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Jacques Pauwels n'est pas le genre d'historien dont on entend souvent parler dans les médias traditionnels. Il n'est évidemment pas le genre d'« expert » auxquels ils se réfèrent pour vérifier des faits historiques. L'exclusion des événements d'actualité de leur contexte historique constitue en fait un aspect crucial de la propagande médiatique.

Écouter Jacques Pauwels nous fait comprendre d'une part l'ampleur des mensonges dont on nous a gavés sur la Seconde Guerre mondiale, le fascisme et la démocratie, et, d'autre part, comment les mythes liés aux guerres précédentes doivent être entretenus dans le discours dominant afin de satisfaire les besoins d'une incessante propagande de guerre.

Lors d'une conférence le 15 décembre à Montréal, il a expliqué que les Première et Seconde Guerres mondiales avaient essentiellement pour but de d'écraser les mouvements révolutionnaires des masses.

Le mythe de la bonne guerre

Chaque fois qu'il est nécessaire d'obtenir l'approbation des Occidentaux pour une guerre, le mythe de la bonne guerre refait surface : la Seconde Guerre mondiale était une bonne guerre, nécessaire pour étancher la soif de sang d'Hitler. Jacques Pauwels détruit ce mythe et révèle la nature brutale de l'élite occidentale.

Les raisons de l'implication américaine dans la Seconde Guerre mondiale résident dans les conditions socio-économiques de l'époque, non pas dans un élan de compassion destiné à sauver l'humanité du fascisme. En réalité, l'élite des États-Unis était en faveur du fascisme, un outil très pratique pour écraser le mouvement révolutionnaire de masse incarné par la Révolution russe et l'URSS.

La Seconde Guerre mondiale n'était qu'une continuité de la Première Guerre mondiale. « On nous a toujours dit que la Première Guerre mondiale a commencé avec l'assassinat de l'archiduc Franz Ferdinand, mais ce n'est pas vrai », explique Pauwels. Il s'agit en effet d'un mythe bien établi perpétué par diverses sources d'information, que l'histoire soit écrite par des experts comme c'est le cas dans l'Encyclopédie Larousse, ou par un peu n'importe qui, comme dans Wikipedia :

Le déclenchement de la guerre
La cause plus immédiate - qui déclenche le conflit par l'enchaînement des alliances - est l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche et de son épouse par un nationaliste serbe de Bosnie le 28 juin 1914. (Première Guerre mondiale , Larousse)

L'étincelle qui provoqua la guerre survint le 28 juin 1914, lorsqu'un jeune nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip, parvint à assassiner l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois, et son épouse. Les exigences de vengeance de l'Autriche-Hongrie (fortement encouragée par l'Allemagne) à l'encontre du Royaume de Serbie menèrent à l'activation d'une série d'alliances qui obligèrent plusieurs puissances européennes à s'engager sur la voie de la guerre. Plusieurs de ces nations étaient à la tête d'empires s'étendant sur plusieurs continents, ce qui explique la portée mondiale du conflit. (Première Guerre mondiale, Wikipedia)
Les deux guerres mondiales ont deux dimensions : la dimension verticale, à savoir la rivalité entre les empires, et la dimension horizontale, la lutte des classes, explique Pauwels.

Ces guerres étaient le meilleur moyen pour l'élite occidentale de faire face à la croissance des mouvements révolutionnaires et démocratiques, alimentés par des conditions économiques désastreuses et menaçant l'ordre établi.

Pauwels raconte que selon Nietzsche par exemple, « la guerre était la solution contre la révolution, car, dans une guerre, il n'y a pas de discussions, comme c'est le cas en démocratie. Dans une guerre, la minorité, l'élite, décide et la majorité, les prolétaires, obéissent. »

Pour les membres de l'élite comme Malthus, « le système ne pouvait pas être la cause de la pauvreté, car l'élite en profitait. La cause de la pauvreté, c'était les pauvres : il y en avait trop. Par conséquent, la solution à la pauvreté et à la menace des mouvements révolutionnaires était tout simplement d'éliminer les pauvres et quelle meilleure solution que la guerre pour tuer des pauvres? »

Après la Première Guerre mondiale cependant, « la révolution n'était plus une simple idée, elle était devenue quelque chose de concret : l'Union soviétique. Le fascisme est alors venu à la rescousse. « Le fascisme était l'instrument de l'élite pour atteindre les objectifs de 1914, à savoir mettre un terme aux révolutions et au communisme. »

Le communisme et le socialisme ont gagné du terrain dans le monde entier après la Première Guerre mondiale. « L'élite industrielle et financière allemande voulait écraser le mouvement révolutionnaire et détruire l'Union soviétique. Adolf Hitler était leur outil pour y parvenir. »

Selon la croyance populaire, les dirigeants occidentaux se sont portés à la défense de la démocratie, se sont engagés dans une guerre contre l'Allemagne pour sauver l'humanité du fascisme, et c'est l'implication des États-Unis dans la guerre qui a mené à la chute de la machine de guerre hitlérienne. Rien de plus faux. « Hitler a été soutenu par d'autres pays européens et les États-Unis parce qu'ils voulaient qu'il détruise l'URSS, le berceau de la révolution. » C'est exactement le contraire qui s'est produit : c'est l'URSS qui a vaincu l'Allemagne nazie, perdant plus de 20 millions d'âmes dans la bataille.

Les États-Unis ont même recruté les services des meilleurs scientifiques, techniciens et ingénieurs nazis après la guerre. Cette facette de l'histoire appelée Opération Paperclip n'a pas encore trouvé sa place dans l'encyclopédie Larousse.

« La Seconde Guerre mondiale, c'est la victoire de l'impérialisme américain », un terme rarement utilisé aujourd'hui, même si c'est celui qui décrit le mieux la réalité que le monde connait depuis.

Ce qu'il y a de plus surprenant cependant, est la survie du mythe voulant que nous allions à la guerre pour sauver le monde de méchants dictateurs ou de terroristes et que le monde occidental se bat pour la liberté et la démocratie. Grâce aux « sténographes du pouvoir », la tromperie fonctionne encore et ce mensonge est toujours utilisé plusieurs décennies plus tard.