Image
© Inconnu
S'il y a bien eu un désastre à Outreau, c'est dans la prise en compte de la parole des enfants. Et si on en est arrivé là, c'est parce qu'un lobbying acharné est mené depuis les années 80 afin d'étouffer la parole des enfants. Des experts toujours prompts à défendre les pédophiles ont diffusé des théories comme les faux souvenirs ou le syndrome d'aliénation parentale aux USA. Et chez nous, d'autres reprennent ces mêmes théories, toujours pour décrédibiliser les enfants qui dénoncent des abus sexuels.

Qui pourrait croire qu'un expert appelé à la barre par l'un des accusés, et qui donne son avis sur les enfants victimes sans jamais en avoir rencontré un seul, est un expert formé "à l'expertise psycho judiciaire", inscrit à la cour de cassation depuis 2007 et à la cour pénale internationale depuis 2011 (après les procès d'Outreau, donc), décoré de la légion d'honneur en 2010, et qui forme les magistrats ?
Il est vrai que bien avant Outreau déjà, cet expert qui travaillait auprès des agresseurs sexuels avait surfait sur la vague des fausses accusations d'abus sexuels. Il parait que c'était important, car à l'époque, on nous explique qu'on "sacralisait la parole des enfants".

D'après ce que je constate, cela n'a jamais été le cas en France. En tout cas aujourd'hui, depuis le "fiasco" d'Outreau, comme diraient certains mais pas pour les bonnes raisons, les pédophiles peuvent être tranquilles : les enfants sont d'abord pris pour des menteurs et les enquêtes se font très souvent à charge contre les victimes. Une infime partie des plaintes pour viol sur mineur sont jugées en France, voilà la réalité. Mais depuis Outreau, c'est encore pire [1], voyons pourquoi.

Image
© Inconnu
L'expression "fausses allégations d'abus sexuels" a été inventée dans les années 80 aux USA [2], en plein dans la période des abus rituels qui secouaient le pays d'ouest en est. Dans des dizaines de crèches et d'écoles maternelles, des enfants ont raconté les mêmes histoires sordides de viols, de souterrains, de costumes, de rituels.

Plusieurs affaires ont fini au tribunal, mais des "experts" venus défendre les pédophiles présumés ont avancé des théories comme le "syndrome des faux souvenirs" pour déclarer que tout cela n'était que de "fausses allégations" implantées par des psychologues incompétents dans la tête des enfants.

Cette propagande est toujours véhiculée par la "false memory syndrome foundation", créée et financée par l'expert Ralph Underwager et par un couple de pédophiles, et pilotée par la CIA justement pour étouffer les affaires d'abus sexuels en général et d'abus rituels en particulier.

Puis, un autre "expert" a inventé le "syndrome d'aliénation parentale" : l'enfant serait manipulé par sa mère pour accuser son père de viols lors d'une séparation. Les chiffres de prévalence de ce syndrome (toujours pas reconnu dans le DSM IV ni dans le V[3] qui liste pourtant tout et n'importe quoi) qu'on nous a donnés vont de 90 à 70%. Evidemment, aucune étude clinique ne corrobore ce délire, mais on va en reparler (en note de bas de page).

Aujourd'hui, il suffit qu'un expert parle de "syndrome d'aliénation parentale" dans un tribunal pour qu'on confie l'enfant à celui qu'il accuse, car "le droit d'un enfant à avoir ses deux parents", et le "droit du père" priment sur l'intérêt de l'enfant et le principe de précaution.

D'où viennent les théories du Dr Bensussan ?

Image
© Inconnu
L'une des références de Paul Bensussan est Hubert Van Gijseghem.

Qui est Hubert Van Gijseghem ? Prof à Montréal et expert judiciaire, il aime bien faire de la formation auprès des magistrats, psychologues, policiers et autres experts, histoire de diffuser ses théories. Gijseghem a même formé nos futurs magistrats à l'École Nationale de la Magistrature. Il a aussi contribué à la formalisation des auditons d'enfants victimes : que des questions ouvertes, une seule audition filmée et courte. Alors qu'on sait qu'un enfant parle rarement la première fois, et qu'il faut le mettre en confiance avant qu'il ne parle de ce qui lui fait le plus peur.

Résultat, de l'aveu d'une policière spécialisée que j'ai interrogée : "on passe à côté de la plupart des faits" [4]. Gijseghem a aussi formé des flics belges pendant l'affaire Dutroux, qu'on a étouffée dans les règles de l'art en traitant les témoins gênants de dingues, notamment... Ce type d'audition est devenu la référence aujourd'hui, hélas.

Pour lui, la pédophilie est une "orientation sexuelle" comme une autre et on ne peut pas en changer. Selon Gijseghem, "Le pédophile est l'un de ces agresseurs sexuels qui ne fait pas mal physiquement à l'enfant", les pédos idéalisent une relation d'amour avec des enfants et sont loin de l'agressivité[5]. Même si comme tous les pro pédos, Gijsghem joue sur les mots, sont discours relève clairement de la banalisation de la pédophilie.

Bref, selon Gijseghem, la parole d'un enfant est à évaluer en fonction du contexte (jusque-là, ça va). Il précise que si les révélations se produisent dans le cadre d'une séparation conflictuelle, eh bien c'est très simple : l'enfant ment très probablement. Lui aussi reprend souvent la thèse des faux souvenirs implantés aux enfants et/ou fantasmés par eux.

