Traduction : JosPublic

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© InconnuHenry Kissinger
Célébrations

Ce fut une semaine de célébrations, à Copenhague où se tenait la conférence de 2014. Henry Kissinger, l'un des plus vieux participants au Groupe Bilderberg ( 01 ), fêtait ses 91 ans le 27 mai 2014, et il a battu son record aux « 400 mètres à la course » pour éviter les journalistes. En plus de célébrer son anniversaire, cet incontournable conseiller des présidents états-uniens lèvera son verre de champagne avec le secrétaire général de l'OTAN et la reine d'Espagne pour souligner les 60 ans de ces réunions privées de « remue-méninges » de l'oligarchie occidentale.

Comprenez que toutes les personnes présentes y participent à titre personnel et ne représentent pas leur pays, sauf s'ils sont conférenciers et annoncés comme tel. L'influente conférence de trois jours s'est ouverte le 29 mai 2014, 60 ans après la première réunion tenue en Hollande le 29 mai 1954.

Les participants

Qui sont ceux et celles qui y participent? Ici, pour consulter la liste officielle.
Grosso modo, sachez qu'il y a des premiers ministres, plusieurs dirigeants internationaux, dont du MI6 (Service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni), de l'Otan, du Fonds monétaire international (FMI), des banquiers comme ceux de HSBC et de Goldman Sachs International, de la Banque du Canada, des représentants des pétrolières comme Shell avec une douzaine d'autres PDG, milliardaires, politiciens.

N'oublions pas le retour de la monarchie avec la Reine Sofia d'Espagne et la princesse Beatrix des Pays-Bas, fille du fondateur du groupe de Bilderberg, le prince Bernhard de Lippe-Biesterfield.

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© InconnuLa reine Sofia d’Espagne
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© Inconnu Le prince Bernhard de Lippe-Biesterfeld
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© Inconnu La princesse Beatrix des Pays-Bas
Sujets discutés

Dans les années 50, lorsque le prince Bernhard envoyait ses invitations, c'était pour discuter de certains problèmes concernant la civilisation occidentale. Aujourd'hui le Groupe de Bilderberg tente toujours de cacher les sujets abordés, et discute désormais de « méga-tendances», un mot fourre-tout, politiquement correct en langue de bois, pour désigner les sujets actuellement à la mode sans les nommer. Et l'agenda de 2014 comprend entre autres : « Quel avenir pour l'Europe », « l'Ukraine », « Le partage d'informations » et « Est-ce que la vie privée existe? »

Le chef du parti travailliste de Hollande Diederik Samsom, a admis au journaliste d'InfoWars, avoir donné une conférence sur les énergies renouvelables et que ce sujet comme bien d'autres n'apparaissait pas à l'ordre du jour officiel de la Conférence tel que publié.

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© InconnuDiederik Samsom
Ceci confirme donc la volonté des organisateurs d'en dévoiler le moins possible.

La vie privée

Voilà une ironie exquise : la conférence la plus secrète du monde se demande si la vie privée existe?

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© InconnuInstallation des murets de protection entourant l'hôtel Marriott
Pour ceux et celles qui peuvent s'en payer une, bien sûr qu'elle existe. Ne croyez surtout pas que cette conférence soit tout simplement une partouze d'anniversaire dans un hôtel entouré de deux rangées de clôtures de sécurité de trois mètres de haut (10 pieds).

Le bâtiment est infesté de gentilshommes en pantalons de treillis et verres fumés qui marchent sur la pointe des pieds pour ne pas briser l'ambiance festive.

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© InconnuGarde de sécurité sur le toit de l'hôtel Marriott
Dès l'ouverture Luke Rudkowski et Dan Dicks deux journalistes indépendants canadiens du Truth Movement, ( 02 ) ont loué des chambres sur les étages de l'hôtel non réservés aux participants du Groupe de Bilderberg.

Après une longue discussion polie avec les agents de sécurité de l'Hôtel, ils ont été arrêtés par la police locale et relâchés une heure plus tard. Ils ont été obligés de quitter leur chambre et la direction de l'hôtel les a interdits de séjour.

Le crime était simple « avoir refusé d'effacer les bandes vidéos » alors qu'ils étaient parvenus à interviewer des organisatrices de la conférence au bar de l'hôtel Marriott.

