Image
© Inconnu
"Monsanto s'y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement performants qu'ils n'éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils éradiquent aussi les agriculteurs..."

Amis lecteurs,

A ce jour, nous ne disposons pas encore de toutes les données relatives au programme de Monsanto qui s'est porteur acquéreur de l'agriculture, de la pisciculture et de l'élevage. Nous pouvons cependant vous en dévoiler déjà quelques unes.

Faisons d'emblée confiance à ce génie qui, il y a 25 ans déjà, inventait le poisson antigel. Grâce à un gène particulier, ce poisson pouvait en effet nager en eaux profondes et glacées, là où il était sûr de ne pas rencontrer de concurrence, et ratisser le plancton sur des kilomètres. Bien sûr, le poisson antigel a nui aux autres variétés et à la flore sous-marine mais, comme il grossissait vite, il assurait aussi une nourriture abondante et rapportait des dollars à profusion. Quelques riverains ont bien essayé de protester, ils ne trouvaient plus au marché leurs sardines habituelles, mais tous les procès qu'ils ont intentés sont restés sans suite. Et si l'on veut manger, eh bien on mange ce qu'on trouve et on arrête de faire la fine bouche. D'autant que, d'après les prévisions et les calculs, la population mondiale ne va pas cesser de sitôt de croître et d'embellir.

Monsanto s'y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement performants qu'ils n'éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils éradiquent aussi les agriculteurs. Là encore, il y a eu des protestations, là encore Monsanto a réfuté ces plaintes « injustifiées et frivoles » et mis ses détracteurs au défi d'apporter des preuves scientifiques pertinentes. Vous penserez « vive l'impertinence ! » mais ce n'est pas si simple que ça. Qui étudie les preuves ? Qui pratique les tests ? Qui compare ? Qui réfléchit ou fait mine de réfléchir au problème ? Et, finalement, qui juge ? Ajoutons : qui paie les juges ? Questions « banco ».

Un peu mégalomane quand même, Monsanto a créé les bœufs obèses, piqués à l'hormone de croissance. Cela rapporte, un bœuf obèse est plus lourd qu'un bœuf « normal », c'est donc plus cher, et, débité en morceaux, ça fait un plus gros tas. Pour arriver à un bon résultat, il a quand même fallu un peu de tripotage dans toutes les hormones parce qu'au début on ne se rendait pas compte que les femelles traitées étaient stériles et que, si ça continuait ainsi, ce ne serait pas rentable. C'était trop vache !

Bref, tout cela, c'est de l'histoire. Venons-en aux premières mesures dont nous avons réussi, non sans mal car Monsanto est un spécialiste des brevets et des secrets de fabrication, à prendre connaissance.

1) Les produits ne seront plus étiquetés que de manière très succincte. Les exigences de marquage et de certification sont effet onéreuses et restrictives pour le commerce. Le consommateur saura simplement s'il achète des champignons de Paris ou des croquettes pour son chat. Seule, la « variété » du produit sera indiquée. Il ne s'agit pas de donner des croquettes « goût bacon » à un chat qui n'aime que les croquettes « goût salami ».

2) Toutes les normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales seront annulées car elles constituent des entraves au profit et représentent des obstacles plus rigoureux que nécessaires. Elles sont de toute façon inutiles puisqu'en cas de procès le gagnant est connu d'avance. Remarquons d'ailleurs que certains procès durent si longtemps que tout le monde est mort avant que le verdict ne soit prononcé.

3) Les exploitations agricoles devront être concentrées au maximum, les petits exploitants seront donc expropriés (et pourront éventuellement bénéficier du ramassage matinal - voir TTIP chapitre 1).

4) Il sera mis fin aux circuits courts entre producteurs et consommateurs, ces circuits courts constituant une concurrence déloyale. Des inspecteurs en civil circuleront pour détecter les fraudes, ce qui fera plaisir à Arcelor Mittal puisque cela créera des emplois. A l'occasion, Arcelor Mittal renvoiera la balle.

5) Les potagers privés seront taxés en fonction de leur superficie et de leur rendement, et il sera interdit de cultiver des herbes aromatiques dans des bacs à fleurs.

6) Toute graine ramassée au hasard d'une promenade familiale dans un bois devra faire l'objet d'une déclaration auprès d'un office de contrôle qui vérifiera si la graine figure sur la liste des propriétés privées de Monsanto.

7) Toutes les semences seront brevetées et appartiendront en fait et en droit à Monsanto. Celles que vous achèterez pour votre jardin seront stériles, vous en achèterez donc chaque année et vous obtiendrez une carte de fidélité. Mais, même sans carte de fidélité, vous serez fiché.

8) Monsanto sera d'ailleurs propriétaire de la chaîne alimentaire complète, depuis la semence jusqu'à l'assiette. Du coup, vous ne perdrez pas de temps à vous poser la question de l'origine du produit.

Une belle vue d'ensemble, n'est-ce pas ? Il faut une fameuse équipe de chimistes, de financiers, d'avocats et de banquiers pour mettre au point un tel programme. Gageons que ce n'est pas fini et que ce « ministère » nous réserve encore quelques belles surprises.

Entre-temps, soyez rassurés, l'équipe gagne bien sa vie et c'est vous qui payez.