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Nous nous arrêtons à l'interview de Poutine au quotidien italien Corriere della Sera, donnée pour marquer sa visite en Italie pour l'Exposition Universelle de Milan (Expo Milano 2015). Ce n'est pas tant le contenu informatif de l'interview qui nous intéresse que son aspect purement de communication. Du point de vue de l'information, en effet, cette interview ne nous apporte guère de choses et de situations nouvelles, sinon une indication ici ou là que nous pouvons "lire entre les lignes", selon notre interprétation. (Nous traitons à part une de ces singularités. On peut lire dans notre Bloc-Notes un sujet concernant la question du "contrôle de l'Ukraine" par les pays du bloc BAO, et notamment le cas de John Kerry, à partir des remarques que fait Poutine à ce sujet, - voir ce 8 juin 2015.) Mais l'aspect "de communication", qui est autrement plus large que le seul domaine de l'information et qui contient ce domaine soit pour sa valeur directe (quelles nouvelles informations) que pour l'un ou l'autre de ses aspects indirects (pas d'informations nouvelles), est très intéressant dans le cas de cette interview.

En parlant de "communication", nous voulons parler de l'état d'esprit qui habite cette intervention, les observations psychologiques et psychopolitiques qu'on peut faire, les conclusions qu'on en peut tirer dans le sens le plus large. Ces observations concernant cet acte "de communication" concernent essentiellement Poutine lui-même, et complémentairement mais pas essentiellement la politique russe et ceux dont Poutine parle principalement (les Occidentaux du bloc BAO/du Système) ; par conséquent, elles concernent les situations psychologiques et politiques respectives par rapport à une situation générale que nous considérons hors du cadre politique habituel, que nous caractérisons par l'existence d'un Système, la présence de forces antiSystème, le processus d'effondrement de ce Système, la position qu'on peut occuper par rapport au Système... On a pu distinguer nombre d'aspects "de communication" utilisant ces mêmes outils et démarches dans d'autres interventions de Poutine (et d'autres éventuellement), mais nous jugeons que cette interview forme une bonne somme et, surtout, intervient à un moment où il est intéressant de tenter d'en rendre compte.

Par conséquent, en faisant "de la communication", nous allons bien au-delà d'un travail d'information qui nous paraît secondaire, et toujours de plus en plus secondaire dans une époque où l'information est devenue plus que subjective, où elle est devenue véritablement un objet et une matière manipulable presque physiquement, une matière molle et malléable à souhait, - et plus du tout le reflet de ce qui prétendrait être "la réalité". Il n'est plus possible aujourd'hui d'embrasser "la réalité" par l'information (ce qui pose d'ailleurs la question de savoir si cela fut jamais possible, si ce qui est étalé aujourd'hui comme l'impuissance de l'information devenue objet mou et malléable ne montre pas à ciel ouvert ce qui exista toujours, dissimulé) ; on doit procéder par la recherche de moments et d'occasions de distinguer ce que nous nommons des "vérités de situation", et qui ne s'obtiennent que par le phénomène de la communication qui demande nécessairement une interprétation et l'intervention de l'intuition. Ce faisant, d'ailleurs, nous ne faisons que confirmer ce que nous jugeons être, sans doute depuis 9/11, certainement depuis 2008-2010, une situation opérationnelle générale dominée par la toute-puissance du système de la communication.

Ces remarques, justifiant notre approche de l'interview de Poutine, valent évidemment comme une indication méthodologique générale. Elles sont très nécessaires dans le cas de cette interview parce que nombre des interventions de Poutine sont intéressantes en elles-mêmes pour notre propos, - et alors, la communication rencontre un domaine de l'information non négligeable, - alors que l'information considérée seule dans le cadre de l'interview ne l'est guère, jusqu'à sembler un rabâchage d'évidences ; c'est-à-dire, à l'image de la méthodologie évoquée plus haut, importance du domaine de la communication toujours, avec une quasi-absence au niveau de l'information. Il sera donc essentiellement, sinon exclusivement question de l'interprétation des propos de Poutine qui, au premier degré, n'ont guère d'intérêt du point de vue de l'information (il a fait infiniment mieux dans nombre de ces discours) mais qui acquièrent un sens lorsqu'ils sont placés dans un contexte et par ce qu'ils nous disent de la psychologie des uns et des autres, et par conséquent de la situation psychopolitique. Nous procéderons par points de remarque, selon l'intérêt que nous y trouvons pour notre analyse.