Il déclare aussi que le fait pour un enfant de dévoiler les abus sexuels (il appelle cela "avouer", encore un glissement de langage) est encore plus traumatisant que les abus eux-mêmes, et que finalement, il n'y a vraiment pas besoin de mêler la justice à tout cela. D'ailleurs, même la prévention est néfaste. Ses "analyses" étaient réalisées à partir des cas qu'il a connus dans les tribunaux. Il relativise la pédopornographie[6], la pédophilie, l'impact des abus sur les victimes... Pour lui, les pédophiles ne violent que des gamins non pubères. Donc une fillette pubère à 11 ans est bonne pour les rapports sexuels.

Van Gijseghem a aussi un problème avec "les femmes", auxquelles il ne cesse de faire des procès d'intention. C'est probablement parce que les mères ont une furieuse tendance à s'interposer entre les pédophiles et leurs enfants, et même à porter plainte... Pour Gijseghem, de toute manière, "on est arrivé au constat que le père est le meilleur gardien" pour un enfant. Qui est "on", et selon quels critères a-t-il travaillé ?

Image
© Inconnu
Lors d'un procès au cours duquel il a défendu un père accusé d'avoir sodomisé son fils à plusieurs reprises, le jugement a extensivement repris les élucubrations de Van Gijseghem.

On y lit : "Le docteur [Van Gijseghem] soutient qu'il n'est pas approprié de croire les propos rapportés par l'enfant car celui-ci est incapable de décrire en détail ce qui s'est réellement passé [sic !], soit les faits survenus lors de la commission de l'acte reproché. De toute façon, ajoute-t-il, il est généralement impossible d'infirmer ou confirmer des allégations d'abus sexuel. [Sic !] Il suggère à Madame [la médecin] de consulter un psychologue car il est à craindre que sa conviction que l'enfant est abusé ne l'amène à porter d'autres accusations. [...] Il maintient que Madame [la médecin] a tout inventé. Rappelons que le garçon a été sodomisé à plusieurs reprises par son père et que le médecin qui l'a examiné a constaté deux fissures à l'anus [...], l'ouverture anormale de l'anus [...], l'enfant a perdu le réflexe de constriction [...], la muqueuse de l'anus est aplatie. Van Gijseghem oppose au rapport de cet examen physique qu'il ne faut pas accorder beaucoup de poids à celui-ci car, dit-il, elle [la médecin] voit des cas d'abus dans la majorité de ces dossiers et il affirme que l'enfant a pu s'auto-stimuler ou s'auto-mutiler" [7].

Un autre cas est rapporté par Dominique Farvan : "Dans un procès de 1993, un homme accusé d'avoir sexuellement agressé une fille de 10 ans (attouchements et tentative de viol) avait été expertisé par Van GIJSEGHEM : celui-ci lui avait donné quatre tests évidemment scientifiques et objectifs, donc non projectifs pour que celui-ci les remplisse... tranquillement chez lui. Lors du procès, Van GIJSEGHEM avait déclaré :" Il n'est pas très probable que M. S. ait posé les gestes qui lui sont imputés. [...] Mon flair clinique ne m'a pas fait voir de danger". Ni son flair clinique, ni ses tests objectifs semblent très opérationnels, puisque l'homme accusé se révélera plus tard être récidiviste (en 1979, il avait été condamné à 6 mois de prison pour le viol dune fille de 15 ans et il avait reconnu un autre viol aux Pays-Bas). Cet homme, M. S., reconnaîtra plus tard non seulement l'agression sexuelle contre cette fille de 10 ans, mais également deux autres viols. Il sera condamné à 1 an de prison ferme".

Image
© Inconnu
Son manque total de rigueur scientifique, ses approximations, l'écho inconsidéré qui lui a été fait notamment dans Le Journal du Droit des Jeunes, ont été dénoncés par nombre de professionnels depuis des années. Pourtant, force est de constater que ses théories se sont propagées et que ces professionnels n'ont pas été entendus. Par exemple, le Dr Pierre Sabourin l'a qualifié de "Faurisson de la maltraitance".

Il y a aussi Richard Gardner, qui a véhiculé la théorie du "syndrome d'aliénation parentale" dès 1985. Richard Gardner a émergé lors de ce que les médias US ont appelé " la panique des abus rituels", dans les années 80. Il a témoigné lors de 400 procès pour défendre des pédophiles et se disait prof à l'université de Columbia, ce qui s'avère faux (il n'y a jamais été salarié). La quasi-totalité de ses œuvres a été publiée par sa propre maison d'éditions ou par des revues de droit, et pas par des revues avec comité de lecture censées vérifier la pertinence de ce qui est publié. Mais, il a ainsi obtenu un écho auprès des juristes. Il n'est cependant jamais parvenu à faire reconnaitre le SAP, qui ne repose sur rien de concret.

Parmi les élucubrations de Gardner, bon nombre visaient à faire accepter la pédophilie. "La pédophilie sert des buts procréateurs. Évidemment, la pédophilie ne sert pas ce but de façon immédiate puisque les enfants ne peuvent tomber enceinte ni rendre d'autres enceintes. L'enfant attiré dans des interactions sexuelles dès l'enfance est susceptible de devenir hautement sexualisé et de rechercher activement des expériences sexuelles durant les années précédant la puberté. Un tel enfant " chargé à bloc " est susceptible de devenir plus actif au plan sexuel après la puberté et donc susceptible de transmettre rapidement ses gènes à sa progéniture. [...] L'idéal est donc, du point de vue de l'ADN, que l'enfant soit sexuellement actif très tôt, qu'il ait une enfance hautement sexualisée avant d'entamer sa puberté", a-t-il écrit. Il estime, en effet, que certaines pratiques comme la zoophilie, la coprophilie et d'autres peuvent être utiles à la survie de l'espèce.

