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Après deux jours de manifestations réunissant des centaines de milliers (certaines sources parlent d'au moins un million) de personnes, le président burkinabé Blaise Compaoré a été contraint de donner sa démission après 27 ans de règne. Le chef d'état-major des armées, le général Honoré Nabéré Traoré, a aussitôt annoncé qu'il prenait la tête de l'état pendant la période de transition, en attendant l'organisation d'élections libres.

On se souvient que les manifestants s'étaient réunis dans le but d'empêcher la modification de la Constitution. Très vite, bien que le président ait aussitôt fait marche arrière pour calmer le jeu, les revendications ont changé, et visaient au départ pur et simple de Compaoré. Aujourd'hui, cette revendication vient d'être satisfaite. Victoire totale sur toute la ligne. Tout va bien alors ? Pas du tout. C'est même maintenant que tout commence ; ce ne serait pas une « révolution », sinon.

Ce qui se passe au Burkina Faso comporte, comme nous le disions hier, tous les signes d'une « révolution ». Le départ de Compaoré n'est qu'une étape et non l'objectif. Ceux qui avaient intérêt à étouffer la révolution dans l'œuf, en tête desquels il y a la France, ont certainement accéléré le départ de Compaoré et cherchent à reprendre les choses en main par l'armée en la personne du chef d'état-major, le général Honoré Nabéré Traoré.

Mais, peu après le communiqué de ce dernier, devant la foule sur la place de la Nation, rebaptisée « place de la révolution », le commandant adjoint du Régiment de sécurité présidentielle, le lieutenant-colonel Isaac Zida, annonce le ralliement de l'armée à la société civile et, ironie du sort, la dissolution de cette constitution que les burkinabés voulaient tant défendre. Ce seul élément devrait nous inciter à éviter de nous raconter des histoires sur une quelconque volonté populaire. Une foule, surtout de plus d'un million de personnes, ne pense pas ; elle réagit. Ceci devrait aussi nous faire penser que des objectifs bien plus larges qu'un simple changement de régime sont derrière cette « révolution ».