L'opérateur de la centrale japonaise accidentée de Fukushima a enregistré un niveau encore plus important d'éléments radioactifs dans l'eau souterraine accumulée au pied des réacteurs.

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© AFPDes Japonais manifestent toujours contre l'énergie nucléaire.
L'opérateur de la centrale japonaise accidentée de Fukushima a enregistré un niveau encore plus important d'éléments radioactifs dans l'eau souterraine accumulée au pied des réacteurs, dans un puits creusé près de l'océan.

Ces mesures amplifient les doutes sur la propagation du liquide contaminé.

L'exploitant, Tokyo Electric Power (Tepco), a mesuré 4300 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons bêta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait lundi d'un point de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. Ce niveau est de plusieurs dizaines de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer.

Initialement, Tepco indiquait que l'eau s'était accumulée là où elle avait été prélevée la première fois, c'est-à-dire en un point plus éloigné de l'océan, et n'était pas allée plus loin.

Radioactivité deux fois supérieure

Un renforcement des contrôles montre que tel n'est sans doute pas le cas, puisque le niveau relevé dans le nouveau puits est plus de deux fois supérieur au précédent prélèvement effectué plus en amont et de 40% plus important que celui relevé au même endroit trois jours plus tôt.

Tepco dit continuer de surveiller sans être en mesure de juger si l'eau radioactive s'écoule ou non dans l'océan voisin.

La centrale Fukushima Daiichi a été ravagée par le séisme et le raz de marée du 11 mars 2011 dans le nord-est de l'archipel. Du combustible a fondu dans trois des six réacteurs du site, d'où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour.

Zéro nucléaire dès septembre?

Le Japon va probablement traverser dans ce contexte une nouvelle période d'absence totale d'énergie nucléaire à partir de septembre, lorsque les deux seuls réacteurs en service seront stoppés pour maintenance et avant que d'autres ne soient redémarrés.

L'autorité de régulation nucléaire a donné mercredi son accord pour que les deux réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ohi (ouest), les seuls actuellement exploités, puissent continuer de fonctionner même après l'entrée en vigueur de normes plus strictes lundi 8 juillet.

Mais ces deux tranches doivent subir une séance d'entretien à compter de septembre et devront donc être de nouveau coupées pour une durée technique d'au moins trois mois, sans compter la période ensuite requise pour des examens de conformité aux nouvelles exigences de sûreté.

48 réacteurs stoppés sine die

Parallèlement, la probabilité pour que soient remises en service d'ici à septembre d'autres unités actuellement stoppées est pour ainsi dire nulle, compte tenu des procédures longues imposées par l'application des nouveaux standards de sûreté.

En conséquence, le Japon, qui avait connu une période zéro nucléaire de mai à juillet 2012, devrait se retrouver dans la même situation pour plusieurs semaines ou mois à compter de septembre.

A ce jour, 48 des 50 réacteurs du pays sont stoppés sine die pour maintenance et contrôles supplémentaires à la suite de l'accident de Fukushima. Aucun ne peut redémarrer tant que l'autorité de régulation ne s'est pas prononcée.

Or elle ne commencera à passer en revue les réacteurs candidats au redémarrage qu'à partir du 8 juillet et un délai de plusieurs mois est nécessaire, ne serait-ce que pour confirmer la sûreté de chacun. Ensuite, il faudra encore obtenir le feu vert des autorités locales avant que l'Etat ne donne l'autorisation définitive de relance.

Les compagnies d'électricité s'activent

Les compagnies d'électricité s'activent cependant pour remettre dès lundi prochain à l'instance compétente des dossiers censés prouver que leurs installations sont sans danger et peuvent être relancées sans craintes.

On s'attend à ce que quatre compagnies soumettent la candidature d'un total de 12 réacteurs de six centrales dès ce mois-ci, en espérant une relance la plus rapide possible.

Le gouvernement de droite de Shinzo Abe, pro-nucléaire, est pour sa part favorable à la réactivation des réacteurs. Mais il assure qu'il se conformera à l'avis de l'autorité, statutairement indépendante.