Image
© Inconnu
Quant à sa définition du viol d'enfant, elle semble des plus floues : "Il existe tout un continuum qui doit être considéré ici, allant de ces enfants qui ont été forcés et qui n'ont pas pris de plaisir (et qui peuvent même être considérés comme ayant été violés) jusqu'à ceux qui ont retiré énormément de plaisir (avec des réponses orgasmiques) de ces activités sexuelles", a-t-il écrit.

Lui aussi estime que les procédures pour abus sexuels sur les mineurs sont pires que les abus eux-mêmes : "Ce qui détermine le caractère traumatique ou non de l'expérience, c'est l'attitude sociale à l'égard de ces rencontres", écrivait l'ami des pédophiles [8]. Ce sont exactement les mêmes théories que reprenait Cohn Bendit dans l'émission où il défendait la pédophilie. Gardner a d'ailleurs milité pour abolir l'obligation de signaler les abus sur les mineurs, et pour que les professionnels qui font des signalements ne soient plus systématiquement protégés.

Image
© Inconnu
On constate que Gardner il rejoint parfaitement les théories fumeuses de la NAMBLA (north american man boy love association), le lobby pédophile US. Quand il dit que "si la mère réagit de manière hystérique aux abus, et qu'elle s'en sert d'excuse pour mener une campagne de dénigrement du père, le thérapeute doit essayer de la calmer", car selon lui c'est cette "hystérie" qui donne un mal être à l'enfant. A regarder certains dossiers en France, on peut se demander si cette théorie n'est pas plus répandue qu'on ne croit dans le monde des professionnels de l'enfance. On pourrait énumérer pendant longtemps les sophismes pédophiles de Richard Gardner, mais d'autres l'ont déjà fait.

Gardner est allé assez loin dans ses propos pour défendre les pédophiles, comme quand il déclare que "On doit l'aider à reconnaître que, même aujourd'hui, [la pédophilie] est une pratique largement répandue et acceptée, littéralement, par des milliards de gens. Il doit considérer que, dans notre société occidentale en particulier, nous avons une attitude très punitive et moralisante envers de telles tendances ".

Mais ce SAP est toujours très critiqué, pas encore recensé comme une pathologie. Le SAP est tellement sulfureux et critiqué que Bensussan lui-même explique qu'il biaise dans ses expertises, et ne cite pas le SAP (c'est en effet proscrit) tout en décrivant des manipulations de l'enfant au cours d'un "conflit familial", l'arme fatale des tribunaux français pour nier les cas de pédophilie incestueuse. Voici ce que nous dit l'expert : "La façon de dépassionner le débat, notamment lorsque je rédige un rapport d'expertise, c'est de ne pas nommer la chose. Il suffit de décrire la situation dans l'expertise : on peut toujours prétendre que l'aliénation parentale n'existe pas ; mais qui réussira à convaincre un juge aux affaires familiales que, dans le cas de séparations parentales très conflictuelles, les enfants ne sont jamais contaminés par la guerre que se livrent leurs parents?"

Image
© Inconnu
Ralph Underwager, inventeur de la théorie des faux souvenirs - autre théorie appréciée de Paul Bensussan - affirme quant à lui au sujet de la pédophilie : "Les pédophiles dépensent beaucoup de temps et d'énergie à défendre leur choix. Je ne pense pas qu'un pédophile ait à faire cela. Les pédophiles peuvent affirmer fièrement et courageusement leur choix. Ils peuvent dire que leur volonté est de trouver la meilleure façon d'aimer. Je suis également théologien, et en tant que théologien, je crois que c'est la volonté de Dieu qu'il existe de la proximité et de l'intimité, de l'unité de la chair entre les gens. Un pédophile peut dire: "C'ette proximité est une possibilité pour moi parmi les choix que j'ai faits." Les pédophiles sont trop sur la défensive"

Ralph Underwager, dont j'ai déjà beaucoup parlé, accusé lui aussi d'abus sexuels [9], est le fondateur officiel de la False Memory Syndrome Foundation. Il a été rapidement poussé à la démission après avoir carrément prôné les bienfaits de la pédophilie dans un journal pédophile hollandais (Paidika). D'après Alex Constantine, Underwager a été l'un des officiels de la NAMBLA, l'organisation pédophile US.

Selon lui, dieu voulait que les enfants soient violés par des adultes car cela favorisait la reproduction... Exactement le même délire que la secte des Childrens of God [10]. En 1993, un procès de ces tarés a eu lieu en France à Aix-en-Provence, et bien sûr Underwager s'en est mêlé pour dire que les accusés (d'abus sexuels sur mineurs) étaient tous innocents, et qu'on les stigmatisait parce qu'ils sont pédophiles[11]. Finalement, tout le monde a été acquitté et on a dit en France que la lutte contre les sectes était devenue une chasse aux sorcières. 22 membres de cette secte avaient été mis en examen en 1993 pour "proxénétisme aggravé, violence volontaire sur mineur, séquestration et corruption de mineurs" mais ils ont bénéficié d'un non-lieu en janvier 1999 faute de preuve.

Enfin, un des prévenus a quand-même fini par être jugé coupable de pédophilie... en 2001. Et si peu : 18 mois de sursis, comme requis par le procureur, censé être à charge. L'individu s'est fait coincer pour incitation à la débauche son fils de 8 ans en lui demandant de regarder les ébats des enfants d'un couple d'amis adeptes de cette secte, le tout étant filmé. Et encore, si la mère de l'enfant ne s'était pas constituée partie civile, il n'y aurait probablement jamais eu de procès.