- L'accueil spontané de l'interview, au premier degré, le plus notable ici et là dans le bloc BAO au travers des "informations" données sur les sites de presse-Système, se résume par cette idée que "Poutine dit qu'il ne veut pas nous attaquer". Quelques exemples, pour une fois en français dans les divers titres ?
Voyez Le Figaro du 6 juin 2015 : « Poutine : "N'ayez pas peur de la Russie" » ; Paris-Match du 6 juin 2015 : « Poutine s'adresse aux occidentaux : "N'ayez pas peur de la Russie" » ; Le Vif-L'Express du 6 juin 2015 : « Poutine : "N'ayez pas peur de la Russie" » ; Les Échos du 6 juin 2015 : « Poutine veut rassurer les Occidentaux ») ; RTL (Belgique), le 6 juin 2015 : « Vers une 3ème guerre mondiale? Poutine a un message pour nous... »...
Ce cas paraîtrait surréaliste à un observateur neutre, compte tenu de la situation générale du monde, des jugements de raison, des besoins et des capacités, des risques, etc. , de prendre comme l'annonce essentielle de cette interview que la Russie ne veut pas attaquer l'"Ouest", cette civilisation américaniste-occidentaliste tant convoitée... Mais il est de fait que, sans aucun doute, c'est la pensée profonde qui domine les esprits des commentateurs dans la presse-Système, dans le bloc BAO ("pensée" ? "esprit" ? "commentateurs" ? Ces mots ont-ils leur place et ont-ils un sens ?). Au reste, les Russes le comprennent bien ainsi, si l'on se fie au titre de RT-français, sur l'interview de Poutine, exactement sur le même sujet, - mais cette fois en reprenant les termes avancés par Poutine, qui prennent en compte cette "crainte" américaniste-occidentaliste, mais en l'assortissant d'un jugement implicite sur l'équilibre mental de ceux qui l'éprouvent puisque "seul un fou pourrait croire que la Russie veut attaquer l'OTAN...". (RT, le 6 juin 2015 : « Vladimir Poutine : "La Russie ne pourrait attaquer l'OTAN que dans le rêve d'un fou" »). Voici le passage que RT consacre à cette idée extraite de l'interview, et qui fait l'entame de son texte de présentation de l'interview :
« Dans le quotidien italien, le président russe, a souligné que personne ne devrait prendre au sérieux l'hypothèse d'une "agression russe", dont l'Occident n'arrête pas de parler, étant donné que l'existence d'un conflit global dans le monde moderne est inimaginable. "Je crois que seul un fou, et seulement dans un rêve, peut imaginer que la Russie attaque soudainement l'OTAN. Il me semble que certains pays tirent simplement profit des craintes des gens par rapport à la Russie. Ils veulent juste jouer le rôle de pays aux avant-postes qui devraient recevoir certains équipements militaires supplémentaires, des aides économiques, financières autres", a fait remarquer Vladimir Poutine.