D'autres reporters proches du magazine InfoWars d'Alex Jones ont été éconduits et enjoints de quitter les lieux. ( 03 )

En somme, c'est assez facile de se garantir une vie privée lorsque tu peux embaucher autant de gens pour te la préserver.

Ça donne « froid dans le dos » lorsque la vie privée est discutée en situation d'extrême secret, par des gens tels que Éric Schmidt, le président du conseil d'administration de Google, et Peter Thiel, un membre du conseil d'administration de Facebook.

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© Inconnu Eric Schmidt
Ceux-là mêmes qui savent comment le public en général est devenu transparent, au point de laisser traîner sa vie privée sur des médias sociaux, volontairement ou non.

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© InconnuPeter Thiel
Savoir qu'ils échangent à propos de la vie privée avec Sir John Sawers, le directeur du MI6 et Keith Alexander, le nouveau directeur du National Security Agency, est plutôt inquiétant.

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© InconnuSir John Sawers

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© InconnuKeith Alexander
Il faut comprendre qu'au nom de la peur du « terrorisme », certaines personnes comme Henri de Castries, le principal dirigeant de la multinationale d'assurance et d'investissement AXA, tenteront d'acculer des législateurs, dont le programme politique devrait voir à protéger la vie privée des citoyens, à divulguer certaines informations personnelles.

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© InconnuHenri de Castries
Qui, parmi les vautours du mercantilisme, est plus intéressé par la collecte d'informations personnelles et la surveillance publique, que les géants de l'assurance et de la surveillance des personnes ?

Pour eux, la vie privée est l'ennemie, la transparence publique est la mine d'or.

A quoi servent les conférences du Groupe Bilderberg

En 2010, Georges Osborne, le Chancelier de l'Échiquier Britannique (traduisez: le ministre des Finances) a fièrement lancé ce qu'il qualifiait de « politique de transparence la plus radicale que l'Angleterre n'ait jamais connue. »

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© Inconnu Georges Osborne
Mais, ce qui est bon pour Minou, ne s'applique pas à Pitou. Cette démarche de transparence ne concerne pas Osborne lui-même, puisqu'il refuse de dévoiler avec qui il a eu des entretiens et quels furent les consensus de Bilderberg.
Nous savons, par l'agenda et la liste des invités, qu'Osborne a discuté avec les ministres des affaires extérieures de l'Espagne, de la Suède et le député secrétaire général de la présidence française.

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© Inconnu Justine Greening
Il a aussi eu l'occasion d'échanger avec la secrétaire au développement international Justine Greening et le vétéran de Bilderberg et chancelier de l'ombre

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© InconnuEd Balls
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Nous savons que M. Osborne était annoncé à la programmation de la conférence pour discuter de la situation en Ukraine avec des participants très intéressés au sens pécuniaire de l'affaire, tels que Thomas Enders, le directeur exécutif du géant de l'armement Airbus, Hakan Buskhe, le chef de l'exécutif et président du conseil d'administration de Saab, la compagnie qui se présente comme étant la compagnie de la « Défense & de la Sécurité » et Marcus Wallenberg banquier et ex-PDG de AB et ancien membre du comité d'orientation du Groupe Bilderberg.

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© InconnuThomas Enders
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© InconnuHakan Buskhe
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© InconnuMarcus Wallenberg
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© InconnuHenry Kravis
Facile aussi d'imaginer l'intérêt de l'investisseur milliardaire Henry Kravis de KKR, qui cherche toujours à bonifier ses avantages ( ce qu'il nomme le « KKR edge » ou « l'avantage KKR » ).

D'ailleurs impossible d'ignorer que Kravis a dû recevoir l'aide de l'ex-général David Petraeus, ex-directeur de la CIA, lequel, aujourd'hui, trône à la tête du KKR Global Institute - une organisation d'investissements massifs.

Un vrai remue-méninges?

Les agents de propagande du Groupe Bilderberg affirment que la direction du groupe ne privilégie aucune solution d'avance. Les réunions ne seraient donc pas pour convaincre, mais pour dialoguer et trouver des solutions à appliquer à certaines situations.

Cette affirmation manque de crédibilité.

Connaissez-vous des gens d'affaires, d'autant qu'ils sont des géants de la finance, des dirigeants de banques, des manufacturiers d'armes et des gazières/pétrolières, participer à des réunions sans espoir de voir leurs propres solutions rentabiliser leurs déplacements?