Image
© Inconnu
Underwager, ancien pasteur luthérien qui serait aussi passé par le club des pédophiles, la NAMBLA[12], était directeur de l'Institute of Psychological Therapies dans le Minnesota. Il a participé comme "expert" rémunéré à des centaines de procès, toujours du côté des pédophiles, comme ce fut le cas pour Woody Allen, un pédophile notoire qui a quand-même épousé sa fille adoptive[13]. Chez nous, un certain Paul Bensussan, appelé à la rescousse par les avocats d'Alain Marécaux dans l'affaire Outreau, fait exactement le même travail de sape.

En 1984 il créé VOCAL, une association de défense des personnes accusées d'abus sexuels, avec des parents qu'il a contribué à faire acquitter. Les militants n'hésitaient pas à manifester avec leurs pancartes devant les hôpitaux ou les tribunaux pour se faire entendre et réduire les peines ainsi que la prévention en la matière. Cela a permis à Underwager de témoigner dans plus de 200 procès avant les années 90.

Au cours de ses sorties, il a par exemple expliqué que 60 % des femmes sexuellement maltraitées dans l'enfance disaient que l'expérience a été bonne pour elles. Pour lui, les enquêtes liées à la protection de l'enfance sont une "attaque contre la famille en tant qu'institution" (comprendre: contre le patriarcat, qui nuit aussi bien aux hommes qu'aux femmes), et il a aussi affirmé que 75% des mères alléguant des abus sexuels dans les procédures de garde liées aux divorces ont souffert d'un « trouble grave de la personnalité » qui les a incitées à fabriquer des fausses allégations. En gros, on retrouve ces mêmes arguments dans quasiment tous les procès d'abus sur les mineurs.

Le lobby pédo/catholique irlandais a aussi fait appel aux services d'Underwager, pour qu'aujourd'hui les décennies de viols impunis leur claquent à la figure. A l'époque, il s'agissait de lutter contre un programme de prévention des abus sexuels à destination des enfants[14].

Image
© Inconnu
Il existe même une affaire des plus suspectes, en Suisse, pour laquelle un juge a rameuté trois grands lobbyistes du SAP dont Bensussan et Van Gijseghem, qui ont tous dit que les enfants hallucinaient et que leurs souvenirs avaient été implantés par leurs parents[15].

Outreau, la théorie officielle

Paul Bensussan, grand défenseur de la théorie du "syndrome d'aliénation parentale" (SAP), a toujours pris le parti de minimiser la parole des enfants. Ce n'est pas pour rien qu'il a qualifié de "polémique pathétique" le débat autour des propos pédophiles de Cohn Bendit, dans un article intitulé "Du tous pourris au tous pédophiles". Mais, nous ne sommes plus dans les années 80. Une Dolto qui dit que le viol n'existe pas, que toutes les petites filles violées par leur père sont consentantes, c'est fini et heureusement.


Dès 1999, il écrivait "Inceste, le piège du soupçon", livre préfacé par la présidente du Bureau International des Droits de l'enfant, fondé au Québec par le juge Jean-Pierre Rosencszweg et par Kouchner. Depuis ce livre, Bensussan est en contact avec des magistrats et mène sa propagande. Il a expliqué en 2001 lors d'un colloque : "Quelles que soient la consistance du dossier et la crédibilité [oui il a bien parlé de "crédibilité"] des allégations, les décisions étaient dans le passé univoques : on suspendait le droit de visite du père jusqu'à la conclusion de l'enquête. Je constate maintenant que certains juges prennent des décisions courageuses qui évitent al suspension des rencontres pères-enfants".

Là, Bensussan fait clairement passer l'intérêt du père avant la protection de l'enfant, mais cela ne dérangeait apparemment personne. D'ailleurs aujourd'hui, même pendant les enquêtes à leur encontre, les droits des pères sont souvent maintenus. Dans ces cas, on est rapidement face à des rétractations de l'enfant.

Image
© Inconnu
En 2002, alors que l'affaire Outreau commence à remuer dans la presse nationale, Bensussan co écrit "La dictature de l'émotion".

A lire le résumé du bouquin, on croit voir le film des procès d'Outreau : "La répression des abus sexuels exige un haut niveau de vigilance. On ne peut traiter avec négligence les situations dont sont victimes encore trop d'enfants. Mais un processus judiciaire enclenché sans discernement ni circonspection peut tout autant laisser des cicatrices psychologiques indélébiles qui n'épargnent personne, quand des adultes sont accusés à tort et sont broyés par la vindicte haineuse ou la suspicion hallucinée". C'est un livre qui, comme l'ont fait Gardner ou Underwager aux USA, tape sur les "défenseurs de l'enfance maltraitée" dans un double discours qui dit qu'il ne faut pas trop écouter les enfants, tout en disant que c'est pour leur bien.

"Depuis lors, le docteur Bensussan a contribué à la manifestation de la vérité dans des procès sensibles, au premier rang desquels l'affaire d'Outreau", nous dit sa page Wikipedia. Ceux qui ont lu le dossier avec les auditions des adultes et des enfants, et qui ont pu croiser des victimes d'Outreau, savent que la vérité est loin d'avoir éclaté au grand jour. Déjà, parce que le jugement en appel a donné deux vérités judiciaires contradictoires. Ensuite, parce que la justice n'a pas eu les moyens de travailler convenablement sur toutes les pistes de cette affaire.


A Outreau, Paul Bensussan n'était pas parmi les deux collèges d'experts désignés pour examiner les enfants, qui ont eu les mêmes conclusions. Non, s'il est intervenu dans ce procès, c'est à la demande les avocats de la défense, dont celui d'Alain Marecaux, l'accusé acquitté qui a quand-même dit à son fils en plein tribunal : "je suis coupable, mais à cette époque je ne savais plus où j'en étais" [16].