D'autre pays pourraient délibérément alimenter de telles craintes, a-t-il ajouté en expliquant qu'hypothétiquement les États-Unis pourraient avoir besoin d'une menace extérieure pour maintenir leur leadership au sein de la communauté atlantique. "L'Iran n'est évidemment pas assez dangereux ou assez grand pour ça", a noté le président russe non sans ironie. »
- Le reste du texte de RT reprend une sélection des principaux passages de l'interview, dans lesquels, répétons-le, n'apparaît aucune élément neuf, aucune information inédite. Poutine répète des évidences qui devraient être à l'esprit de chacun, mais s'il les répète c'est qu'elles ne sont pas dans l'esprit de chacun et d'ailleurs les journalistes du Corriere della Sera ont posé les questions dans ce sens, montrant qu'eux-mêmes n'avaient pas nécessairement ces évidences à l'esprit. Il s'agit bien entendu de l'essentiel de la situation du monde, caractérisée par le bellicisme, l'agressivité, l'expansionnisme constamment paroxystique de la politique-Système essentiellement opérationnalisée par les USA, mais soutenue avec un zèle qui n'est pas à négliger par de nombreux autres pays du bloc BAO, et également par l'institution de l'UE.
«... La politique militaire de la Russie n'est "ni globale, ni offensive, ni agressive", a ajouté le président russe, ajoutant que la Russie n'avait pratiquement pas de bases militaires à l'étranger et que les rares bases qui subsistent sont des vestiges de son passé soviétique. [...] En fait, la Russie a travaillé à la réduction de sa présence militaire globale tandis que Washington faisait le contraire. "Nous avons démantelé nos bases dans différentes régions, y compris Cuba, le Vietnam, etc.", a encore souligné le maître du Kremlin avant d'ajouter : "Je vous propose de publier dans votre quotidien une carte du monde et d'y répertorier toutes les bases américaines, vous verrez la différence".

Toujours est-il qu'il ne faudra que 17 minutes à un missile lancé depuis des sous-marins américains en alerte permanente au large des côtes norvégiennes pour atteindre Moscou, a précisé Vladimir Poutine tout en faisant remarquer qu'aucun média ne qualifie cela de menace. Les États-Unis effectuent sans arrêt des vols de bombardiers stratégiques le long des frontières russes depuis le temps de l'Union soviétique, tandis que la Russie a arrêté au début des années 1990 et ne les a repris que récemment.

Les États-Unis sont en train de déployer "des systèmes anti-missiles, des bases et des radars situés sur le territoire européen ou en mer", en dépit des avertissements répétés de la Russie sur le fait que cela met en péril la sécurité internationale. Il est révélateur de noter que ce sont les États-Unis qui ont choisi de se retirer du Traité ABM limitant les arsenaux de missiles anti-missiles balistiques, qui d'après Vladimir Poutine était "la pierre angulaire de tout le système de sécurité internationale". Et à propos de cette décision américaine, le chef de l'État russe a fait la réflexion suivante : "Quelqu'un s'attendait-il à ce que la Russie désarme unilatéralement ?"

Il a expliqué que Moscou avait essayé de dissuader les États-Unis de se retirer du traité et au lieu de ça de "créer un système ABM commun entre la Russie, les États-Unis et l'Europe". Cette proposition a été rejetée, et la Russie a dû commencer à développer un système de "défense antiballistique" pour garantir l'équilibre stratégique. D'après Vladimir Poutine, la Russie a même fait "des progrès significatifs dans ce domaine". "Tous ce que nous faisons n'est qu'une réponse aux menaces qui émergent contre nous. D'ailleurs, ce que nous faisons est limité quant à l'échelle et à la portée, mais cela reste quand-même suffisant pour assurer la sécurité de la Russie", a souligné Vladimir Poutine.

Reste que le président russe a déclaré qu'il considérait les États-Unis non pas comme un rival de la Russie, mais plutôt comme un partenaire concernant de nombreux problèmes mondiaux, tels que le terrorisme mondial, les crises du Moyen-Orient et le programme nucléaire de l'Iran. "Nous ne sommes pas seulement des partenaires ; je dirais que nous sommes des alliés sur les questions liées à la non-prolifération des armes de destruction massive. Nous sommes sans doute des alliés dans la lutte contre le terrorisme. Il y a aussi quelques autres domaines de collaboration..." »
On comprend la cohérence du discours de Poutine. Tout ce qu'il dit et répète sur le comportement américaniste-occidentaliste, des USA essentiellement, est absolument vrai, répertorié, prouvé, etc. C'est le cas notamment de la question des systèmes antimissiles (BMDE) sur lequel il s'étend longuement, montrant ainsi une préoccupation opérationnelle qui n'a jamais été cachée, qui a toujours été proclamée du côté russe, et qui est complètement justifiée. Nous ne sommes donc pas là pour examiner, évaluer, analyser ces affirmations qui, pour nous, n'apportent rien de nouveau. Nous sommes là pour tenter de définir un "effet de la communication" tel que nous l'avons ressenti à la lecture de ces comptes-rendus.