Essayez de dire aux actionnaires de Shell qu'aucune solution ne sera privilégiée d'avance et que leur président de conseil d'administration ou PDG va perdre trois jours en conférence avec des politiciens et des législateurs pour en apprendre plus à propos de la masturbation chez les coléoptères de Basse-Slobavie? Il est plus que probable que l'on parlera de l'Ukraine et des solutions déjà développées dans les chancelleries du G8. Ces solutions feront sûrement vendre des armes, des outils de communications ou encore détermineront les besoins d'investissements dans les infrastructures qui auront été détruites après l'insurrection.

Essayez aussi de dire qu'il n'y a pas de solutions préalables aux lobbyistes qui sont présentement en processus de négociation, eux qui travaillent si fort à faire passer l'accord du traité « The Transatlantic Trade Investment Partnership ».

Bilderberg accueille à satiété les membres séniors de ces grands groupes de lobbying.

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© InconnuDouglas Flint
Les membres du « British American Business's International Advisory Board » tels que Douglas Flint et Peter Sutherland, laissent-ils leur chapeau de lobbyiste à la porte ou y assistent-ils uniquement pour exprimer leur appui indéfectible à l'accord de TTIP?

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© InconnuPeter Sutherland
La maladie du secret

Michael Meacher, membre du parlement d'Angleterre, a décrit Bilderberg comme «la cabale des gens de pouvoir et des gens riches » qui oeuvre à « consolider et étendre l'emprise des marchés », et y accèdent « au delà des médias et du public ».

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© Inconnu Michael Meacher
Ceci dit, à chaque rassemblement de Bilderberg, la presse indépendante s'approche de plus en plus près des clôtures de sécurité.

Il est aussi de plus en plus difficile pour les politiciens de se rendre à la conférence sans être vus et de garder le silence.

Bien sûr, ils sourient et dans une boutade lancent : « Nous parlons travail »; certains qu'ils ne sont pas venus à Bilderberg pour déguster des vins fins ou être le clou du party. Quoiqu'il est possible pour Reid Hoffman, le dirigeant de Linkedln, d'y venir pour manger du gâteau de fête.

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© Inconnu Reid Hoffman
Mais doutez-en. Tout ceci c'est du gros business. De la grosse politique et du gros lobbying. Bilderberg, c'est beaucoup d'argent et ses membres savent comment le dépenser.

De mon poste d'observation, explique Charlie Skelton, à l'extérieur de l'hôtel Marriott de Copenhague, je vois trois camions-remorques de « fruits de mer » se rendre à l'entrée des cuisines. J'ai toujours pensé qu'il y avait anguille sous roche à Bilderberg. Il semble bien que j'ai raison, du moins pour ce soir: ce sera du hareng mariné (rollmops).

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© Inconnu Hareng mariné ou rollmops
Conclusion par JosPublic

Au moment d'écrire ces lignes, JosPublic a fait le tour des grands médias québécois: rien sur le sujet. Pourtant le débat sur la vie privée est très vif au Canada actuellement, surtout depuis que nous savons que le gouvernement canadien espionne ses citoyens et citoyennes.

Avec quel mandat, Jason T Kenney le Ministre de l'Emploi et du Développement social ou le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen S. Poloz, étaient-ils présent à la conférence? Qu'ont-ils dit en notre nom? À quoi ont-ils agréé? On nous rétorque qu'ils et elles sont là à titre privé!

Ces personnes seraient-elles vraiment invitées s'ils et elles n'étaient affublées d'un titre protocolaire et de pouvoir? À titre privé! De quel titre parlons-nous? Mais surtout, pourquoi sont-ce les taxes des citoyens et citoyennes qui paient pour leur sécurité? À titre privé, il et elles devraient se garantir leur propre sécurité, non? Le plus choquant est qu'aucun média n'ose en parler.

Les dirigeants et propriétaires de journaux d'ici sont-ils impliqués dans la magouille Bilderberg? Honte au journal Le Devoir, qui se dit indépendant et dont l'éditorial semble appuyer l'idée d'un pays pour les québécois et qui n'est pas capable de renseigner ses lecteurs et lectrices sur ce qui se passe dans ce monde qu'ils devront affronter si jamais ils décident de rejoindre le concert des nations.

Quant aux autres journaux JosPublic a créé ce site justement pour combler certaines de leurs carences volontaires ou non. Le comble de notre insouciance est qu'on leur fait confiance pour nous renseigner... sans poser de question.

Oh! Belle naïveté quand tu nous tiens.