S'il dit qu'il n'a pas parlé des enfants de l'affaire, Paul Bensussan a critiqué à moult reprises les expertises réalisées par les premiers experts [17], confirmées ensuite par de nouveaux experts, cela alors qu'il n'est pas pédopsychiatre, et il a fait au passage un exposé sur les enfants carencés qui mentent. A ce sujet, Marie-Christine Gryson rappelle que "ces expertises ont été qualifiées de "particulièrement fouillées et individualisées et ne laissant aucun doute sur les recherches approfondies des deux experts" (JL Viaux et MC Gryson) par les magistrats de la Cour d'Appel de Rouen en formation disciplinaire en date du 22 Mai 2006 ".

Image
© Inconnu
Le 17 mai 2004 (la veille des ultimes rétractations de Badaoui qui a innocenté tous les futurs acquittés), dans une interview par Florence Aubenas[18] dans Libération, sous le titre "Un expert analyse le témoignage des enfants", Paul Bensussan disait que les enfants déliraient, alors qu'il ne connaissait pas tout le dossier : "Il ne s'agit dès lors pas de savoir si "la" vérité sort de leur bouche mais "quelle" vérité en sort. Prendre la parole d'un enfant au sérieux ne veut pas dire la prendre à la lettre". En réalité, si la justice avait pris "à la lettre" les paroles des enfants, ce ne sont pas 17 accusés qui se seraient retrouvé sur le banc des accusés mais une bonne quarantaine au moins. Et ce ne sont pas 16 enfants qui auraient été sur le banc des parties civiles en première instance mais une bonne quarantaine là aussi" (56 selon Jacques Thomet) [19]. Cet argument est d'une pure mauvaise foi.

M. Bensussan joue sur les mots, redéfinit le concept de vérité pour dire que les enfants ont "leur" vérité qui n'est pas forcément « la vérité ». Quelle découverte, n'est-ce-pas ? Cela, tous les psys le savent déjà, et les expertises en tiennent bien évidemment compte. Bensussan sous-entend qu'il faut relativiser encore plus qu'aujourd'hui la parole des enfants. Pourtant, des études existent, montrant que les enfants mentent dans 2 à 8% des cas suivant leur âge[20]. Pourquoi alors faire une telle propagande contre tous les enfants victimes ? Dans l'intérêt de qui est mené un tel lobbying, à l'heure où les plaintes pour viols sur mineurs n'ont jamais été aussi nombreuses ?

Image
© Inconnu
En avril 2006, il est même entendu par la commission d'enquête parlementaire sur Outreau. Là, "Paul Bensussan souligne notamment le poids excessif de l'expert psychiatre dans le procès pénal et le rôle joué par les associations et l'idéologie dans la sacralisation de la parole des enfants, dérives dramatiquement illustrées par l'affaire d'Outreau", nous dit Wikipedia. No comment.

Paul Bensussan a ensuite été entendu par le groupe de travail chargé de voir ce qui avait foiré dans l'affaire Outreau. Il a alors plaidé, comme il le faisait depuis 1999, pour qu'on cesse de parler de la "crédibilité" des enfants victimes, et a obtenu gain de cause. Ce groupe de travail, réuni autour du magistrat Jean-Olivier Viout, nous expliquait que "la parole de l'enfant n'a pas pour autant vocation à une systématique et inconditionnelle sacralisation. Elle se doit d'être recueillie puis expertisée avec les précautions et le professionnalisme qu'exige sa spécificité". Il s'agit d'une simple caricature de la position de ceux qui dénoncent le SAP. Personne n'a revendiqué une telle "sacralisation".

En 2009, Bensussan rejoint un groupe de travail international sur le SAP, dirigé par William Bernet, un grand fan du SAP lui aussi[21], qui cherche par tous les moyens à minimiser l'ampleur des abus sexuels. Il fait aussi du lobbying pour le SAP auprès des associations de psychiatres US, par exemple au meeting annuel de l'American Academy of Child & Adolescent Psychiatry (AACAP), et est repris par moult groupuscules masculinistes et pro pères.

Mais attention, pour Bensussan c'est un SAP relooké, pas tout à fait celui de Gardner le pédophile : "La nouvelle définition: "La condition psychologique particulière d'un enfant (habituellement dont les parents sont engagés dans une séparation très conflictuelle) qui s'allie fortement à l'un de ses parents (le parent préféré) et rejette la relation avec l'autre parent (le parent aliéné) sans raison légitime", explique Bensussan.

Image
© Inconnu
Alors là on rigole : est-ce qu'un viol c'est légitime ? Et comment le prouver si l'enfant est considéré comme un menteur, et que le pédophile est un grand manipulateur et accuse la mère de SAP grâce à des experts tout acquis à la cause du SAP ? En tout cas, avec cette définition "light" et extensive du SAP, les groupies de ce syndrome espèrent qu'il passera dans le DSM VI.

Et si cela ne passe pas, Bensussan accuse déjà les féministes d'être la cause du blocage. Le lobbying pro SAP, infondé et irrationnel, a été dénoncé par l'American Psychiatric Association, qui intègre pourtant plein de syndromes bidons dans son DSM. Mais, les psys US semblent quand-même avoir quelques limites.

A ce moment, les masculinistes ont déjà compris que les théories de Paul Bensussan allaient bien les aider. Et on a déjà vu à quel point les masculinistes sont un danger pour les droits des enfants.

