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L'esprit d'orthodoxie accentue son "come back". Le sinistre David Cameron est en bonne place.Dans l'antiquité européenne, l'intolérance avait le même aspect que dans la Chine ou l'Inde d'aujourd'hui. Elle se manifestait par des procès de patriotisme, au cours desquels les mauvais citoyens étaient sanctionnés. Rien de commun avec l'intolérance contemporaine. Cette différence de nature vaut d'être soulignée. Jamais, dans l'Empire Romain, la pensée ne fut soumise à la censure. L'Européen antique, comme l'Hindou ou le Chinois d'aujourd'hui, pouvait penser ce qu'il voulait, mais ne devait rien faire qui pût détruire les coutumes, les traditions, les règles d'action qui gardent la Patrie ou l'Empire.

L'orthodoxie contemporaine renvoie à toute autre chose. L'intolérance présente autorise n'importe quoi en matière de mœurs, coutumes, attitudes, mais sort l'artillerie lourde contre la pensée. On ne peut plus formuler une opinion qui conduirait à douter d' "articles de foi". Être un fidèle, un dévôt, un cagot est le slogan de l'orthodoxie. Le Camériste anglais, l'un des gardiens du goulag intellectuel occidental, a déclaré à l'ONU, pensant épater la galerie, que les chercheurs de vérité devaient être considérés comme des terroristes, ainsi que tous les sites internet qui osent se lever contre l'Impérialisme.

Rabaisser tout le monde au niveau des banksters

L'esprit de la recherche méthodique, de l'investigation critique, de l'enquête prospective, a conditionné en Europe l'essor prodigieux de la science et de la technique. Pour les Européens, la vérité est l'objet d'un libre examen et d'une recherche indéfinie, mettant sans cesse en cause l'acquis. Le largage à l'ONU des grossièretés « caméroniaises » n'emprunte rien à la tradition européenne. Il rappelle le principe révolutionnaire en vertu duquel la disqualification est préférable au débat de fond. Manœuvre qui tend à prescrire autoritairement ce qu'il faut penser et intimide en négligeant la démonstration. Le jocrisse ressuscite la science de dieu dont Malherbes avait affirmé au XVIIème siècle qu'elle seule pouvait nous laisser en repos. La logique à l'œuvre donne le vertige. Certains financiers affirment qu'ils font le travail de dieu. Or, les chercheurs de vérité n'acceptent pas la vérité révélée de l'oligarchie des banksters. Donc ce sont des hérétiques et la science des divins banquiers est la seule à prendre au pied de la lettre. Le premier ministre anglais veut peut-être en même temps concurrencer les fanatiques musulmans, promettre les lendemains qui chantent après que les bûchers auront brûlé toute la nuit et qu'une orthodoxie capitalo-carnavalesque régnera sur les restes de son pays....

David Cameron s'est-il converti au marxisme ?

Cameron, comme la plupart des dilettantes intellectuels, adore le fétichisme verbal. Peut-être était-il jaloux de la valetaille française, pays où l'esprit d'orthodoxie a pris son rythme de croisière depuis 1972 avec son carré magique de niaiseries pieuses (les ANTI), son histoire édifiante, les agressions contre toute trace d'hérésie et une immense armée de puants collabos.

L'idéologie est une drogue. Elle donne la priorité à l'idée sur le fait et fabrique des sectes efficaces. Le terme péjoratif d'idéologue a été abondamment utilisé par Marx. Les bolchéviks ont fait de l'idéologie un ensemble plus ou moins cohérent de pensées, d'idées, de croyances destinées à entraîner les masses dans l'action collective révolutionnaire. Il ne s'agit pas de savoir si une société est valable en réalité, mais uniquement si elle bonne et juste en idée. Cameron a repris la pensée fondamentale de Marx pour qui « est vrai tout ce que l'on fait ». La vérité est le résultat non d'une recherche mais de l'activité, de la puissance. Ce qui est imposé par l'action des coteries globalitaires est vrai. Elles peuvent donc émettre n'importe quelle idée, le fait de l'appliquer avec succès la fait vraie. Conclusion: puisque la vérité dépend de la puissance, j'obéis à mes maîtres surtout si cela s'accompagne de quelques valises de dollars.

Enivré par son idée fixe, aveuglé par la vanité, obsédé par la nécessité de se prosterner devant ses maîtres, David Cameron n'a pas vu qu'à l'ONU le monde asiatique riait de sa prestation vulgaire. Ces civilisations se sont libérées - ou sont en train de s'émanciper - de la génuflexion régulière, depuis 1945, devant la novlangue du meilleur des mondes. Alors que Céline résumait la prise de pouvoir de Lénine par la formule : "pas d'or, pas de révolution", la prise de pouvoir du soviet de la finance se résumerait plutôt : "pas d'or, pas de look". A pas de "look" s'étend une tyrannie obscène : l'impensée sur fond de caviar, le travail honnête à fond de cale, des animaux enférocés à la tête des États. L'inhumanité est à la fête.