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Considérés à l'époque comme des phénomènes New Age de la culture populaire américaine, le yoga et la méditation s'introduisent rapidement dans les cercles conservateurs de l'armée.
D'un côté, on utilise les interventions inspirées du yoga pour former de meilleurs soldats. L'armée étudie avec une grande attention des pratiques telles que le yoga, la respiration yogique, et la méditation pour améliorer les compétences de ses soldats en service actif. Elle finance des psychologues au sein des meilleures universités, comme Amishi Jha, pour qu'ils conduisent des recherches sur les effets de la méditation sur l'attention et les capacités cognitives des soldats.
Un article récemment rédigé par Amishi Jha suggère que certains types de méditation peuvent, en effet, améliorer l'attention et la concentration. Son programme a également pour objectif d'aider les soldats à développer la maîtrise du souffle et de la méditation afin de mieux réguler leurs émotions au cours de situations stressantes.
Une phrase tirée du résumé de son article à paraître dans Military Reviews décrit bien son intention d'aider à améliorer les capacités mentales pour la prise de décisions : « une mission anti-insurrectionnelle gagnante ne dépend pas d'une force militaire écrasante qui élimine tous les insurgés, mais dépend plutôt des capacités mentales des agents contre-insurrectionnels à prendre des décisions qui permettent d'atteindre les principaux objectifs politiques.
D'après le New York Times, « Un nouveau programme de psychologie positive visant à « entraîner le mental » va être enseigné à 1,1 millions de soldats dans l'espoir d'accroître leur résilience émotionnelle ».
D'autres programmes similaires, comme le programme d'entraînement de l'esprit du Samouraï, aident les soldats à améliorer leur performance sur le champ de tir. Des problèmes éthiques évidents apparaissent si l'entraînement de l'esprit est mené en l'absence d'un contexte éthique. Traditionnellement, tous les cours de méditation étaient administrés dans un cadre éthique. Entraîner l'esprit à peaufiner les techniques de tir sans fournir de recommandations éthiques est inquiétant. Toutefois, si ces techniques aident les soldats à réguler leurs émotions et, par conséquent, à sauver des vies (par exemple, en évitant de tirer sur des civils innocents par la simple raison qu'ils sont dans un état de panique), alors de telles techniques sont utiles.
D'un autre côté,
les interventions basées sur le yoga sont utilisées pour guérir les vétérans qui rentrent du front. L'âge moyen des soldats qui reviennent de la guerre est de 25 ans et pourtant ils ont traversé des expériences traumatiques inimaginables. Les vétérans reviennent avec des problèmes allant des soucis de sommeil au syndrome de stress post-traumatique (SSPT), crises de rage incontrôlables et les flashbacks traumatiques.
Ces circonstances sont souvent à l'origine de problèmes personnels comme les divorces, et les ruptures familiales menant à encore plus d'isolation et de dépression. Le taux de suicide augmente chez les soldats en service actif et chez les vétérans. Selon le LA Times,
le taux de suicide chez les vétérans a atteint son maximum depuis 30 ans. C'est la raison pour laquelle, on constate un accroissement rapide du nombre de programmes fondés sur le yoga - et la méditation - testés auprès des vétérans qui reviennent tout juste du front et qui souffrent de traumatismes.
Font partie de ces programmes iRest (un programme de Yoga nidra créé par Richard Miller) et le projet « Bienvenue à la maison, soldat » (un programme de respiration fondé sur le Sudarshan Kriya et offert par l'Association internationale pour les valeurs humaines).
Comme les militaires, hommes et femmes, sont habitués à un environnement « masculin » qui pourrait les rendre circonspects quant à toute intervention qui semble trop « efféminée », ces programmes sont enseignés d'une manière adaptée et nombre de vétérans trouvent dans la pratique de ces programmes un grand soulagement.
Se mettre à la méditation pendant qu'on fait la guerre s'est comme se savonner pendant qu'on est plongé dans un fosse à purin.