Il a encore récidivé en mai 2011, dans le Nouvel Obs cette fois, suite à la parution du livre de Chérif Delay "Je suis debout". Dans un article sobrement intitulé "il ne faut pas sacraliser le témoignage de Chérif Delay", Bensussan nous explique que les enfants Delay ont inventé des histoires. Il reprend mot pour mot les arguments des avocats de la défense : les fouilles pour trouver des corps introuvables et tout le monde sait que pas de corps= pas de crime. Bref, rien de neuf dans le livre selon Bensussan, et là il a raison : Chérif n'a fait que répéter ce qu'il avait déjà dit lors des procès. Quant à la fameuse « sacralisation » de la parole des enfants, avec moins de 10% des plaintes qui débouchent sur un procès, on constate qu'on est loin de prendre en comte la parole des enfants.

L'année suivante, il publie en anglais un texte appelé " The Outreau Case and False Allegations of Child Sexual Abuse" ("L'affaire Outreau et les fausses allégations d'abus sexuels") qui est, si je puis dire, le pompon. Là, il associe déjà dans le titre les mensonges des enfants l'affaire Outreau. Et en 2012, il n'avait toujours pas vu une seule seconde un seul des enfants d'Outreau.

Image
© Inconnu
Le Dr Philippe Iacono démonte très bien le parti pris et même le militantisme de Bensussan quand il s'agit de décrédibiliser les enfants. "A l'en croire, donc, le juge (ou même un collège de juges puisque c'est aussi l'idée en vogue) se retrouverait tout seul à tenter de situer la vérité judiciaire. Avec finalement des experts et des expertises qui ne servent à rien puisque ne cernant qu'une vérité psychologique qui n'a aucune valeur pour condamner un accusé selon lui. Pourquoi donc en demander dans ce cas, des expertises ? Pour se donner bonne conscience ? Ou bien pour avoir une chance de décrédibiliser l'allégation ?", écrit-il, "La logique est implacable puisqu'en l'absence de vérité judiciaire absolue, en l'absence de preuves matérielles ou d'aveux - ce qui est le cas dans la très vaste majorité des abus sexuels intrafamiliaux - et bien, le doute bénéficiant à l'accusé, on n'a plus qu'à classer sans suite toutes les affaires où c'est la parole d'un enfant contre le déni d'un adulte. CQFD. Et puis, ça fera des économies budgétaires".

La réponse de l'une des expertes d'Outreau qui avait estimé que les enfants étaient crédibles (parce que le juge lui avait demandé d'évaluer leur crédibilité), est claire : "On peut s'interroger sur les raisons qui poussent le Docteur Bensussan à tenter de verrouiller les positions qu'il avait prises alors qu'appelé à la rescousse par les avocats de la défense lors des procès il était intervenu à la demande des avocats de la défense, sans être pédopsychiatre, sans même avoir examiné les enfants, pour insuffler cette théorie selon laquelle les enfants carencés peuvent inventer des agressions sexuelles. Les vrais spécialistes savent que des enfants ne peuvent inventer ce qui sort complètement de leur champ de compréhension (...) Les jurés heureusement ont entendu les 7 experts qui avaient eux, examiné les enfants et 12 d'entre eux ont été reconnus victimes de viols, agressions sexuelles, corruption de mineurs et proxénétisme".

Image
© Inconnu
Bensussan a recommencé l'an passé dans un article de L'Express de février 2013, intitulé d'une question biaisée qui montre bien la manière insidieuse par laquelle fonctionne cette propagande, "Faut-il prendre systématiquement à la lettre la parole de l'enfant ?".

Mais qui a dit qu'il fallait "prendre systématiquement à la lettre" les accusations des enfants? On sait bien qu'ils ne comprennent rien à ce qu'il leur arrive, que les souvenirs sont parcellaires, que parfois les choses se mélangent. Bensussan dit beaucoup de bêtises dans cet article, et elles sont exposées dans un article du collectif Guillaume Leroy.

Il est aussi membre du Réseau Européen d'Experts sur les interventions judiciaires, sociales et thérapeutiques auprès des enfants victimes d'agressions sexuelles, a été membre de la Commission "Allégations d'abus sexuels dans le contexte de séparations parentales" de novembre 2000 à novembre 2002, a fait diverses formations à l'Ecole nationale de magistrature, a travaillé avec l'association Anthea du Var (qui forme les professionnels de l'enfance[22]) sur un film intitulé "Fausses allégations d'abus sexuels : une autre forme de maltraitance", sans compter les procès dans lesquels il est intervenu.

Bref, on comprend pourquoi les associations de pères, regroupant de très nombreux pères accusés d'abus sexuels sur leurs enfants, et parfois condamnés, sont de véritables groupies de Bensussan. Idem avec les groupuscules masculinistes, comme les suisses du "mouvement de la condition paternelle", qui se réjouissent des propos de Bensussan tenus lors d'un colloque de SOS Papas en 1999, selon lesquels nous sommes face à "la multiplication des fausses allégations et les accusations mensongères", ce que rien, mais absolument rien ne prouve, ou les propos selon lesquels, les mères seraient à l'origine de ces fausses accusations. Quand Paul Bensussan dit que l'un des critères pour repérer le SAP est quand "Le rejet s'étend à toute la branche paternelle : grands-parents, oncles, neveux et nièces autrefois adulés ... Il y a amputation de la moitié d'un arbre généalogique", il pense bien aux pères en tant que victimes, et aux femmes comme manipulatrices/destructrices, tout comme l'ont fait Gardner ou Gijseghem.

Personne ne nie que des parents coupent leurs enfants de l'autre parent, les instrumentalisent, les poussent à ignorer ou à mépriser leur autre parent. Mais ce n'est pas un "syndrome d'aliénation parentale", qui n'existe pas. Et non seulement ce truc n'existe pas, mais en plus il est utilisé à des fins de négation de la parole de l'enfant, spécifiquement dans des cas d'abus sexuels. Il est clair que, malgré ce qui nous est raconté, ces théories ne sont pas véhiculées dans l'intérêt des enfants victimes [23]. Et ceci est très inquiétant quand on sait à quel point les victimes ont du mal à parler, et à quel point il est rare que les abuseurs soient condamnés.

