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© Photo Pius Utomi Ekpei. AFPDes personnes manifestent à Lagos pour réclamer la libération des lycéennes enlevées par Boko Haram, le 5 mai 2014
La plus haute autorité de l'islam sunnite a par ailleurs demandé au groupe sectaire, qui menaçait de revendre les lycéennes comme esclaves, de les remettre en liberté.

Les autorités tchadiennes et camerounaises ont indiqué que les lycéennes enlevées en avril au Nigeria par le groupe islamiste Boko Haram n'étaient pas dans leurs pays respectifs, contrairement à ce qu'a notamment indiqué le département d'Etat américain.

« Les informations selon lesquelles les 223 adolescentes enlevées par Boko Haram seraient vers le Tchad est sans fondement », déclare le ministère tchadien de la Communication dans un communiqué. « Des dispositions sont prises pour assurer la sécurité de nos frontières avec tous les pays voisins », souligne-t-il.

« Il y a des allégations venant du Nigeria faisant état de ce qu'une partie des 223 jeunes lycéennes (...) auraient été acheminées au Cameroun pour être mariées de force à des membres de la secte Boko Haram. Nous tenons à dire que de telles affirmations sont dénuées de tout fondement », avait réagi lundi soir le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakari.

Le département d'Etat américain a indiqué disposer d'informations selon lesquelles les adolescentes auraient été emmenées dans des pays voisins, se faisant l'écho de déclarations - non confirmées - de responsables locaux à Chibok, qui avaient affirmé récemment que les captives avaient été vendues comme épouses à des combattants islamistes du Cameroun et du Tchad.

Les États-Unis proposent leur aide

Les Etats-Unis ont par ailleurs proposé mardi d'envoyer une équipe d'experts pour aider à retrouver les quelque 200 lycéennes enlevées au Nigeria par des membres présumés du groupe islamiste armé Boko Haram.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu par téléphone mardi avec le président nigérian Goodluck Jonathan, lui assurant que les Etats-Unis étaient «prêts à envoyer une équipe au Nigeria pour discuter de la façon dont ils pouvaient au mieux apporter de l'aide» aux efforts déployés pour retrouver les jeunes filles, a expliqué la porte-parole du département d'Etat.

Le président nigérian a «accueilli» cette offre mais les détails de l'opération doivent encore être précisés, a ajouté Jennifer Psaki lors d'un point de presse. Les Etats-Unis ont également proposé de mettre en place cette équipe de coordination à leur ambassade à Abuja. Elle serait composée de personnel militaire américain, de responsables des forces de l'ordre ainsi que d'experts dans les situations d'enlèvements.

Toujours selon la porte-parole, John Kerry rencontrera le président Barack Obama mardi après-midi et le sujet de l'enlèvement des jeunes filles devrait être «un point important de leurs discussions». «Le président nous a demandé de faire tout notre possible pour aider le gouvernement nigérian à retrouver et libérer toutes» les lycéennes, a-t-elle indiqué.

Huit nouveaux enlèvements mardi

Huit adolescentes ont été kidnappées dans le nord-est du Nigeria par des membres présumés du groupe islamiste armé Boko Haram, qui avait déjà revendiqué lundi l'enlèvement de plus de 200 lycéennes, ont affirmé mardi des habitants.

«Ils passaient de porte en porte à la recherche de filles. [...] Ils ont pris de force huit filles âgées de 12 à 15 ans», a déclaré Abdullahi Sani, un habitant du village de Warabe, dans l'Etat de Borno (nord-est), où les enlèvements ont eu lieu dimanche soir. Ces nouveaux enlèvements ont été confirmés par d'autres habitants. Abdullahi Sani a parlé à l'AFP par téléphone depuis Gwoza, une petite ville située à dix kilomètres de Warabe, où lui et d'autres habitants se sont réfugiés après l'attaque, qu'ils ont attribuée à Boko Haram.

Il a ajouté que les assaillants n'avaient tué personne, ce qu'il a trouvé «surprenant», et estimé que l'enlèvement de jeunes filles était le but de l'opération. Les hommes armés ont partiellement incendié le village, selon Abdullahi Sani. Un autre habitant de Warabe, Peter Gambo, a confirmé la description des faits par Sani, ajoutant que l'armée n'avait fourni aucune protection pendant et après l'attaque. «A Gwoza, nous vivons dans la peur à cause de l'enlèvement de huit filles à Warabe», s'est-il plaint auprès de l'AFP. «Nous ne sommes pas en sécurité ici. Si les hommes armés reviennent pour prendre nos propres filles, personne ne pourra les arrêter.»

La police de l'Etat de Borno n'a pas répondu aux appels de l'AFP. Le porte-parole du gouvernorat de Borno, Isa Gusau, a indiqué ne pas être au courant de l'attaque. Cette dernière s'est produite à quelque 160 kilomètres de la capitale de l'Etat, Maiduguri, où Boko Haram a été créé il y a plus d'une décennie. Dans une vidéo obtenue lundi par l'AFP, le chef du groupe islamiste armé Abubakar Shekau a revendiqué l'enlèvement de plus de 200 adolescentes le 14 avril dans un lycée de Chibok, une autre ville de l'Etat de Borno. Il a menacé de les vendre comme esclaves.

La plus haute autorité sunnite appelle à libérer les lycéennes

Plus tôt mardi, Al-Azhar, plus haute autorité religieuse de l'islam sunnite, a appelé le groupe islamiste armé Boko Haram à relâcher les plus de 200 lycéennes qu'il a enlevées le mois dernier au Nigeria et menacé de vendre comme «esclaves».

Dans un communiqué publié au Caire, Al-Azhar, siège de la prestigieuse université islamique du même nom, a souligné que faire du mal à ces jeunes filles est «totalement contraire aux enseignements de l'islam et à ses principes de tolérance», et appelé «à la libération immédiate» des lycéennes.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a revendiqué cet enlèvement de masse, effectué le 14 avril dans un lycée de Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est), région d'origine de l'insurrection qui a fait des milliers de morts depuis son déclenchement en 2009.

Dans une vidéo obtenue lundi par l'AFP, Shekau explique qu'il va «vendre (les lycéennes) sur le marché» et qu'elles sont traitées en «esclaves». Au total, 276 lycéennes avaient été enlevées. Plusieurs dizaines ont réussi à s'enfuir, mais plus de 220 seraient toujours aux mains des insurgés, selon la police. Le rapt, qui avait initialement suscité peu de réactions, a fini par faire des vagues à l'étranger, des sénateurs américains appelant notamment Washington à intervenir.