Benjamin Netanyahou
© ReportersBenjamin Netanyahou
Nos ennemis ont d'excellentes raisons de ne pas tester notre puissance militaire, et ils savent pourquoi", a déclaré dimanche Benjamin Netanyahou, mettant le régime Assad et ses alliés implicitement en garde contre la tentation d'exploiter le report de l'intervention américaine pour s'en prendre à Israël.

Mais la principale conclusion que les dirigeants israéliens tirent aujourd'hui de ce report, est qu'Israël "peut uniquement compter sur lui-même". Ce qui est depuis toujours le credo de M. Netanyahou. Ils craignent en effet qu'au vu des divisions dans l'opinion américaine, l'intervention américaine en Syrie finisse par être complètement annulée. Et que cette annulation soit précisément le vœu secret de Barack Obama.

A moins que le Congrès entérine le plan du Président, qui pourrait alors élargir le champ de manœuvre américain contre l'arsenal chimique du régime Assad. Ou que M. Obama profite du report pour arriver à un arrangement avec la Russie, qui neutraliserait cet arsenal. Deux hypothèses qui ne sont pas exclues ici, et seraient les bienvenues aux yeux des Israéliens.

Dans l'immédiat, en tout cas, le gouvernement Netanyahou est inquiet. Il interprète la décision du président Obama comme une "faiblesse" qui "vide les lignes rouges américaines de substance", et qui risque de laisser, en définitive, Israël seul, exposé non seulement aux armes chimiques syriennes, mais principalement au potentiel nucléaire iranien.

L'arsernal chimique syrien deviendra particulièrement dangereux pour Israël s'il tombe aux mains de l'opposition jihadiste en Syrie ou du Hezbollah libanais. Et dans ce cas, Israël ne se privera pas de frapper en territoire syrien de façon ponctuelle, comme il y a déjà frappé, ces derniers mois, des entrepôts d'armes et des convois de missiles en route vers le Liban, sans que la Syrie ait réagi.

Mais c'est surtout si les atermoiements actuels de M. Obama se répètent à l'égard du nucléaire iranien, que la situation se corsera. Dans l'entendement de M. Netanyahou, Israël n'aura alors plus d'autre choix que d'agir seul contre la menace de Téhéran qui risque de se concrétiser au printemps prochain.

Pour l'heure, l'armée israélienne maintient son état d'alerte, dans l'éventualité où les Etats-Unis finiraient tout de même par intervenir en Syrie, et que le régime Assad ou le Hezbollah voudraient se venger sur Israël. Depuis une semaine, Tsahal a renforcé son dispositif le long des frontières syrienne et libanaise. Il a également déployé des batteries antimissiles dans le nord du pays et près de Tel-Aviv. Et il a mobilisé quelques centaines de réservistes pour étoffer le renseignement militaire et la défense civile. Quant à la population israélienne, elle continuait dimanche à faire la queue pour s'équiper de masques à gaz...