Conférence de réinformation sur Outreau :


Notes :

[1] En 2012, 6.000 plaintes pour viols sur mineurs ont été déposées, et seulement 383 condamnations en justice pour viol sur mineur ont été décidées la même année, soit une plainte sur 15 environ. Où est la "sacralisation" ?

[2] Un certain Arthur Green a véhiculé cette théorie en 1986, et disait qu'il fallait se méfier des accusations d'abus sexuels, surtout quand elles surviennent dans le cadre d'une séparation, et surtout si l'enfant les fait en rentrant d'une visite chez son père. Dans l'année qui a suivi, des psys du pays se sont mobilisés contre cette théorie qu'ils qualifiaient d' "opinion".

[3] Le SAP a été refusé car les psy du comité du DSM ont estimé qu'il y avait pas de validation scientifique à ce délire. Rappelons toutefois que si des parents manipulent leurs enfants en cas de divorce, ce n'est pas un syndrome, et cela ne doit surtout pas occulter la rareté de ces cas qui a été prouvée par diverses études, scientifiques celles-là.

[4] L'idée de l'audition filmée est bien en soi, mais cela ne change rien : en l'absence de preuves matérielles, une fois au tribunal on reste avec la parole d'un enfant contre la parole d'un adulte.

[5] Il fait la différence entre les pédophiles et les agresseurs d'enfants, et selon lui seulement 20% des agresseurs sexuels d'enfants sont des pédophiles.

[6] Selon Van gijseghem, les détenteurs de pédopornographie ne font pas partie des exploiteurs d'enfants et ne devraient pas être poursuivis. Pourquoi ? "Parce que c'est tellement courant que cela entraînerait des problèmes dans l'administration de la justice"... ( You can imagine all kinds of unhappy scenarios where someone is coerced or tricked into doing stuff that's filmed. Certainly I think those offences should be penalized quite heavily. At the level of possession, I'm not so sure. I fear that it's so common that it will lead to problems in administering justice).

[7] Heureusement, le tribunal a suivi les constatations médico légales et a déchu le pédophile de son autorité parentale et sa victime a pu changer de nom.

[8] "Gardner considère le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) comme « la forme naturelle à la Nature de désensibilisation systémique". Il recommande que l'on dissuade la mère de s'associer à un recours en justice parce que "ceci gênera le processus naturel de désensibilisation et fera subir à l'enfant toute une série d'interrogatoires qui lui causeront inévitablement préjudice. De plus, les enquêtes judiciaires et psychiatrique relatives à l'agression peuvent causer plus de tort psychologique à l'enfant que l'agression elle-même", expliquait Stephanie J. Dallam, qui avait analysé les préconisations de Gardner en matière de prévention et d'aide aux vicimes Quant à la mère d'une victime, voici sa recommandation : "Peut-être peut-on l'aider à devenir consciente que, dans l'histoire du monde, le comportement de son conjoint a probablement été plus répandu que la retenue dont font preuve ceux qui n'agressent pas sexuellement leurs enfants".

[9] Sa fille avait engagé une procédure contre lui.

[10] En 1993, un raid des flics dans un site des Childrens of God en Argentine a permis de mettre la main sur des vidéos d'abus rituels et de pédopornographie. La même année, un raid a eu lieu en France, où la plupart des adeptes n'étaient pas de nationalité française. En juillet 1990, c'est en Espagne qu'une descente de police a eu lieu, avec les mêmes accusations d'abus sexuels sur mineurs à la clé. Des cassettes vidéos avec des enfants faisant des streap tease ont été saisies et ont établi que l'enseignement des pratiques sexuelles était prôné auprès des enfants. "ils disaient toujours mais pourquoi tu ne veux pas le faire ? Tu dois nous apprendre l'amour de Dieu. Et le pire c'est qu'il se servait de Dieu, du Christ pour nous obliger à faire tout ça. Ils disaient si tu refuse, Dieu sera en colère. Alors qu'est ce qu'on pouvait faire ?", a ainsi déclaré une victime. Mais lors du procès, tous les enfants ont dit à huis clos qu'ils n'avaient rien subi .La secte les Enfants de Dieu a changé de nom en 1978 pour devenir « La Famille », du même nom que The Family, le groupe de Charles Manson. Un autre procès a eu lieu en Angleterre, au cours duquel on a appris que David Berg, le fondateur alcoolique, avait des pratiques pédophiles avec ses petites filles. Berg prônait le sexe partout et tout le temps pour propager la parole de Dieu, y compris avec transmission de maladies vénériennes. C'est suite à cela que le groupe a changé de nom pour devenir la Family, et à partir de ce moment il est devenu un véritable réseau de prostitution.

[11] En 1996, un rapport parlementaire français affirmait que les enfants de cette secte, rebaptisée « La Famille », étaient régulièrement prostitués et victimes de divers abus sexuels par les membres de la secte.

[12] Underwager aurait été l'un des portes paroles de la NAMBLA.

[13] A l'époque, le procès avait eu lieu suite aux accusations de sa compagne, Mia Farrow, selon lesquelles il violait la fille adoptive de Mia Farrow, encore mineure à l'époque. Avec laquelle il s'est ensuite marié en 1997.

[14] A cette époque différents groupes se sont créés en Irlande pour tenter de tuer dans l'œuf les accusations d'abus rituels. VOCAL y a créé une succursale, par exemple, à partir d'une autre association, Accused Parent's Aid Group, lui-même affilié à VOCAL aux USA.