Position hors-Système et inconnaissance

Ainsi Poutine paraît-il, lors de cette interview, selon une évolution à la fois psychologique et de posture de communication involontaires, comme un peu détaché des sujets qu'il aborde. Il ne manque pas d'ironiser (les États-Unis ont-ils besoin d'une menace extérieure, - "L'Iran n'est évidemment pas assez dangereux ou assez grand pour ça", alors ce sera la Russie). Il aligne des évidences qu'il soutient d'une logique sans faille, sans faire d'efforts apparents. Il décrit un comportement incroyablement hostile et agressif (celui des USA/BAO) et, en même temps, parle de "nos partenaires" (les mêmes) qui peuvent être "des alliés" dans certaines circonstances et sur certains grands dossiers. Quant à la guerre générale, la "Grande dernière", il la balaie d'un revers de la main en la confinant dans le domaine d'une sorte de "stratégie de la folie".

Il donne de cette façon, à la fois une impression de gravité (lorsqu'il décrit les évènements, les comportements) et une certaine impression de légèreté, dans le bon sens du mot. Il possède d'ailleurs une impressionnante panoplie d'expressions "professionnelles" (justement) venues notamment de sa culture d'officier du renseignement, qui ont la capacité, en décrivant un acte du strict point de vue factuel, de dédramatiser cet acte tout en suggérant sa véritable signification ; ainsi décrit-il le processus de l'ingérence, sinon de l'interférence de l'UE puis des USA, conduisant au coup d'État de février 2014 Kiev, avec le désordre qui s'en est suivi, selon le constat que «[la] crise en Ukraine a été provoquée par les "démarches non professionnelles" de la part de l'Occident, qui a perdu le contrôle de la situation dans le pays...» (voir ce 8 juin 2015). L'expression de "démarche non-professionnelle", qui sent tout le poids de la rigueur de l'analyste de renseignement, a aussi l'avantage d'écarter l'émotion et la passion qui marquent très profondément cette crise ukrainienne, et qui caractérisent les réactions des uns et des autres. On parlera du "regard glacé" de l'analyste, ce qui n'est pas une mauvaise chose, tout en notant qu'il y a un peu de place pour de l'ironie lorsqu'on ressent le jugement du professionnel sur la forme et les effets de l'opération.

Mais tout cela produit à notre sens un effet plus important, qui est effectivement le résultat du phénomène "de la communication", mélangeant la perception, le jeu des attitudes et des psychologies, l'intuition, etc. On pourrait alors dire que Poutine semble se détacher du drame qu'il décrit et où il est nécessairement partie prenante, qui n'est un drame que dans la mesure certes essentielle où il s'inscrit dans les relations de la Russie avec le bloc BAO, c'est-à-dire avec le Système. Sur les réalités opérationnelles de ce "drame", il montre justement cette attitude détachée. Un article du journal allemand Die Zeit, synthétisé par Sputnik-français du 5 juin 2015, écrit, à propos du G-7 qui n'est plus G-8 parce que le mauvais élève Poutine est puni, quelque chose qui pourrait se résumer comme ceci : "Poutine s'en fout" ... Le premier paragraphe de l'article de Sputnik-français nous importe plus que le reste, où l'on rappelle les faits rationnels justifiant d'une façon classique l'attitude de Poutine, parce qu'il n'est pas du tout isolé, parce qu'il trouve de meilleurs partenaires ailleurs, etc...
« Le rapprochement avec le monde occidental ne constitue plus la valeur absolue pour la Russie aujourd'hui, écrit le journal Die Zeit au sujet de la non-participation de Vladimir Poutine au sommet du G7. "Le président russe aura-t-il le cœur gros dimanche prochain au Kremlin en raison de la rencontre des dirigeants du G7 dans le château d'Elmau sans la partie russe? C'est peu probable. Les jours où le président russe s'efforçait de se tenir aux côtés de ses homologues occidentaux sont irrémédiablement derrière nous", écrit Die Zeit. Selon le journal, Moscou est déçu par l'Europe et les États-Unis, qui ont manifesté à son encontre hypocrisie et indécision...»
Il ne nous importe nullement ici d'agiter ou de brandir ces lieux communs tels que le non-isolement de la Russie, sa collaboration effrénée avec la Chine, l'accélération de l'OCS, des BRICS, etc., , qu'on prend encore la peine de mentionner sinon de démontrer devant les dirigeants-Système des pays du bloc BAO. Aucune réelle importance, aucune efficacité à attendre, pour ces gens qui jouent avec entrain aux "Singes de la sagesse", ou aux "Trois Petits Singes", (« "Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire". À celui qui suit cette maxime, il n'arrivera que du bien », - puisque cette soi-disant "sagesse" des "Trois Petits Singes" du bloc BAO ne peut être en réalité que le produit pavlovien de la politique-Système et du déterminisme-narrativiste dont ils sont les prisonniers). Ce qui importe, dans la citation que nous avons faite, c'est la posture, l'évolution psychologique de la Russie, et de Poutine par conséquent, qu'il montre et affiche de plus en plus ... En un sens, on dira que le président russe a perdu tout ce qu'il pouvait avoir d'attirance, voire de fascination pour ce bloc qui semblait triomphant et conquérant quand il accéda pour la première fois à la fonction qu'il occupe aujourd'hui. Il y a une évolution psychologique, des raisons objectives, politiques, stratégiques et économiques, - mais nous voulons mettre en évidence ce qui est le cœur de notre argument, - savoir, que le résultat dépasse la politique, la stratégie, l'économie, et tous les arrangements que la Russie est en train d'établir.

