, s'en prenant aussi aux médias, qualifiées de prostituées des politiques...

Tout le monde en prend pour son grade, et il n'hésitera pas à reprocher à Herman Van Rompuy « d'avoir le charisme d'une serpillière humide », ce qui lui vaudra une amende de 3000 €.

Nombreux sont ceux qui s'interroge sur l'accident d'avion qui aurait pu lui couter la vie, d'autant qu'un autre opposant au traité de Lisbonne, Lech Kaczynski, n'a pas réchappé d'un autre accident sur le même type de petit avion.

Rappelant que les Français, tout comme les Néerlandais, les Irlandais, ont dit NON au traité de Lisbonne, Farage s'en est pris au parlement européen qui, dit-il, ignore la volonté des peuples, traitant tous ces députés d'anti-démocratiques, d'inaptes...vidéo

En tout cas ses interventions ne laissent personne indifférent, le moins qu'on puisse dire.

Ecoutons le s'exprimer au sujet de l'Espagne :
« l'Espagne a droit à son plan de sauvetage et nous savons tous bien sûr que ce ne sera pas le dernier(...) lorsque le premier ministre espagnol M. Rajoy s'est levé, il a déclaré que ce plan de sauvetage montre le « succès » qu'a été la construction de l'euro zone, et je pensais alors avoir entendu durant des semaines nous dire qu'il n'y aurait pas de plan de sauvetage. J'ai le sentiment (...) qu'il est juste le dirigeant le plus incompétent d'Europe (...) et notre bon vieux Van Rompuy (...) la dernière fois qu'il était ici pour nous dire que nous avons passé le moment critique, que la crise de l'euro était terminée (...) on nous disait qu'avec l'euro en 2010 nous aurions le plein emploi, mais l'euro a échoué et il y a une menace imminente de catastrophe ». vidéo
Il a remis ça en janvier 2013, faisant un constat cruel de la situation, déclarant que la situation s'était détériorée un peu plus en 2012, évoquant les 58% de chômage frappant les jeunes dans 2 pays méditerranéens, l'industrie en chute libre, la diminution des retraites, les soupes populaires de plus en plus fréquentées, dénonçant une classe politique européenne déconnectée de la réalité, indifférente à la souffrance des peuples . lien

Et récemment, c'est notre président normal français qui a senti passer le vent du boulet.

C'était le 5 février 2013, et il est probable que François Hollande garde un souvenir mitigé de ce moment périlleux.

Extraits :
« Président Hollande, malgré votre point de vue, vous faites beaucoup en faveur des eurosceptiques en France. Les décisions de diminuer l'âge de la retraite, d'augmenter le salaire minimum et bien sûr par-dessus tous ces horribles impôts vous assurent que vos meilleurs entrepreneurs et maintenant vos footballeurs quittent la France (...) ceci se reflète maintenant avec la fuite de capitaux depuis les banques françaises (...) il va être impossible pour la France et l'Allemagne de rester dans la même union monétaire (...) votre ministre du travail a dit que votre pays était en faillite, que faites-vous ? Et bien, le vieux truc : lancer une action militaire à l'étranger ! Alors vos troupes débarquent au Mali et c'est beau de voir ces visages souriant à Tombouctou pour le moment. (...) si vous pensez vraiment qu'en utilisant des fondamentalistes et des islamiste radicaux dans ces batailles, vous allez réussir dans cette entreprise, je crois que nous allons nous lancer dans la même voie que l'Afghanistan : dans une décennie de guerre sans fin, ingagnable et de souffrances ». vidéo
Mais au niveau de l'humour décalé, et de la causticité, c'est Sophia Aram, l'humoriste de France Inter, qui a décroché le pompon avec sa chronique au second degré du 20 février dernier, et on peut avec bonheur la réécouter sur ce lien.

Plus sérieusement, l'austérité est-elle une fatalité ?

Le « collectif pour un audit citoyen de la dette publique » ne le pense pas.

Il fait le constat qu'en dépit du fait que la BCE (banque centrale européenne) crie sur tous les toits qu'elle achètera sans limite les obligations des états en difficulté, sous conditions d'austérité, la zone euro est loin d'être tirée d'affaire.

Les mesures imaginées pour en sortir semblent bien limitées : 11 pays de la zone euro annoncent une taxation sur les transactions financières, mais pas avant 2014, alors que la maison brûle.

En coupant dans les dépenses consacrées à la protection sociale, en réduisant l'emploi public, et en dérégulant le marché du travail pour le plus grand bonheur des grands patrons, le gouvernement Hollande fait s'envoler le chômage, creusant un peu plus la précarité, et se sont les plus fragiles qui trinquent.

La hausse de la TVA, cadeau fiscal aux entreprises, réduit un peu plus un pouvoir d'achat en berne, et les prochaines réformes qui pointent le bout de leur nez concernant allocations familiales et retraites n'arrangeront rien.

Alors le « collectif pour un audit citoyen de la dette publique » réagit : après l'Alter sommet de Florence en novembre 2012, une rencontre s'est tenue à Thessalonique les 16 et 17 février. Elle sera suivie le 8 mars par la journée mondiale de lutte des femmes, le 13 et 14 mars à l'occasion du sommet européen des chefs d'Etat à Bruxelles, le point d'orgue de cette résistance étant le forum social mondial de Tunis du 26 au 30 mars, (lien) et début juin, à Athènes se tiendra un sommet européen alternatif. lien

La déception est grande en France, et pas seulement, mais toute l'Europe citoyenne gronde.

Lors du discours du Bourget, Hollande nous avait chanté un autre couplet...bien loin de ce qui est mis en place aujourd'hui.

Pourtant les recettes, il les connait, il les a évoquées lors de ce fameux discours.

Lui qui affirmait : « l'argent doit être un serviteur, et non un maître », qui menaçait les délinquants fiscaux « la République vous rattrapera », qui affirmait « seule la justice guidera notre action, guidant la révolution fiscale dont la France a besoin », que fait-il maintenant ?

Manifestement, il a oublié ces exilés fiscaux qui représentent tout de même 60 milliards d'euros, voire plus...sans parler des 85 milliards de niches fiscales, et il préfère vider les poches des français moyens.

Il disait pourtant : « la démocratie sera plus forte que les marchés »...mais aujourd'hui, il plie devant les marchés, en lançant une politique d'austérité, qui va plomber un peu plus le pouvoir d'achat des français.

Il déclamait avec conviction : « le quinquennat ne sera pas un zigzag, une volte face, une contradiction... »...pourtant le zigzag, il connait.

Quid de la fermeture immédiate de Fessenheim repoussée éventuellement à la fin de son mandat ?

Quid du non cumul des mandats repoussé aussi à la fin du mandat ? lien

Quid des 500 000 logements (dont 100 000 sociaux) par an ? Il ne lui reste que deux petits mois pour tenir cette promesse impossible. lien

Quid des entreprises qui délocalisent à qui il avait affirmé : « elles devront rembourser les aides qu'elles ont obtenu ».

Pour l'instant, il entend bien le discours des grands patrons qui réclament de la flexibilité, et menacent de partir s'ils ne l'obtiennent pas...mais il n'entend pas la colère de la rue.

La réponse qu'ont les manifestants lorsqu'ils dénoncent des projets inutiles est la même que celle qu'utilisait son prédécesseur : des centaines de robot-cops, formés à la guerre en banlieue, voire à la guerre civile. lien

Mais les énarques qui dirigent de pays vont-ils entendre la colère, ou attendre un printemps qui pourrait être chaud ?

Comme dit mon vieil ami africain : « la déception est toujours à la hauteur de l'espoir qu'elle a fait naître ».