Les monarchies pétrolières du golfe Persique, l'Arabie-Saoudite et le Qatar, ainsi que les Émirats arabes unis sont les principaux clients de l'industrie d'armes wallonnes au Moyen-Orient.

Raques à fusils, fusils
© Inconnu
L'industrie belge de production d'armes bat son plein au Moyen-Orient. Dix ans après la régionalisation des compétences en matière de commerce d'armes, le commerce extérieur d'armes rapporterait un milliard d'euros par an à la Belgique. En 2011, la Belgique a octroyé pour 81 262 272 € de licences d'exportation pour des armes à feu militaires sur un total européen de 182 663 553 € soit plus ou moins 45 %.

Les monarchies pétrolières du golfe Persique, l'Arabie-Saoudite et le Qatar, ainsi que les Émirats arabes unis seraient les clients principaux de l'industrie d'armes wallonnes au Moyen-Orient.

L'exportation, l'importation et le transfert d'armes et de munitions dans cette région du monde sont devenus des sujets sensibles à partir de 2010, avec les révoltes du Printemps arabe. Ainsi, en octobre et novembre 2011, Le Soir révélait la détention d'armes belges par la brigade d'élite du dictateur libyen déchu, Mouammar Kadhafi. Un an après, Le Vif/L'Express a découvert la possession par les rebelles syriens d'armes fabriquées par la FN Herstal : « Les particularités observées sur ces armes et leurs numéros de série indiquent que ces dernières ont été exportées après 1978, et probablement vers la fin de la production du FAL (Fusil Automatique Léger), dans les années 1980 », pouvait-on lire sur le site de l'hebdomadaire.

Les armes en question auraient alors été détournées par l'Arabie-Saoudite et le Qatar afin de soutenir les rebelles syriens. Mais quid de la traçabilité des armes exportées vers des pays tiers ? « Ces armes avaient été en effet exportées par la Belgique des décennies avant le conflit, alors que le contexte et les règles en vigueur étaient différents », nuance Seniora Jihan, chercheuse au GRIP. « Actuellement, nous n'avons pas de preuves tangibles de l'existence d'armes belges récentes dans ces zones », explique-t-elle.

Un renforcement de la transparence

D'après Seniora Jihan, le bilan de la Belgique en question de transparence est plutôt positif. Depuis le décret de juin 2012 au sujet de la commercialisation d'armes, les administrations régionales doivent analyser au cas par cas les demandes de licences de vente d'armes à l'étranger. Elles doivent également respecter les critères définis en 2008 par l'Union européenne et publier annuellement un rapport détaillé. « Mais on peut faire toujours mieux, par exemple sur la qualité des informations présentées dans les rapports et la rapidité de la publication de ceux-ci » précise la chercheuse.