[15] En février 2002, un enfant de 7 ans, Luca Mongelli, est retrouvé inanimé dans la neige, avec de nombreuses blessures, à moitié nu, en hypothermie, pas loin de la maison familiale. Il était sorti avec son chien et son frère de 4 ans. Après plusieurs mois de coma, il est resté aveugle et tétraplégique. L'enfant a parlé d'un monsieur qui l'a mis dans la neige et de quatre agresseurs, mais la justice reste fixée sur la théorie d'un chien qui aurait attaqué et déshabillé l'enfant. Les psys appelés pour expertiser Luca ont dit que son environnement avait influencé ses déclarations et qu'aucun monsieur ne l'avait mis dans la neige. On n'a retrouvé aucun ADN de chien sur les vêtements de Luca, et l'affaire est classée en 2004. EN 2010 l'affaire est relancée suite à un dessin fait par le petit frère en 2005 représentant son frère attaqué par trois personnes et lui caché derrière un arbre, et Van Gijseghem et bensussan sont appelés pour expertiser le dessin.

[16] Bizarrement, le président du tribunal a demandé à ce qu'on enlève cette phrase des minutes du procès, car selon lui ce n'était pas des aveux.

[17] Et cela, en se basant sur les mensonges des avocats de la défense, véhiculés par la presse.

[18] Rappelons que Florence Aubenas a écrit un livre à charge contre les enfants victimes d'Outreau, cela à base de pièces du dossier fournies par les avocats de la défense, et le livre a été publié en octobre 2005, soit plus de deux mois avant la fin du procès en appel. En outre, elle a totalement ignoré l'obligation déontologique de demander le point de vue des deux parties.

[19] Et la justice est tellement faite à minima qu'une bonne partie de ces enfants n'ont jamais eu droit à un procès malgré des faits graves rapportés. En outre, monsieur Bensussan sait-il que deux autres procès parallèles à cette affaire ont eu lieu, impliquant des protagonistes cités dans l'affaire Outreau ?

[20] Judith Herman, a constaté que les mensonges des enfants dans les cas d'abus sexuels se situent entre 2 et 8% suivant les tranches d'âge (les plus petits étant ceux qui mentent le moins). Elle ajoutait, par contre, que les fausses rétractations et les dénis sont bien plus courants, surtout quand la victime n'est pas protégée (les victimes d'Outreau en savent quelque chose). En 1987 une autre étude menée par David Jones et J. Melbourne McGraw a analysé 576 cas de signalements d'abus sexuels adressés aux services sociaux de Denver. 70% ont été jugés fiables, 22% insuffisamment documentés, et 8% ont été considérés comme fictifs, rappelle la pédopsychiatre Catherine Bonnet dans son livre "L'Enfance muselée : un médecin témoigne". En 2000, 551 cas similaires des mêmes services sociaux de Denver reçus en un an ont été étudiés, et 14 enfants, soit 2,5%, étaient susceptibles d'avoir menti. Dans trois de ces 14 cas, un parent avait manipulé l'enfant, trois autres fois, un geste banal a été mal interprété par l'enfant, et les huit derniers cas étaient réellement de fausses allégations émanant de l'enfant. Catherine Bonnet cite aussi l'étude de Mark D Everson et Barbara W Boat en 1987, qui ont travaillé sur 1.249 signalements aux services sociaux, et ont repéré 69 cas comme étant faux, soit 5,5%. Quant à Paul Bensussan, il a évoqué cela en 2001 dans une conférence sur "le poids de la parole de l'enfant" : "On me demande souvent la fréquence des accusations infondées d'abus sexuels. Les chiffres sont tellement disparates que vous allez tout de suite comprendre à quel point ils sont vides de sens. Un de mes éminents confrères chef de service de pédopsychiatrie disait récemment lors d'une émission que selon lui les allégations infondées s'étendaient de 3 à 6%, pour certains auteurs au contraire comme Hubert Van Gijseghem on estime ce chiffre allant jusqu'à 50 à 75%, l'American Psychological Association qui n'a pas l'habitude d'avancer des chiffres au hasard parle de 50% ".

[21] Il travaille pour une université dont les experts sont souvent appelés par des pédophiles présumés pour dire si leur victime a le droit de parler ou pas lors de la procédure. Ainsi, Bernet est intervenu dans un dossier concernant les viols d'un enfant de 8 ans par son père vétérinaire. Depuis des années, la mère dénonçait les agressions du père sur son fils, mais l'affaire a été classée et elle a perdu la garde de son fils, confié au pédophile, grâce à Bernet. On a évidemment accusé la mère d'être "aliénante" et qu'elle voulait "détruire" le père. Ceci, alors qu'un pédiatre, un pédopsy et un travailleur social avaient confirmé les abus. En outre, le père avait déjà été violé par son propre père. Mais il avait suffi que Bernet dise que l'enfant n'avait jamais subi d'agression sexuelle pour sceller le sort du petit et le renvoyer chez l'abuseur. Bernet avait omis de mentionner qu'il avait repéré deux facteurs de risques que le père soit un abuseur, et qu'il avait échoué au test pour repérer les psychopathes déviants. Il savait aussi que la mère avait retrouvé des poils pubiens dans le rectum de son fils. Puis en 2011, on a trouvé de la pédopornographie dans l'ordi du père, l'enquête été rouverte, et le père a cette fois appelé un collègue de Bernet, du même cabinet, pour dire que son fils n'était pas apte à parler au tribunal.

[22] On retrouve dans cette association plusieurs protagonistes de l'affaire Amidlisa.

[23] D'ailleurs, Paul Bensussan considère que l'augmentation des plaintes pour abus sexuels sur mineurs est probablement due à l'augmentation des cas de SAP.