Accusé de plagiat sur Questions au judaïsme, ouvrage dirigé par Élisabeth Weber et auquel Jean-François Lyotard avait participé, le Grand Rabbin de France avait vu sa défense mise à mal depuis plusieurs semaines par la veuve de l'écrivain plagié et Weber, qui avait procédé à l'entretien avec l'auteur.

Après plusieurs semaines de rétropédalage, Gilles Berheim a publié un communiqué ce mardi 2 avril, depuis Jérusalem, dans lequel il fait l'aveu de s'être « appuyé, par manque de temps, sur un étudiant [...] à qui [il a] confié des travaux de recherche et de rédaction ».

Et voilà que l'on évoque « une terrible erreur » qui provient d'une « charge de travail » et « d'obligations » empêchant « toute l'attention nécessaire ».

Un nègre indélicat donc, qui aurait puisé dans les travaux de Lyotard et son entretien avec Élisabeth Weber pour compléter l'ouvrage de Berheim à paraître chez Stock en 2011. Pourtant ces dernières semaines, la défense de Bernheim portait sur la probabilité qu'avait eu Lyotard de réutiliser après plusieurs errements une partie des cours dispensés dans les années 80 par l'actuel Grand Rabbin.

Récemment, Élisabeth Weber avait affirmé que l'auteur défunt n'avait comme à son habitude utilisé aucune base écrite et encore moins extérieure à sa propre production. Dans un entretien accordé à l'Express, hier, elle expliquait : « Tout au long de l'entretien, Jean-François Lyotard parlait librement, sans notes, ni livre, ni d'autre matériel aucun sous ses yeux. »

La lettre du Grand Rabbin de France indique que les plagiats découverts sur le net sont bien « avérés », mais le déminage pourrait encore durer. « Il y aurait, dans ce livre, d'autres plagiats qui n'ont pas été identifiés à ce stade ». Des récupérations indélicates qui n'ont pas fait l'objet d'aveux, mais qui ont été dénichées et confirmées sur le blog universitaire de l'archéologie du copier-coller. Sur celui-ci, Dolorès Lyotard cite le cas de trois pages reproduites mot pour mot.

Un mea culpa sur de probables citations indirectes qui prennent la forme d'une marche arrière : « Ma réaction devant la première évidence de plagiat a été émotionnelle, précipitée et maladroite. Je l'analyse rétrospectivement comme du déni. » Aujourd'hui, l'érudit exprime ses excuses à Mmes Lyotard et Weber et demande le retrait du livre incriminé et de sa bibliographie et du circuit de distribution.

Article édité à 16h47

Contacté par nos soins, l'éditeur de M. Bernheim a indiqué « ne pas communiquer sur cette affaire».

Gageons que si les plagiats supplémentaires sont répartis de la même manière dans le texte, il ne devrait pas être trop difficile de les retrouver.

Sources : l'Express , l'Archéologie du copier-coller , Strass de la Philosophie