Dans cet affrontement, certes la Russie n'est évidemment pas seule ni isolée ; mais d'un autre point de vue qui est essentiellement celui "de la communication", à cause des narrative développées et selon l'approche que nous favorisons qui est type métahistorique, tout se passe comme si la Russie était seule face au bloc BAO et que c'est à partir de cette situation, de communication également et surtout pour notre propos, que Poutine a radicalement modifié son attitude. Tout en soutenant aisément l'affrontement et en prenant les dispositions qu'il faut (alliance avec la Chine, OCS, BRICS, etc.), Poutine s'est radicalement éloigné des domaines classiques pour s'installer dans une position antiSystème qu'il fonde sur une sorte d' l'inconnaissance opérationnelle.
Il s'agit, dans ce cas, d'une sorte de refus de tenir compte de certains faits qu'il connaît, qui forceraient à des positions d'engagement, pour choisir plutôt de s'installer dans une position hors-Système et d'observer l'adversaire, - le Système, - et de suivre et de constater son évolution. Poutine distingue de plus en plus le Système comme il est, comme une masse monstrueuse qui s'agite sur elle-même, qui gronde furieusement, qui proclame ses narrative, et qui tourne de plus en plus vite dans une sorte de tourbillon formant un trou noir où sa surpuissance ne trouve plus comme affrontement à mener que cette dynamique qui transforme la surpuissance en autodestruction.
Rationnellement, si l'on veut employer ce mot étrange en la circonstance, et posant à nouveau les pieds sur terre pour en revenir aux évènements courants, on peut suggérer que Poutine doit désormais penser qu'il n'y a rien à faire avec ces gens-là. Au sommet du pompeux G-7, ils viennent à nouveau de proclamer du fond de leur grande sagesse des "Trois Petits Singes" que tant que l'accord de Minsk ne sera pas complètement appliqué, les sanctions se poursuivront, - ditto, disent Merkel-Obama, ôtant leurs entonnoirs pour pouvoir mieux dodeliner du chef, "tant que Kiev violera le cessez-le-feu, les sanctions contre Moscou resteront en place et même seront renforcées", - CQEID, pour '"Ce Qu'il Est Inutile de Démontrer"... Poutine a raison de se trouver là où il est, en position hors-Système qui est une attitude "de communication" dans le sens le plus haut, hors de toute considération politique qu'il réserve à ses activités courantes : c'est de là qu'on distingue le mieux la cour de récréation de l'hôpital psychiatrique ... Cette fois, elle se trouvait, cette cour de récréation, dans un superbe château de Bavière, par un temps radieux. Dieu pardonne aux fous qui ne se donnent même plus la peine de dissimuler qu'ils le sont. Grande est sa miséricorde.